Lettre ouverte aux responsables anciens comme actuels du Parti SAHWANYA-FRODEBU.

 

Par Bernard NZIBAREGA.

Madame, Monsieur,

En tant qu’observateur de la vie politique burundaise, j’ai le profond regret de vous tenir pour responsable de presque tous les maux auxquels le peuple burundais est confronté depuis la décapitation des institutions démocratiques de juin 1993.

Outre que vous n’avez pas su, pu ou plutôt voulu vous comporter en « HOMME D’ETAT » dès l’accession de votre formation politique au pouvoir, vous avez poussé la médiocrité jusqu’à renier le programme que votre illustre champion nous avait présenté lors de la campagne des élections présidentielles et législatives.

Les 46 propositions dont, visiblement, vous ne vous êtes jamais soucié de mettre en application auraient pu (mais il n’est jamais trop tard) contribuer à une véritable révolution économique, gage d’une paix durable.

Au lieu de chercher à identifier les auteurs du putsch du 21/10/1993, vous avez préféré composer avec ces derniers par calcul ou par lâcheté. L’Histoire retiendra votre inertie persistante à faire juger les présumés commanditaires (connus de tous, au moins pour le Président NDADAYE)  de 2 Chefs d’Etat et de tous les innocents qui payent cher votre incompétence depuis que vous vous dérobez devant vos responsabilités. Le soutien et la sympathie de la communauté internationale ne vous ont servi à rien, hélas ! Quel gâchis! Vous avez trahi le peuple burundais qui continue à payer très cher vos errements.

Les Burundais sont las de vous entendre sur les radios jouer à la vierge effarouchée face à la dérive autoritaire du pouvoir en place. Mettez plutôt un point d’honneur à mériter, à nouveau, la confiance que la communauté internationale avait placée en votre Parti suite au mandat clair que le peuple burundais vous avait souverainement confié.

Si vous aviez réellement joué votre rôle, la dictature actuelle n’aurait pas pu voir le jour : c’est un digne héritier de NDADAYE qui serait encore au pouvoir et pour longtemps. Les luttes fratricides que vous vous acharnez à raviver ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. NDADAYE nous l’avait promis. En cautionnant l’impunité au lieu de l’éradiquer, vous jouez avec le feu qui commence à vous dévorer vous aussi. NDAYIZEYE est en train de l’apprendre à ses dépens. Et vous n’êtes même pas en mesure de faire respecter les droits de ce dernier ( à lui comme aux autres prisonniers de MPIMBA ou d’ailleurs )  alors qu’ils sont tous présumés innocents. Où est votre bilan dans l’établissement d’un Etat de droit ? Vous vous êtes fait laminer en tant que parti principal d’opposition ! La triste vérité est que vous êtes le « géniteur politique » de RADJABU dont la dictature n’est qu’un début. Lourde responsabilité historique…Osez-vous encore vous appeler ou vous faire appeler « INZIRAGUHEMUKA » ?

N.B. : Cette lettre est adressée principalement à Messieurs NTIBANTUNGANYA, NYANGOMA, MINANI, NGENDAKUMANA, NGENDAHAYO, SENDEGEYA, à tous les députés élus en 1993 ainsi qu’à tous les membres successifs du Comité Directeur National du Parti de 1993 à nos jours.