LES DESSOUS D'ARRESTATION AU CONGO DU CAPORAL KIWI
Burundi news, le 05/10/2012
Par Gratien Rukindikiza
Même si la politique est l'art de mentir, il y a mensonge et mensonge. Ces derniers jours, le pouvoir de Bujumbura en mal d'initiatives positives cherche des occasions pour remonter des dossiers. Le dossier de l'assassinat de l'ancien Président Ndadaye semble les préoccuper aujourd'hui, après sept ans de pouvoir. Des émissaires demandent partout des informations liées à cet assassinat du Président Ndadaye. Cependant, la façon de poser les questions est très indicative sur les gens à accuser. Pourquoi ce regain d'intérêt?
Les assassins du Président Ndadaye ont bénéficié de la clémence du pouvoir
A l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, la première mesure a été de libérer les prisonniers. Les assassins du Président Ndadaye ont été les premiers à être libérés. Le dossier était clos complètement d'autant plus que ceux qui ont été jugés par la justice ont été libérés par le Président. Des actes de rapprochement ont été observés allant jusqu'à des donations des vaches entre certains hauts placés, signe d'amitié.
Le CNDD-FDD et d'ailleurs le FRODEBU n'ont jamais jugé nécessaire de rouvrir le dossier de l'assassinat du Président Ndadaye. Faire sortir de prison des militaires comme Kiwi était un signe d'oubli du dossier d'autant plus que le caporal Kiwi avait étranglé le Président Ndadaye.
Le caporal Kiwi devenu capitaine au Congo
Après la libération du caporal Kiwi, il est resté dans la ville de Bujumbura sans obtenir du travail. C'est ainsi qu'il a décidé de rejoindre le Congo, plus précisément dans le CNDP de Nkunda. Après le brassage des anciens rebelles dans l'armée du Congo, Kiwi est devenu officier de l'armée congolaise avec le grade de capitaine. Kiwi n'a pas voulu rejoindre la rébellion M23. Par ailleurs, il n'avait aucun différend avec le Burundi parce qu'il avait été libéré officiellement.
Le rapatriement de Kiwi au Burundi par force et les dessous
Ces derniers jours, le CNDD-FDD qui était rassembleur au niveau ethnique est en train de virer à l'ethnisme. Certains langages prennent le dessus surtout quand il s'agit de parler des tutsi. Un phénomène très étonnant et qui risque d'avoir des fâcheuses conséquences.
Kiwi est devenu intéressant pour le pouvoir de Nkurunziza. Les services de renseignement burundais savaient où il était d'autant plus qu'il ne se cachait pas. Il fallait avoir Kiwi pour ressortir le dossier Ndadaye, non pas dans le but d'un jugement, mais de préparer 2015 en mobilisant les hutu autour de Nkurunziza à n'importe quel prix. Des arrestations sont en cours de préparation pour montrer que ce pouvoir ne lésine pas sur les moyens quand il s' agit de montrer ses muscles le "leadership hutu" est en jeu. Dans certains médias proches du pouvoir, il est sous entendu que certains hutu agissent en contradiction avec le pouvoir car ils sont mal influencés par les tutsi.
Le caporal Kiwi se trouve à la Documentation où il est interrogé. Signalons que Kiwi a été arrêté par officiers généraux congolais payés par le Burundi. Contrairement à ce qui est dit ici et là, il n'était pas en train de rejoindre le M23. Le fait de payer des millions aux généraux congolais travaillant au Kivu pour l'arrestation de Kiwi libéré par le même pouvoir témoigne de ces dessous de ce pouvoir. Un procès mal fait et vite fait sera organisé pour tenter de satisfaire à certains en vue de "s'approprier" les voix des hutu.
Certains signes montrent bien qu'il y a une volonté manifeste d'ethnisation de la société burundaise. heureusement que le peuple burundais résiste. La nomination à la tête de la Commission nationale des Terres et autres biens de Mgr Sérapion a été perçue comme une maladresse confirmant le virage ethnique du pouvoir. Ses actions sont dans le sens contraire de la réconciliation. L'ancien président de la CNTB était très estimé et avait pu régler beaucoup de conflits de terre dans la transparence.
Les préparatifs de la jeunesse Imbonerakure ne sont pas de bonne augure. Ils inquiètent non seulement les tutsi mais aussi les hutu qui ne sont pas du parti au pouvoir.
Tous ces éléments sont de nature à provoquer la peur chez les uns, la revanche chez les autres et aussi la haine. Le tout pour préparer les élections de 2015 avec un parti unique devenu ethnisant. L'Uprona est sous la coupe du CNDD-FDD. Et d'ailleurs, le coma de ce parti a été déjà annoncé.
Le petit peuple réclame la paix. Les luttes politiques, les revanches ethniques ne sont pas leurs souhaits. La réconciliation et la justice indépendante contribueront à sauver le Burundi, un Burundi unitaire, un seul peuple, un peuple burundais.