PASCALINE KAMPAYANO, CANDIDATE DE L'UPD AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 28/03/2010

Le paysage politique  burundais a été fortement renouvelé. Les nouveaux partis politiques sont partis en force et dépassent en ampleur les anciens. Les trois anciens partis à savoir l'Uprona, le Frodebu et le CNDD-FDD se retrouvent face au dynamisme et à une présence accrue sur le terrain des nouveaux  partis politiques comme le FNL, l'UPD et le MSD.

Ces nouveaux partis apportent de la fraicheur et ont permis à beaucoup de Burundais de se retrouver dans un parti politique. Beaucoup d'indécis ont adhéré et on voit aujourd'hui la politisation très importante des Burundais.

L'UPD a poussé le parti au pouvoir à se poser des questions, à douter même de la fidélité de ses militants. Ce parti a incité les milieux musulmans à s'intégrer dans la politique plutôt que de se considérer à l'écart alors qu'ils avaient été les militants de la première heure de l'indépendance.

Le MSD vient de lancer un pavé dans la marre en organisant des primaires pour désigner les candidats aux élections communales, législatives et présidentielles. L'effectif de plus de 900 000 votants est n'est pas inventé. Les services de renseignement ont signalé 450 000 à 500 000 votants, le ministère de l'intérieur a signalé 500 000 à 600 000 votants. Certaines communes comme Mpanda (66 % de tous les inscrits sur les listes électorales), Busoni en province de Kirundo (55 %), ont voté à plus de 50 %. Tous les votants ne sont pas des militants du MSD. Mais cette façon de pratiquer la démocratie embarrasse le parti au pouvoir qui doit même désigner les candidats à tous les niveaux. Les représentants communaux du CNDD-FDD ont été avertis. Les désignations communales seront corrigées par la permanence du parti au niveau national.

Pascaline Kampayano, une femme courageuse et déterminée sera la candidate de l'UPD

Pascaline Kampayano est très connue des militants du CNDD-FDD. Pour les autres Burundais, elle n'est pas très connue car elle a joué un rôle capital discret pendant la rébellion. Elle a mené une diplomatie parallèle à celle officielle du CNDD-FDD. Elle était et reste une fidèle parmi les fidèles de l'ancien président du CNDD-FDD Radjabu. Elle a représenté le parti CNDD-FDD à Kinshasa.

S'il y a une personne qui a joué un grand rôle dans la recherche des fonds à l'étranger pour le CNDD-FDD, c'est bien Kampayano.

Aujourd'hui, elle rentre d'un exil au Congo. Elle est partie quand elle a été rayée de la liste des députés le plus illégalement du monde et aussi après des séries de menaces et tentatives d'élimination. Elle a beaucoup combattu la décision du Parlement burundais de remplacement des députés anciens CNDD-FDD qui n'acceptaient plus le diktat du pouvoir. Elle est intervenue plusieurs fois  auprès de l'Union Interparlementaire.

Kampayano est la deuxième femme candidate aux élections présidentielles. Sa candidature intervient après la première candidature d'une femme à savoir  Alice Nzomukunda. C'est aussi une femme très courageuse et qui a quitté le CNDD-FDD.

L'UPD pourra-t-il gagner?

Quelque soit l'importance des partis politiques burundais, aucun parti ne pourra avoir la majorité seul. Certains partis arriveront facilement à plus de 10 % des voix notamment le FNL, le MSD, l'UPD, le CNDD-FDD, le Frodebu et l'UPRONA. Le CNDD de Nyangoma pourra aussi avoir les 10 %. Si les six partis obtiennent chacun 10 % de voix minimum, cela veut dire que certains peuvent avoir plus. Mathématiquement, le partis qui aura le plus de voix ne pourra pas dépasser 35 %. Parmi ces partis, aucun ne pourra accepter une alliance avec le CNDD-FDD. Concrètement, le CNDD-FDD en perte de vitesse, manquera aussi de réserve de voix; d'où son échec. Cela explique le départ discret des militants du CNDD-FDD qui va s'accentuer après l'éntrée en campagne du Président Nkurunziza.

L'UPD n'est pas le premier parti car c'est un parti qui n'est pas présent dans certaines provinces au niveau des paysans. La victoire d'un parti politique passera nécessairement par une alliance. Le jeu de l'UPD n'est pas très clair. Plusieurs documents signés par les partis politiques de l'opposition ne comportent pas la signature de l'UPD. Si l'UPD a l'intime conviction qu'il pourra gagner seul, il se trompe. Il a alors intérêt à collaborer avec les autres partis politiques.

L'UPD a aussi l'héritage de Hussein Radjabu. Ce n'est qu'un secret de Polichinelle que l'UPD est un parti de Radjabu même s'il est en prison. En grand stratège, Radjabu a façonné l'UPD et l'a hissé au rang des partis incontournables.

Radjabu reste membre du CNDD-FDD. Ce n'est que récemment qu'il a été rayé de la liste des membres du conseil des sages du CNDD-FDD, considéré comme une machine à casser des prétendants au pouvoir du CNDD-FDD, concurrents du Président Nkurunziza. Radjabu devra aussi expliquer aux Burundais son rôle dans certains dossiers. Si ce n'est pas l'intéressé qui le fait, le passif pourra handicaper la campagne de Pascaline Kampayano.