JEU TROUBLE DANS L'EAST AFRICA COMMUNITY

Burundi news, le 07/07/2013

Par Gratien Rukindikiza

L'Union Africaine encourage les regroupements régionaux pour amorcer l'émergence de l'Afrique. Des ensembles régionaux ont vu le jour. Certains ont atteint un niveau très crucial notamment avec la mise en place d'un parlement commun, l'ouverture des frontières, l'évolution vers une monnaie unique, une cour commune de justice etc.... C'est le cas de l'East Africa Community. Les cinq pays de cette communauté EAC qui sont le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont stabilisé leurs relations.

Quand la Tanzanie rompt le silence

Le Président tanzanien Kikwete a surpris ses homologues rwandais et ougandais en leur demandant de négocier avec les leurs rebelles respectifs à savoir le FDLR et  l'ADF. Le Rwanda considère que le FDLR est l'émanation des hutu rwandais qui ont commis le génocide et refuse tout dialogue. Ces rebelles rwandais sont basés en RDC et se déplacent de temps en temps au Burundi et en Tanzanie selon des observateurs. Le Président rwandais a préféré ignorer le Président tanzanien et a refusé le débat sur ce point. Et d'ailleurs comme le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni.

Les rebelles ougandais sont inscrits sur la liste des mouvements à combattre par les Américains. Des commandos spéciaux américains sont en Ouganda pour retrouver Joseph Koni, chef des rebelles ougandais. Une récompense de 5 millions de dollars  a été promise par les Américains pour quiconque permettra de le retrouver. Les rebelles ougandais sèment la pagaille en RDC, en République centrafricaine aussi. En demandant à négocier avec ses rebelles, le Président Kikwete a oublié que Koni est recherché par la Cour Pénale Internationale.

Les deux pays visés ont même demandé des excuses de la part du Président tanzanien.

Le Président Kikwete et la lutte du leadership de la sous- région

La sous- région avait entériner l'influence du Président ougandais Museveni, qui était devenu le Président de l'Initiative régionale dans plusieurs conflits. L'Ouganda a envoyé le gros du contingent en Somalie dans l'AMISOM. C'est un pays qui occupe une position stratégique par rapport à la RDC. Museveni n'attend pas se faire disputer le leadership de la sous-région. Il a renoué les bonnes relations avec le Président rwandais Kagame qu'il considère comme son fils spirituel. Il dirige les négociations entre le pouvoir congolais et le M23. Museveni profite aussi du profil bas adopté par le Kenya après les massacres entre les Kikuyu et les Kalenji lors des élections présidentielles de 2007. Le Président kenyan actuel Uhuru Kenyatta se trouve dans un imbroglio judiciaire avec la CPI. Le Président burundais n'est pas sur la liste des prétendants au leadership d'autant plus qu'il refuse même de prendre la présidence de l'East Africa.

Le Président Kikwete n'a pas encore dit son dernier mot. Il vient successivement de recevoir les Présidents chinois et américain. Ce n'est pas le niveau de la démocratie qui a conditionné ces visites mais le niveau de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous- sol tanzanien. Ces deux visites des grands de ce monde n'ajoutent pas un grade pour le leadership dans une région où le silence est la règle.

La Tanzanie vient d'envoyer une unité combattante en RDC au Kivu pour une mission de combat sous le sigle de l'ONU. Avec l'Afrique du Sud et le Malawi, la Tanzanie accepte la mission de combattre le M23 qui est en négociation en Ouganda et qui serait soutenu par le Rwanda. Le matériel militaire destiné à cette force d'intervention rapide serait bloqué au Rwanda.

La Tanzanie était stable politiquement jusque ces derniers mois. Les Rwandais et Ougandais pourraient demander au Président Kikwete de négocier aussi avec les islamistes indépendantistes de Zanzibar. Un attentant a touché le secteur touristique ces derniers jours.

Sommet de Kampala sans les Présidents tanzanien et burundais

Les Présidents ougandais, rwandais et kenyans étaient à Kampala pour une rencontre qui semblait concerner la communauté de l'EAC. Les Présidents tanzanien et burundais n'y étaient pas. On soutient au Burundi qu'il s'agissait d'une réunion des 3 chefs d'Etat uniquement. Espérons que ça soit vrai. Si ce n'est pas le cas, le message transmis par le Président tanzanien serait une rupture et aussi une façon d'éviter d'être confronté aux Présidents Museveni et Kagame. L'autre message serait l'alignement du Président burundais derrière le Président tanzanien Kikwete. La région est pleine de rebondissements. Les rapports de force oscillent. Une mauvaise analyse au niveau des alliances est vite arrivée.

La communauté de l'East Africa va souffrir de cette lutte de leadership et aussi un manque de vision à long terme pour construire une nouvelle zone de prospérité et de paix. Les zones d'ombres, les jeux troubles ne feront que compromettre les efforts des peuples de la communauté.