Nous publions un texte de The Leadership Institute

Quelques réflexions sur l’actualité au Burundi.

 

Nous voudrions faire quelques commentaires sur l’actualité de ces derniers jours au Burundi.

 

La création du MSD : Alexis Sinduhije, en créant le MSD, vient d’entrer officiellement dans l’arène politique car pour y être, il y était déjà. Nous pensons que la scène politique burundaise doit être ouverte à toutes les bonnes volontés et Alexis Sinduhije ne manquera sûrement pas de contribuer d’une manière ou d’une autre à la démocratie au Burundi. Sa contribution à l’avènement de la liberté de la presse au Burundi est éloquente en soi. Il faut espérer que la politique au grand jour lui permettra de garder les pieds sur terre et surtout de rester cohérent avec les valeurs qu’il a défendues dans le passé. Tel est le défi pour lequel ses admirateurs ou ses détracteurs vont le juger. Courage Monsieur Sinduhije Alexis.

 

Le nouveau blocage au Parlement : Décidément, au Burundi, le Président bat tous les records de mauvaise gouvernance. L’Exécutif burundais est redevable devant le peuple et partant devant le Parlement. Comment peut-il refuser d’écouter et de répondre aux élus du peuple sur une question d’intérêt national comme le processus de paix avec le PALIPEHUTU – FNL. C’est vraiment se défiler devant ses responsabilités. Il n’est pas obligé de partager l’approche du Parlement mais il doit plutôt comprendre que le Parlement a des réserves sur l’approche du gouvernement dans le processus de paix. Dans ces conditions, c’est un devoir pour lui de convaincre et de rassurer les parlementaires. C’est dans ce cadre qu’il doit prendre cette question au lieu de se braquer et de jouer son jeu favori de fuite devant ses responsabilités. Les affaires de l’Etat ne concernent pas que lui. Même la société civile a le droit d’avoir son opinion et de demander au gouvernement d’en prendre compte. Monsieur Jérémie NGENDAKUMANA ne devrait pas crier haut et fort que la question du processus de paix est une prérogative présidentielle. En fin de compte, on dira que la question du maintien du Burundi dans la guerre est aussi une initiative présidentielle. It is really poor and bankrupt leadership.

 


 

La nomination ratée de Monsieur Jean Marie RURIMIRIJE à la mairie de Bujumbura : C’est dommage que la nomination d’un homme d’affaires à un poste politique au Burundi rencontre l’opposition des sénateurs burundais. Connaissant l’approche pragmatique et rationnelle de tout opérateur privé, nous pensons qu’il aurait été intéressant pour la Ville de Bujumbura d’avoir Jean Marie RURIMIRIJE comme Maire de la Ville. Dans tous les cas, une approche différente dans la gestion de la municipalité aurait vu le jour avec cet homme d’affaires, contrairement à certains gestionnaires de la municipalité que nous avons connus. Dommage pour la Ville de Bujumbura et pour Monsieur RURIMIRIJE.

 

La tournée de NKURUNZIZA dans le Nord du pays : Nous sommes vraiment choqués quand nous lisons les écrits des scribes du Président NKURUNZIZA que sont Jean Charles NKANGANYI et compagnie, et quand ils parlent de « pas vers le développement avec les travaux communautaires », de « réduction de la pauvreté » et « création de richesses avec la plantation des avocatiers par le Président de la République » et j’en passe. Nous défions ces personnes de nous faire un audit de la Nation Burundaise jusqu’à décembre 2007, sur les questions stratégiques qui constituent l’état de la Nation. Il faut vraiment avoir les pieds ailleurs que sur terre (probablement dans les nuages) pour rester loin des affaires de l’Etat comme le fait le Président NKURUNZIZA. C’est vraiment légitime de sa part de passer son temps dans la prière et le football. Cependant, c’est illégal et incompatible, donc anti-constitutionnel pour un président de la République d’occuper une autre profession, en l’occurrence celle de Pasteur. Diriger un pays demande d’avoir une vision d’ensemble des enjeux de la Nation. On ne peut aller à contre courant des vraies questions de l’heure pour se lancer dans des voies sans lendemain destinées à endormir le peuple. Quels sont les critères qu’il utilise pour donner des avantages et promettre des choses à telle ou telle commune, à telle ou telle école ? Mais bon sang, il représente l’ETAT et en cette qualité, il ne doit pas jouer de deux poids deux mesures dans le traitement des burundais. Nta mwana n’ikinono. S’il donne des ordinateurs à une école, qu’il fasse de même pour toutes les écoles du Burundi ou enclenche un projet pour doter toutes les écoles dans ce sens car elles en ont toutes besoin. On comprend que le Nord l’intéresse pour des raisons électoralistes mais faire du favoritisme régional constitue un délit grave en matière de leadership. Cela rappelle les années sombres qu’il était censé faire oublier aux burundais.

 

 

La dernière analyse de Monsieur Fred-Ngoga Gateretse dans www.burundirealite.org : Intéressante son invitation à tous les burundais de rejoindre un parti politique et son analyse sur les réformes institutionnelles nécessaires pour renforcer la démocratie et aborder sereinement les élections de 2010. Intéressante aussi son analyse du besoin d’une coalition politique pour battre le CNDD FDD.

 

Cependant, nous regrettons qu’il parle d’une coalition de partis, d’un engagement politique pour se présenter aux élections, au lieu de parler des principes et valeurs requis pour diriger le Burundi et qui devrait constituer la base de toute alliance politique. Il ne s’agit pas de faire partir le despote NKURUNZIZA du pouvoir pour le remplacer par une autre dictature. Ce qui est important est une alliance de démocrates et de patriotes, et non une alliance d’autres  politiciens affamés du pouvoir. Encore, le leadership dont il parle doit émerger déjà aujourd’hui et non pas sortir sa tête en 2010 par des calculs opportunistes. Il doit montrer sa détermination, au dessus de tout, à défendre la démocratie et à exorciser les démons de la division ethnique au Burundi. Nous sommes d’accord sur l’engagement politique mais non pas dans le cadre des partis existants. Nous préconisons plutôt une alliance de personnalités politiques crédibles, hutus et tutsi, derrière un mouvement politique nouveau à créer pour réellement symboliser cette REVOLUTION dont les burundais ont tant besoin. Une alliance sur base de valeurs et de principes politiques supérieurs et non une alliance de partis dont l’histoire n’a pas toujours été reluisante de crédibilité mais que certains membres, comme le jeune GATERETSE lui-même, traînent avec lui comme un boulet.

 

L’analyse de Monsieur RUKINDIKIZA (http://burundi.news.free.fr) sur les malversations à la Commission Nationale sur le Désarmement :

Vous avez frappé dans le mille, Monsieur RUKINDIKIZA. Je crois qu’une enquête sérieuse sur le financement de la fondation UBUNTU s’impose. Cette fondation, pour le moins suspecte, de la première Dame du Burundi semble disposer de beaucoup de moyens dont l’origine est plus que douteuse. Surtout quand on sait que le Président de la République se confond souvent avec Monsieur Pierre NKURUNZIZA. Nous voulons dire qu’il met la casquette présidentielle pour aller négocier de l’aide pour Monsieur Pierre NKURUNZIZA et son épouse, au lieu de négocier pour le Burundi et les burundais. Sinon, comment expliquer sa déclaration lors du Congrès de Gitega, que au cours de l’année 2006, il a donné de sa propre poche, sous forme de dons divers et de contributions au CNDD FDD, des sommes allant au-delà de 200 millions de francs burundais. Pour donner 200 millions de franc burundais, combien doit-on avoir gagné ? Recevoir des dons pour un Président de la République, à titre personnel, cela s’appelle de la corruption. Utiliser des biens publics pour ses avantages personnels, cela s’appelle abus de biens sociaux. Recevoir des faveurs en usant de sa position politique (pour le cas de la première Dame), cela s’appelle trafic d’influence. Mais tout cela doit être comptabilisé et le couple présidentiel devra y répondre un jour.

 

Les accusations contre le Général NSHIMIRIMANA Adolphe : Le patron des services de renseignement burundais est aujourd’hui la cible des accusations d’implication dans les actes de violence et de tueries qui ont caractérisé le Burundi depuis l’avènement du CNDD FDD au pouvoir en 2005 : tueries de Kinama, de Muyinga, tortures contre l’ancien vice-président Kadege sans oublier les cas de vols à main armée et autres règlements de compte dans le pays. Difficile de juger de la véracité de ces accusations mais tout le monde s’accorde sur la brutalité notoire de cet homme et sa cupidité. Devenu Général par le hasard de l’histoire, il est le grand artisan de toutes les manipulations du pouvoir NKURUNZIZA. Ce barbouze devient encore plus dangereux quand il se mêle de politique en planifiant le contrôle du parti CNDD FDD par les anciens militaires comme lui, devenus généraux, et qui tiennent le pays tout entier en otage. Dans tous les cas, le Général NSHIMIRIMANA Adolphe joue un jeu dangereux dans le contexte burundais. En effet, le sang appelle le sang, et n’ayant pas le monopole de la violence et de la barbarie, il risque d’embraser tout le pays d’ici à 2010. Mais au fait, entre lui et le Président de la République, qui protège qui ? Dans tous les cas, nous ne croyons pas à l’innocence de cet homme même en l’absence de preuves tangibles. Par ailleurs, nous sommes convaincus que, pour la crédibilité du régime, il dessert plutôt que ne sert la démocratie au Burundi. Penser que cet homme est un membre influent de la classe dirigeante autour du Président NKURUNZIZA, c’est vraiment avouer que le Burundi est tombé très BAS. Les services de renseignements burundais coûtent au contribuable des milliards de francs pour des résultats aussi médiocres que ceux que nous observons aujourd’hui. La réforme des services de renseignement burundais constitue un autre défi auquel le gouvernement se devait de répondre. Il faudrait redéfinir les menaces à la stabilité du Burundi dans le contexte post-conflit et doter ce service des ressources humaines compétentes pour proposer des solutions à ces défis et contribuer ainsi réellement à la stabilité économique, sociale et politique du Burundi. Telle devait être la mission première des services de renseignement. Le renseignement constitue aujourd’hui pour plus de 80% d’analyses, et pour moins de 20% à l’action. Est-ce le Général NSHIMIRIMANA peut réellement réformer ce service ? Le Burundi doit sortir du cercle vicieux qui consiste à croire que le service de renseignement doit être dirigé nécessairement par un militaire, encore moins un militaire du niveau du Général NSHIMIRIMANA. C’est vraiment déshonorant pour le Burundi de l’avoir comme Chef du service de renseignement. Le Président NKURUNZIZA rendrait un service énorme au pays en limogeant le Général Adolphe NSHIMIRIMANA, un homme dont la moralité entache tout le leadership burundais.

 

Pour conclure notre analyse de l’actualité, notons que si l’on se demande aujourd’hui qui peut sauver la République du Burundi de l’anarchie et de la dictature, notre réponse serait LE PARLEMENT ET LE SENAT burundais.

 

Une véritable solidarité et une dynamique constructive doivent se mettre en place et faire émerger un leadership au sein du Parlement, malgré les différences entre les Partis politiques. La position courageuse de certains parlementaires sur la question du PALIPEHUTU FNL donne de l’espoir dans ce sens.

 

Les représentants du peuple doivent devenir de véritables défenseurs des intérêts du peuple. Par ailleurs, ce sont eux qui ont voté le Président de la République en la personne de Monsieur NKURUNZIZA Pierre. Ce dernier n’a pas été élu au suffrage universel. Le peuple a voté pour le Parti CNDD FDD et quiconque ce Parti aurait présenté serait devenu Président de la République. Le Président devrait arrêter de traiter le Burundi comme « icibare c’iwe », son lopin de terre, et les burundais comme ses sujets. Il a un mandat national et qu’il fasse son boulot au lieu de rappeler à qui veut l’entendre qu’il représente UNE INSTITUTION.

« Le Tigre ne crie pas sa TIGRITURE », il la vit. Qu’il agisse comme un véritable LEADER et prenne ses responsabilités face aux défis du Burundi. S’il en est incapable techniquement, comme en témoigne ses nombreuses bavures, qu’il cherche des « spin doctors » capables au lieu de s’entourer de cancres qui ne voient pas plus loin que leur compte en banque.