Burundi news, le 04/03/2008

Lettre ouverte à S.E Jakaya Murisho KIKWETE…

 

Par The Leadership Institute 

Excellence Monsieur le Président,

 

En votre qualité  de Président en exercice de l’Union Africaine, permettez-nous d’abord de vous féliciter pour votre contribution aux négociations pour la recherche de solutions à la crise politique qui secouait le Kenya depuis décembre 2007.

 

Votre contribution ainsi que celle de leurs Excellences Koffi ANNAN, le Président Benjamin MKAPA et Graca MACHEL formant l’équipe d’éminentes personnalités africaines, vient de renforcer les initiatives de prévention et de règlement des conflits en Afrique par les africains eux-mêmes.

 

Nous nous réjouissons aussi de la mobilisation de toute la communauté internationale dans la résolution rapide de la crise kényane et dans l’intérêt du peuple kényan, de l’Afrique et de la stabilité mondiale.

 

Cependant, dans la sous région, une situation particulière interpelle votre attention et celle de la communauté internationale : les menaces au processus démocratique au Burundi.

 

Sans aller dans des positions partisanes, voici les faits pour étayer notre appel à une intervention de votre haute personnalité, en tant que Président en exercice de l’Union Africaine et Président de la Tanzanie, pays hôte de tous les pourparlers pour la Paix au Burundi :

 

1.      Les institutions démocratiques connaissent des blocages systématiques depuis deux ans et la confiance entre l’Exécutif et le Législatif est largement entamée. La psychose est en train de s’installer dans toutes les couches de la société burundaise.

 

2.      L’insécurité est devenue généralisée dans tout le pays et n’est plus seulement imputable aux combattants du FNL mais aussi et surtout aux forces gouvernementales et aux agents du Service National de Renseignement.

 

3.      Des menaces sérieuses semblent peser sur le processus démocratique avec la mauvaise foi ou les incapacités du gouvernement à mettre en place les réformes institutionnelles prévues dans les accords d’Arusha, comme la Commission Vérité Réconciliation, les réformes constitutionnelles, la nouvelle Loi Electorale etc.

 

4.      L’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre une politique de désarmement efficace compromet les espoirs du retour à la paix et à la stabilité.

 

5.      Des menaces réelles sur l’organisation d’élections libres et transparentes en 2010 sont à signaler, ce qui n’est pas de nature à assainir le climat politique préélectoral et constitue un risque réel d’insécurité et de violences.

 

6.      Les principes démocratiques et de bonne gouvernance sont bafoués tous les jours par le gouvernement : emprisonnements politiques abusifs, tortures, malversations économiques, violations des droits de l’homme, non respect des institutions démocratiques et du principe de séparation des pouvoirs.

 

7.      Les libertés de presse, d’expression et le droit à la vie sont bafoués au quotidien par les pouvoirs publics.

 

8.      Le fonctionnement du gouvernement est bloqué par des querelles politiques entre la coalition au pouvoir, ce qui remet en question la capacité de l’Etat à pourvoir au développement du peuple burundais avec comme corollaire une plus grande fragilisation du tissu social et de la sécurité.

 

9.      La récente correspondance des parlementaires burundais au Secrétaire Général des Nations Unies est une preuve suffisante du niveau de tensions politiques qui persiste au Burundi. En elle-même, elle constitue une raison suffisante pour que la communauté internationale, sous votre égide, évalue la gravité de la situation.

 

Pour toutes ces raisons, nous voudrions vous informer que tout ce que la Tanzanie, votre pays, la sous région ainsi que la communauté internationale dans son ensemble, ont contribué pour le processus démocratique risque de s’écrouler si rien n’est fait pour aider à remettre le Burundi sur le droit chemin de la Démocratie et de l’Etat de Droit.

 

 

 

Concrètement, nous vous demandons ce qui suit :

 

-         Envoyer une mission de l’Union Africaine au Burundi, conduite par une haute personnalité africaine, pour engager des consultations avec les partenaires politiques afin de procéder à une évaluation de l’état des lieux du processus démocratique et des risques réels de replonger le pays dans la guerre.

 

-          Que cette mission émette des recommandations à faire suivre d’une résolution de l’Union Africaine et des Nations Unies pour tous les partenaires politiques burundais (gouvernement, parlement, acteurs de la société civile, responsables des corps de défense et de sécurité, partis politiques etc…).

 

-         S’assurer que des mécanismes institutionnels devant mener à une organisation d’élections libres et transparentes en 2010 sont mis en place sous la supervision de l’UA et d’experts indépendants car ce n’est un secret pour personne : les enjeux électoraux de 2010 risquent d’être le mobile de plus de violences et d’instabilité.

 

-         Impliquer davantage la Tanzanie dans la résolution du conflit avec le FNL, non seulement comme pays hôte mais aussi comme « partenaire dans la médiation » : nous demandons l’implication personnelle de S.E le Président KIKWETE pour un accord de cessez-le-feu effectif entre le gouvernement et les combattants du PALIPEHUTU FNL pour que DES POPULATIONS INNOCENTES CESSENT DE MOURIR TOUS LES JOURS DE CETTE GUERRE IGNOBLE ET INUTILE.

 

 

Excellence Monsieur le Président,

 

Les défis de la Paix au Burundi sont, nous en sommes convaincus, à la hauteur de vos qualités de leadership et constituent aussi des défis pour la sous région et l’Afrique dans son ensemble.

 

L’histoire vous interpelle pour AGIR dans les limites de votre mandat africain et avec votre expertise des questions burundaises manifestées dans le cadre de l’initiative régionale pour la Paix au Burundi, nous ne doutons pas que vous pouvez CONTRIBUER au renforcement de notre jeune démocratie.