Burundi news, le 10/02/2014
Bujumbura, le 06 février 2014
Transmis copie pour information à :
Son Excellence Pierre NKURUNZIZA, Président de la République du Burundi,
Avec les assurances de notre plus hautes considérations.
A Son Excellence Ban Ki-Moon,
Secrétaire Général des Nations Unies
à
New-York.
Objet : Prévention d’une catastrophe humanitaire
en perspective au Burundi.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
Les partis politiques regroupés au sein de l’ADC-IKIBIRI (Alliance des Démocrates pour le Changement) ont l’insigne honneur de nous adresser à Votre très haute autorité, en Votre qualité de Secrétaire Général des Nations Unies et garant du processus de paix au Burundi pour lancer encore une fois un cri d’alarme sur une catastrophe humanitaire en perspective dans notre pays.
En effet, Excellence Monsieur le Secrétaire Général, la destitution du Premier Vice-Président de la République, Honorable Bernard BUSOKOZA est une option suicidaire prise par le Président de la République qui risque de polariser les groupes politico-ethniques avec comme corollaire la paralysie générale des institutions conduisant ainsi à l’anarchie et au chaos au Burundi.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
Depuis l’accession du Parti CNDD-FDD au pouvoir en 2005, tous les faits montrent à suffisance qu’ils s’inscrivent dans un plan longtemps et soigneusement préparé par le CNDD-FDD pour réinstaurer au Burundi un Parti Etat et autoritaire.
Le pouvoir du CNDD-FDD a été caractérisé par le refus du dialogue sociopolitique avec les Partis politiques d’opposition, l’aggravation de la crise de confiance, le rétrécissement de l’espace politique par la mise en place des lois liberticides, les exécutions extrajudiciaires, les tortures morales et physiques, les emprisonnements et harcèlements des militants et leaders des partis de l’opposition, de la société civile et des médias.
La mauvaise gouvernance politique, économique, administrative et sociale s’est installée dans tous les secteurs de la vie nationale en violation flagrante de la loi et principes convenus par les Burundais spécialement l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation, la Constitution, la feuille de route du 13 mars 2013 pour les élections de 2015 et les compromis faits devant le parlement burundais en dates des 19 et 20 décembre 2013.
Toutes ces manœuvres ne visent que l’élimination des forces politiques capables de faire face à la dérive totalitaire du pouvoir CNDD-FDD afin que le président Pierre NKURUNZIZA puisse briguer un troisième mandat et que son parti aille aux élections seul sous la couleur d’un Parti-Etat.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
Pour consolider ces faits, le pouvoir du CNDD-FDD instrumentalise la Justice, l’administration et les corps de défense et de sécurité spécialement la police nationale et le Service National de Renseignements.
De plus, le pouvoir CNDD-FDD mène des actions suicidaires qui conduisent le Burundi inéluctablement vers une catastrophe humanitaire.
En effet, le plan SAFISHA qui veut dire NETTOYER, la création d’une milice IMBONERAKURE à l’instar des INTERAHAMWE au RWANDA, la radio REMA FM du CNDD-FDD qui véhicule des enseignements similaires à ceux de la Radio mille Collines du RWANDA, la manipulation du pouvoir CNDD-FDD par une petite poignée de gens comme au RWANDA sous le règne de Juvénal HABYARIMANA, l’exploitation de la corde ethnique à des fins propagandistes constituent des témoignages assez éloquents de ce drame en perspective et risquent de déboucher sur un génocide politico- ethnique au Burundi.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
L’insistance du Gouvernement pour la fermeture du BNUB au Burundi traduit une volonté manifeste du pouvoir CNDD-FDD de commettre des forfaits en l’absence de témoins gênants, raison pour laquelle l’ADC-IKIBIRI réitère sa demande de renforcement et du maintien du BNUB au-delà des élections de 2015 pour la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
Face à cette situation, comme les mêmes faits produisent les mêmes résultats, le peuple burundais n’acceptera pas de retomber dans les travers du passé à cause d’un pouvoir en mal de gouvernance et de légitimité.
Ainsi, l’ADC-IKIBIRI demande votre intervention urgente et celle de la Communauté Internationale pour faire pression sur le pouvoir CNDD-FDD afin qu’il renonce à son plan macabre qui risque de faire tomber le Burundi dans la tragédie du RWANDA de 1994 ou dans la situation de la République Centre Africaine ou du Sud Soudan aujourd’hui.
Les manœuvres du Président Pierre NKURUNZIZA de briguer le troisième mandat en 2015 en violation de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation et de la Constitution sont inacceptables et doivent être combattues aussi bien par le Peuple burundais que par les dépositaires et les garants de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi. C’est pourquoi, l’ADC-Ikibiri demande également à travers Vous, à la Communauté Internationale, d’exiger au Président Pierre NKURUNZIZA le strict respect des articles 95, 96, 106 et 299 de la Constitution en matière d’unité nationale et de cohésion du peuple burundais, sinon le Peuple Burundais se verra dans l’obligation de défendre ses droits et sa dignité.
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
L’ADC-IKIBIRI reste consciente que le pouvoir CNDD-FDD est incapable de conduire le Burundi vers des élections apaisées, libres, transparences et démocratiques en 2015 conformément à la feuille de route convenue entre tous les partenaires et acteurs politiques sous les auspices des Nations Unies et en présence de la communauté internationale au mois de mars 2013. Une autre voie politique devrait être envisagée avant qu’il ne soit trop tard et votre implication reste incontournable dans chaque cas de figure.
Persuadés et convaincus que notre cri d’alarme sera entendu, nous Vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Secrétaire Général, l’assurance de notre plus haute considération.
Pour l'ADC-IKIBIRI,
Hon. Léonce NGENDAKUMANA
Président.
Copie pour information à :
- Son Excellence Monsieur le Deuxième Vice-président de la République ;
- Son Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale du Burundi ;
- Son Excellence Monsieur le Président du Sénat du Burundi ;
- Madame, Monsieur le Chef de Mission Diplomatique (Tous).
à Bujumbura.