Burundi news, le 16/06/2013

 

 

 

 

Burundi : un journaliste porté disparu, aux mains des Renseignements

RFI, 15 juin 2013

Nouvelle arrestation d'un journaliste au Burundi

Au Burundi, on ne l’a appris que ce vendredi 14 juin : un journaliste de la radio-télévision publique, porté disparu depuis jeudi après-midi, a été arrêté par le Service national de renseignement (SNR), qui refuse de s’exprimer officiellement sur le sujet.

Ce qui inquiète particulièrement les journalistes du Burundi, car moins de dix jours après la promulgation d’une loi qu’ils qualifient de liberticide, deux de leurs collègues avaient déjà été convoqués par la justice.

Le journaliste Lucien Rukevya a quitté le siège de la radiotélévision nationale du Burundi jeudi vers 16 h, et à ce moment, il ne paraissait pas du tout soucieux, assurent ses collègues.

Mais ni sa famille, ne ses amis ne l’ont plus revu à partir de ce moment. Ce n’est qu’hier vers midi que l’Union Burundaise des Journalistes (UBJ) a appris, après de longues heures d’enquête, qu’il était aux mains du Service national de renseignement, ce qui n’a pas plus rassuré le président de l’UBJ, Alexandre Niyungeko, « nous sommes très inquiets par la situation dans laquelle se trouve notre confrère. On apprend qu’on est en train de le poursuivre pour collaboration avec le M23, la rébellion à l’est de la République démocratique du Congo. Mais je dirais qu’officiellement, ils n’ont pas encore communiqué les raisons pour lesquelles ils détiennent notre confrère ».

Rien n'a filtré

Selon des sources recueillies par RFI, le journaliste a été arrêté en compagnie d’un professeur d’université et de deux Congolais rwandophones. Que s’est-il passé exactement ? Personne ne le sait pour le moment car le journaliste est gardé au secret et rien de précis n’a filtré des services secrets burundais.

Le syndicat des journalistes, qui craint ce qui pourrait arriver à Lucien Rukevya dans les cachots du SNR, exige un accès au prisonnier pour sa famille, ses collègues et surtout pour son avocat, comme le prévoit le code de procédure pénale du pays.

 

 

 

Journaliste arrêté au Burundi : les explications des services de sécurité ne rassurent pas

 

Au Burundi, les services secrets ont été obligés de s’expliquer hier, après la découverte par le syndicat des journalistes qu’un de leur collègue de la radiotélévision officielle, porté disparu depuis jeudi, se trouvait en réalité entre les mains du Service national de renseignement (SNR). Il accuse le journaliste d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Pas de quoi rassurer l’Union burundaise des journalistes (UBJ) , lorsque l'on songe à la réputation sulfureuse de ce service.

Le service national de renseignement est finalement sorti de son silence, au troisième jour de la détention de Lucien Rukevya.

Le porte-parole du SNR, Télésphore Bigirimana, a confirmé à RFI que le journaliste burundais avait été arrêté en compagnie de trois autres personnes : Ignace Bankamwamo, professeur d’université et ancien ministre, cet homme approche plutôt les 70 ans, et, surtout, deux Congolais rwandophones présentés par les services secrets burundais comme des membres de la rébellion congolaise du M23. L’un d’eux, Shaka Jean-Marie Muhoza, serait colonel au sein de ce mouvement actif dans le Nord-Kivu en RDC.

Documents compromettants

Selon toujours le service de renseignement du Burundi, ils ont été arrêtés en possession de documents compromettants et sont tous accusés d’« atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ».

Mais toutes ces explications n’ont pas réussi à calmer l’inquiétude de l’UBJ. Son président, Alexandre Niyungeko, continue d’exiger que le journaliste soit entendu en présence de son avocat.

« Nous sommes d’autant plus inquiets », insiste le leader syndical, « que des détenus ont souvent été torturé dans les cachots des services secrets burundais, parfois jusqu’à la mort ».