LE DERNIER GRIOT NOMME KABUTO DE RADJABU VIENT D’ EPUISER SES MUNITIONS

 Burundi news, le 21 janvier 2007

Par Gratien Rukindikiza

L’arrogance, l’absence de dialogue et le mépris des autres sont les éléments décisifs de la chute d’un pouvoir personnel. Certains assimilent difficilement les leçons de l’histoire. Le pouvoir n’est pas éternel. Celui qui était l’homme fort d’un moment peut se retrouver seul et isolé. Les téléspectateurs ont vu comment Sadam Hussein a été sorti d’un trou où il se cachait, abandonné par tout le monde.

Au Burundi, Radjabu, l’homme qui avait le pouvoir de décider des nominations, des attributions des marchés, bref de tout au Burundi depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, est rattrapé par son arrogance. Ses soutiens lui font défaut maintenant à commencer par le Président de la République qui a donné le feu vert à sa destitution et refuse de le prendre au téléphone. Les généraux sont devenus son grand cauchemar. Ils sont à la base de son départ. Les militants lui tournent le dos. Il ne lui reste que très peu de gens qui pensent que sans lui, ils ne pourront pas résister à  cette volonté de changement. Il lui reste un griot qui n’a pas compris qu’un vent de changement a soufflé sur le Burundi et au sein du CNDD-FDD aussi. Kabuto est le dernier soldat qui tire ses munitions à partir d’une position vide.

Tous ceux qui écrivaient pour défendre Radjabu ont plié bagages pour ne pas se ridiculiser.

Pourquoi Kabuto s’accroche-t-il ?

Notre éternel étudiant en Hollande qui a raté une place de ministre promise par les proches de  Radjabu ne tolère pas que ceux qui sont accusés de l’avoir privé de ce poste dirige le parti. Il a accusé Gervais Rufyikiri, président du Sénat et a évoqué des histoires d’en dessous de la ceinture, indignes d’un homme bien éduqué. Il rêve de récupérer un des postes de ceux qui ont contesté Radjabu en misant sur la victoire de celui-ci sur Manassé et les autres.

Notre griot fait d’une pierre deux coups. Il a rencontré Radjabu à Bruxelles pour parler d’un marché, la plume contre les billets. Il a accepté d’écrire des textes dictés par Radjabu qu’il transforme avec son style sans se soucier du fond moyennant quelques sous. Après tout, c’est un boulot pour un étudiant, sauf que c’est un travail au noir. Kabuto n’entend rien, il ne voit rien, il est obligé de défendre quelque soit le prix. Comme on le dit, un contrat c’est un contrat, il faut le respecter.

Radjabu n’est pas bien servi car son serviteur n’est pas convaincant. A force de dire que c’est le meilleur, le seul  bouclier du parti, il finit par le détruire. Il va jusqu’à contester l’opinion et même la volonté de 90% des militants congressistes qui veulent chasser Radjabu de la tête du parti. Il s’en prend pêle-mêle à tout le monde, les Hima y passent, les intellectuels du CNDD-FDD et  les militants du CNDD-FDD. La globalisation tant dénoncée revient. En accusant le clan des Hima, Kabuto montre bien que son extrémisme le guide et qu’il a du mal à le cacher. Est-ce que tous les Hima ont cassé l’élan révolutionnaire de Rwagasore ? Sont-ils au moins des Hima qui l’ont  cassé ou des Burundais qui ne peuvent que répondre en leurs noms ? Peut-être que Kabuto va nous expliquer qu’il a tué en 1972, en 1993 si quelques hutu ont tué les tutsi ou si quelques tutsi ont tué les hutu. Or, il avait trois ans en 1972.  La globalisation est une maladie que les Burundais devraient éviter car nous connaissons ses conséquences.   

Kabuto ne peut pas accepter que les faux putschistes soient libérés et blanchis par la justice. Il accable de tous les maux l’ancien Président Ndayizeye. Je me demande si Kabuto serait content si on disait de lui qu’il mange comme une vache. Pourtant, c’est ce qu’il dit de l’ancien Président Ndayizeye. De ses écrits, il ressort que Monsieur Kabuto a raté une certaine période de sa vie, celle d’avoir une bonne éducation et un respect des autres selon la culture burundaise.

 Quant à l’enrichissement personnel, je suis convaincu que Ndayizeye n’a pas réuni autant d’argent que Radjabu même si le premier était Président de la République et  le deuxième n’est qu’un député en dehors de la direction de son parti.

Les fidèles de Kim Il Sung n’avaient pas fait autant. On se croirait à une autre époque ! Kabuto a une lourde tâche. Voici ce qu’il écrit de Radjabu :

« Hussein Radjabu, un chêne qu’il faut sauvegarder.

Depuis le maquis donc, Hussein Radjabu est resté sans complexe et sans trouille. Il ne mâche pas ses mots, ne recule pas devant les dangers ni ne tremble devant les menaces. Il a, comme d’ailleurs le président Pierre Nkurunziza, horreur des courbettes et du verbiage. Et son engagement est très payant pour le parti et pour la nation. C’est l’homme qui a permis à la lutte politico-militaire de ne pas se terminer en queue de poisson. Militant et combattant de première heure, Hussein Radjabu est la mémoire vivante de la lutte armée et des épreuves dramatiques qu’a traversées la lutte populaire contre le népotisme et le fascisme du clan Hima. »

Ce n’est pas à moi de juger l’engagement de Radjabu dans la rébellion, de ses exploits ou pas. Je ne fais que remarquer que je ne savais pas, comme beaucoup des Burundais, que le CNDD-FDD dirigé par Radjabu luttait contre le clan Hima. Il me semble que le CNDD-FDD a commencé sa lutte au moment où Ntibantunganya était Président et qu’il a continué à se battre du temps de l’ancien Président Ndayizeye. Ils ne sont pas des Hima.  A-t-il une obsession contre les Hima ?                   Qui sont déjà les Hima ? Kabuto est incapable de répondre à la question. Il doit confondre les Hima et les Burundais des provinces du Sud. Tous ceux qui étaient au pouvoir avec Buyoya n’étaient pas des Hima et il existe aussi des Hima en dehors des provinces du sud. Si réellement ceux qui reçoivent les louanges de Kabuto sont contents de ses écrits, mea culpa, on s’est trompé dès le départ.

Pour Kabuto, Radjabu va sauter en raison des écrits sur des sites et des éditoriaux de la radio RPA . Le lynchage médiatique serait à la base  des 90 % des signatures réclamant un changement au CNDD-FDD. Franchement, nous avons finalement un pouvoir ! Il reconnaît alors l’importance des médias. Si l’oncle et le neveu arrivent à influencer des militants du grand parti du Burundi pour changer sa direction, les militants de ce parti devraient se poser des questions.

Les intellectuels du CNDD-FDD ont le tort d’avoir fait les études ! Kabuto les traite de bande d’intellectuels qui mettent les bâtons dans les roues de son protégé Radjabu. Ils sont aussi responsables des malheurs de Radjabu selon Kabuto.

Le célibataire endurci Kabuto est devenu le spécialiste des ménages. Celui qui n’a pas pu se marier rêve de casser d’autres ménages par ses écrits dictés par des manipulateurs. Le ménage d’Alexis Sinduhije intéresse Kabuto  particulièrement depuis que Radjabu lui a raconté des ragots. Il ferait mieux de se taire car la famille n’est pas son domaine. S’il veut des histoires d’en dessous de la ceinture, il en trouvera beaucoup chez ceux qu’il défend et les lecteurs pourront se régaler. De mon côté, c’est une pure bassesse de parler d’une famille qui vit tranquillement. Kabuto peut critiquer Sinduhije, mais critiquer sa famille ressort de son manque d’éducation.

Kabuto vient d’épuiser ses munitions après avoir tiré sur tout ce qui bouge, les intellectuels du CNDD-FDD, les Hima, les médias, les militants du CNDD-FDD. Il a tiré sur ordre de son lieutenant Radjabu. Quelques soient les tractations de Radjabu, son départ est devenu une réalité. La machine ne peut pas s’arrêter. Ce n’est pas à lui de pardonner les signataires de la pétition.