Des Parlementaires burundais lancent un appel de détresse à l’ONU

Parlementaires burundais                                 Bujumbura le 22  février 2008

            A son Excellence Ban Ki-Moon

Secrétaire Général des Nations Unies

New York

TRANSMIS COPIE POUR INFORMATION A :

Son Excellence Pierre NKURUNZIZA

Président de la République du Burundi

Son Excellence Jakaya M. KIKWETE

Président de l’Union  Africaine

Président de la République Unie de Tanzanie

Son Excellence Yoweri K. MUSEVENI

Président de la République de l’Ouganda et

Président de l’initiative régional pour la paix au Burundi

Son Excellence Joseph KABILA

Président de la République Démocratique du Congo

Son Excellence Paul KAGAME

Président de la République Rwandaise

Son Excellence Jean PING

Président de la  Commission de  l’Union Africaine

Son Excellence  P.F. Casini

Président de l’Union Interparlementaire

Son Excellence M. Guy Nzouba-Ndama

Président de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie

Son Excellence  Abdirahin Haithar Abdi

Président de l’Assemblée Législative de la Communauté Est Africaine

Son Excellence Dimitrij Rupel

Président du Conseil de  l’Union Européenne

Son excellence YOUSSEF MAHMOUD

Représentant Exécutif du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi

Son Excellence  Patricia MOLLER,

Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Burundi

Son Excellence Zeng Xianqi

Ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi

Son Excellence  Joël LOUVET

Ambassadeur de France au Burundi

Son Excellence Ambassadeur de la Grande Bretagne au Burundi

Son Excellence Vladimir Timofeev

Ambassadeur de la Fédération de Russie au Burundi

Monsieur l’Ambassadeur (Tous)

Objet : Demande d’assistance politique et sécuritaire au Burundi

Excellence Monsieur le Secrétaire Général,

Nous, parlementaires soussignés, avons l’insigne honneur de solliciter auprès de votre haute bienveillance, une assistance politique et sécuritaire au Burundi, et en particulier une protection pour les parlementaires et les personnalités burundais, menacés d’assassinats par le  pouvoir en place à Bujumbura.

En effet Excellence, ce pouvoir ne tolère aucune opposition et se caractérise par une dérive autoritaire matérialisée par la persécution, les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires  et l’assassinat de toute  personne qui ose critiquer ses fautes et manquements graves ou qui a simplement une vision politique différente du sien, en dépit du fait que tous les parlementaires, y compris ceux de l’opposition, reçoivent leur autorité du peuple qui les a élus. Parmi les cibles de ce pouvoir, figurent au premier plan les parlementaires qui prennent la responsabilité de dénoncer ce qui va mal  dans le pays comme la corruption, la violation de la constitution et des lois, la violation des droits de la personne, la pérennisation par le pouvoir de l’état de guerre  contre les FNL, l’insécurité grandissante ou l’indifférence à la misère  des populations.

            Les actes hostiles contre les parlementaires sont nombreux, alarmants et vont chaque jour en s’aggravant. Nous citerons notamment :

-          La levée illégale d’immunité de certains députés par des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat et une justice instrumentalisée par l’Exécutif ;

-          L’exclusion du parti et l’éviction de leurs postes de responsabilité par des cabales et par corruption de députés jugés récalcitrants ou non solidaires aux exactions  du pouvoir ;

-          L’invention de complots fictifs imputés à certains parlementaires et hautes personnalités pour justifier leur emprisonnement gratuit et prolongé ;

-          L’indexation et la livraison  à la vindicte populaire par la presse affiliée au   pouvoir de ces parlementaires en exposant   leurs photos et jusqu’ aux  noms de leurs parents ;

-          L’agression synchronisée, avec des armes de guerre contre certains députés de l’opposition la nuit du 19 au 20 août 2007, après que le journal du parti au pouvoir INTUMWA les  eut vilipendés et taxés de « mercenaires » ;

-          La volonté de couper certains parlementaires de leur base en leur tendant des pièges mortels quand ils veulent se rendre dans leur circonscription électorale etc…

Excellence Monsieur le Secrétaire Général,  alors que la recherche de ses solutions était inscrite en priorité sur le cahier de charge des mesures issues de l’accord d’Arusha et donc de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis lors, l’insécurité constitue toujours une des préoccupations majeures du peuple burundais. Celle-ci est liée notamment à la prolifération  des armes au sein de la population ainsi qu’au climat délétère volontairement entretenu par le pouvoir, puisqu’elle est aussi le fait de certains militaires, policiers, anciens combattants démobilisés et des membres d’escadrons de la mort entretenus clandestinement. La poursuite de la guerre avec le FNL est également une source d’insécurité qui sert de prétexte à toutes sortes de crimes et de violences.

Les parlementaires ont essayé de contribuer au rétablissement définitif de la paix et de la sécurité par des conseils et  des propositions. Malheureusement, le pouvoir en place, au lieu de fédérer toutes les énergies en vue d’un retour durable à la paix et à la sécurité, contribue à l’aggravation de l’insécurité. De façon inexplicable, il considère comme « des ennemis à abattre » tous ceux qui avancent des critiques, qui font des suggestions constructives ou qui usent de leur droit de contrôler l’action gouvernementale. Aujourd’hui, l’intolérance a atteint des sommets inégalés puisque des sources bien informées affirment que le pouvoir a dressé une liste  noire de 350 personnes à abattre. Parmi ces personnes figurent des députés et sénateurs de l’opposition  et  des responsables de partis politiques et des organisations de la société civile.

Excellence Monsieur le Secrétaire Général, cette attitude du pouvoir en place au Burundi prouve  que :

  1. la vie des personnalités de l’opposition en général et des parlementaires en particulier est gravement menacée par les mêmes autorités qui devraient assurer la sécurité de tous les citoyens burundais ;
  2. la paix et la démocratie pour lesquelles la communauté internationale, singulièrement l’ONU, a tant investi sont très sérieusement compromises, car sans la paix et la sécurité, aucune élection juste, libre et transparente n’est possible ;
  3. farouchement opposé à toute alternance et conscient de son propre échec, le pouvoir organise le chaos afin de rendre impossibles ou ingérables la normalisation politique du pays, et surtout l’organisation des élections futures.

C’est pourquoi nous vous prions instamment, Excellence Monsieur le Secrétaire Général, de bien vouloir :

  1. prendre le plus tôt possible des mesures visant à assurer notre sécurité et celle de tous les  Burundais menacés par un pouvoir qui a failli à une de ses missions essentielles;
  2. mettre sur pied une commission internationale d’enquête sur les allégations de complot et de crimes multiples de sang, commis par le pouvoir en place contre les parlementaires et les opposants en vue de déterminer les responsabilités ;
  3. conclure rapidement les négociations avec le PALIPEHUTU-FNL et procéder au désarmement systématique de la population civile et des démobilisés en toute objectivité et transparence ;
  4. prendre des initiatives visant à s’assurer que les élections de 2010 se dérouleront sans précipitation, dans la paix, sans violence ni tricherie. Nous vous prions en particulier d’instruire le BINUB afin que, parallèlement au recensement de la population projeté ultérieurement, il s’engage sans délais dans la mise en place de l’infrastructure électorale comme par exemple un programme d’éducation civique  en matière électorale, la mise en place d’une liste des électeurs et des cartes d’électeurs, engager le pouvoir et l’opposition à la mise en place  d’une Commission Electorale Indépendante, l’informatisation du système électorale etc… 
  5. d’aider dans les efforts de protéger toute personne qui pourrait témoigner sur l’implication des services burundais de renseignement qui relèvent directement de la présidence de la république dans l’orchestration de l’insécurité dans le pays et dans les massacres d’innocents citoyens comme en témoigne les massacres de Muyinga et de Kinama.

Espérant rencontrer votre prompte et diligente compréhension, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Secrétaire Général, les assurances de notre haute considération.