UNE LETTRE ECRITE PAR LES SERVICES DES RENSEIGNEMENTS BURUNDAIS AU NOM D'UN PRISONNIER POUR NIER LES MASSACRES DE MUYINGA

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 07/08/2009

Les massacres de Muyinga ont fait couler beaucoup d'encre. Le colonel Vital Bangirinama était le maître d'ouvrage de ces assassinats de plus de 30 prisonniers détenus au camp Muyinga. Il était le maître d'œuvre car les concepteurs sont des hauts responsables du pays, voir en haut et à la Documentation Nationale. Des jugements ont eu lieu en l'absence de Vital Bangirinama. Le Président Nkurunziza lui-même a refusé son arrestation, probablement qu'il était au courant des ordres donnés pour massacrer ces innocents. Bangirinama a été soustrait de la justice et le pouvoir l'a envoyé au Canada avec une enveloppe de 30 000 $. Les subalternes qui ont exécuté les assassinats ont été jugés et ont donné tous les détails de ces massacres. Personne ne peut nier ces massacres car les cadavres ont été retrouvés sur les bords de la Ruvubu. Il faut être fou, un vrai fou, un inconscient pour nier ces massacres.

Le Général Adolphe Nshimirimana franchit le Rubicon

En France, nier des massacres comme l'holocauste est punissable de peine de prison. Au Burundi, certains inconscients, ivres des pouvoirs qui les dépassent peuvent se permettre de tourner un couteau dans la plaie de ceux qui ont perdu les leurs lors de ces massacres. Au moment où le dossier de Muyinga était presque terminé, à part Vital Bangirinama qui n'a pas été extradé du Canada pour être jugé au Burundi, les autres exécutants sont en prison même si on sait qu'ils ont exécutés des ordres du pouvoir.

Voulant mettre en prison Alexis Sinduhije et Pierre Claver Mbonimpa, le général Adolphe Nshimirimana a conçu un montage  qui ne fait que ridiculiser la pouvoir. La Documentation  a écrit une lettre à la place du sergent Bucindika Sélémani en prison. Ce sergent est prison pour un viol commis. Il était à Muyinga en tant que prisonnier. Une lettre a été écrite et n'a jamais été envoyée à celui à qui elle était désignée. Elle a été aussi envoyée à la radio Rema FM et au site Abarundi, tous proches des services de renseignements burundais. Ces deux médias ont défendu la thèse de manipulation des informations concernant ces massacres. Cela revient à nier ces massacres confirmés par ceux qui les ont commis.

Selon des sources dignes de foi, le sergent Bucindika n'a pas rédigé cette lettre et semble être surpris. Pire, la lettre a été adressée au procureur général de la République. Selon les informations provenant du ministère de la justice, cette lettre n'est pas parvenue à son destinataire. Il y a lieu de se poser des questions sur une lettre qui atterrit à la radio Rema FM et qui fait l'objet des éditoriaux sans que son destinataire la reçoive. Les services de renseignements se sont pressés de la distribuer à la radio tout en oubliant de la transmettre à son destinataire. L'inquiétude principale des services de renseignements est que le sergent soit interrogé par la justice à propos de cette lettre et qu'il la nie. Or, les sources de la radio Rema FM seraient mises à nu et le général Adolphe Nshimirimana devrait répondre du faux et usage de faux. Personne n'est au dessus de la loi.

Rema FM accusé de diffamation par un journaliste de la RPA

Faisant suite aux contradictions et aux polémiques soulevées par cette lettre, Rema FM a accusé sur ses antennes le journaliste Eric Manirakiza d'avoir contraint le sergent Bucindika pour nier

Dans les éditions des 05 et 06 août 2009 de la radio Rema FM, le journaliste Jérôme Nzokirantevye a dit ceci :

«Après que le sergent Bucindika ait adressé une correspondance au Procureur Général de la République en date du 12juillet dernier attestant que sa déposition lors de cette audience publique de Mukoni était le fruit d'un montage commandité par Pierre Claver Mbonimpa, Président de l'APRODH, et Alexis Sinduhije, Président du MSD, le sergent Bucindika vient d'envoyer une deuxième lettre manuscrite cette fois au Procureur Général de la République dans laquelle il affirme que Eric Manirakiza, journaliste à  la RPA, accompagné de Madame Denise Niyonzima, cadre à l'Office du Haut Commissaire des Nations Unies chargé des Droits de l 'Homme au Burundi, l'ont trouvé lundi dernier à la prison de Mpimba où il est incarcéré pour le supplier de nier les affirmations contenues dans sa première lettre du 12 juillet dernier et d'affirmer qu'il a écrit cette lettre sous la manipulation de Maître Déo Ndikumana, avocat de la défense lors de ce procès de Mukoni ». « On ne saurait vous dire si Madame Denise Niyonzima qui a accompagné notre confrère Eric Manirakiza de la RPA quand il a été voir le sergent Bucindika à Mpimba lundi dernier l'a fait de sa propre initiative ou pas».

Il est surprenant que la radio Rema FM soit au courant de l'envoi d'une première, d'une deuxième lettre sans que ni l'expéditeur, ni le destinataire de ces lettres soit au courant. Soit Rema FM est complice des services de renseignements compte tenu des relations qu'entretient Nyamitwe et Adolphe Nshimirimana, soit Rema FM a été manipulée par les services.

Le journaliste Eric Manirakiza a porté plainte contre cette radio et son journaliste. Ils devront expliquer comment ils ont eu ces informations et ces lettres mystérieuses.

La radio Rema FM est une radio comme toutes les autres. Ce n'est pas parce qu'elle est au service du parti CNDD-FDD et de la Documentation Nationale qu'elle pourra violer toutes les lois.