Burundi news, le 06/04/2008

Lettre ouverte au maire de la ville de Bujumbura

Par Joshua NIMUZIMA

 

Monsieur le maire, avant tout je vous félicite pour votre récente nomination à la tête de la mairie de Bujumbura. Ceci est une lettre d’encouragement et de conseils car personnellement j’ai beaucoup d’espoirs en vous, concernant la ville de Bujumbura.

Je me souviens du temps au début des années 80 quand la ville de Bujumbura était parmi les villes les plus propres de l’Afrique mais qui avec le temps se transforme en véritable poubelle.

Tout le monde parle de la propreté excessive de la ville de Kigali mais juste pour votre information, la transformation de la ville de Kigali n’a débuté qu’au début du 2e millénaire car il n’y avait rien à envier avant l’an 2000. Kigali doit sa métamorphose à l’ancien maire de la ville, un certain « Mutsindashaka » qui tout simplement a fait des miracles avec une vision et un zèle qui étonnait tout le monde. C’est pour cela que je crois que le maire de la ville a le pouvoir et l’influence de transformer une ville s’il a une vision et la volonté. Je dois néanmoins être réaliste et vous avertir que vous n’aurez pas les mains libres comme le maire rwandais car il était sérieusement soutenu par le pouvoir en place et tout le monde connaît ou a entendu parlé de la clairvoyance, l’organisation et la vision du président rwandais. Mais cela n’est pas suffisant pour vous découragez car vous pouvez encore faire quelque chose de remarquable pendant le peu de temps qu’on donne à un maire de la ville au Burundi.

Vous êtes réputés pour être un excellant avocat en ce qui concerne les propriétés et je souhaite vous voir en excellant maire de la ville. Si je me donne la peine d’écrire ce message, c’est tout simplement parce qu’en si peu de temps vous avez déjà prouvé votre bonne volonté et j’invite toute la population de Bujumbura à vous soutenir. Vous suivez de près la plantation des arbres sur des chaussées qui commencent à porter des fruits, vous avez déjà diminué certaines des montagnes d’immondices dans la capitale, on commence à revoir des femmes qui balaient des rues dans la ville et nous vous voyons souvent sur le terrain pour soutenir des travaux de développement de la ville.

Même si ce n’est pas vous qui décidez, vous avez le moyen d’influencer vos supérieurs en leur montrant les vraies priorités. Il faut qu’ils comprennent que la réhabilitation de l’ « avenue de la mort » comme route macadamisée n’est pas une vraie priorité au moment ou la chaussée Prince Louis Rwagasore fait la honte de la ville alors qu’elle est la route principale voir même le cœur de la ville. C’est d’ailleurs la vitrine de la capitale et voir son état, je me demande qui préside les choix des priorités pour cette ville.

Une ville organisée est sensée être facilement repérable. J’ai voyagé dans d’autres pays et je dois dire que si pendant votre mandat vous pouvez faire de sorte que si à partir de l’aéroport, je donne au taximan le nom du quartier, le nom de la rue et le numéro de la maison, il serait capable de se retrouver sans problème, alors à ce moment vous auriez rendu un grand service à la ville et même ceux qui vous succéderaient ne feraient que suivre la ligne que vous auriez tracée et on se rappellera de vous dans l’histoire de la ville de Bujumbura. Je pense que la numérotation lisible de l’extérieur des portails et des maisons de la ville de Bujumbura n’est pas une chose difficile qui demande de grands moyens. La plupart des panneaux indicateurs des noms des rues sont illisibles même dans des quartiers connus comme ceux des riches. C’est une honte pour un quartier comme Kinanira 3 qui vient de passer plus de 5 ans alors qu’il y’a beaucoup de rues qui n’ont pas encore de noms. La mairie devrait faire de sorte qu’il y’ait un plan de la ville accessible à tout citoyen et tous les taximen devraient s’en procurer à un bas prix. Il est évident qu’on ne parlerait pas d’une ville propre aussi longtemps qu’on ne voit pas de poubelles publiques. A défaut de garder les ordures dans la poche, on est parfois obligé de les jeter dans la rue car on n’a pas le choix. Je salue les toilettes publiques du marché central qui à 50Frs ou 100 Frs facilitent la population. Je suis convaincu que s’il y’en avait dans d’autres coins de la ville avec une certaine rigueur en punissant ceux qui se soulagent n’importe où, le palais des arts et la clôture de l’ancien stade FFB en seraient épargnés.

Je ne vous sermonne pas mais j’essaie d’être utile au développement de mon pays et plus particulièrement de la ville que j’aime beaucoup. Je suis convaincu que si le maire de la ville est un homme organisé, la ville doit certainement l’être.

Je suis parmi ceux qui se sont toujours opposés aux travaux communautaires comme un ordre. Au début il s’agissait de faire la propreté, aujourd’hui on fabrique les briques et demain ça sera autre chose…je n’ai rien contre tout cela mais je suis contre toute mesure qui pousse la population à faire quelque chose par force. J’ai récemment entendu le président du sénat dire à la télévision nationale qu’il souhaite qu’il y’ait une loi votée à l’assemblée sur les travaux communautaires et qui punit ceux qui ne l’exécutent pas. J’ai tout de suite compris que malgré son rang honorable, il n’a encore rien compris de la démocratie.

Je termine en encouragent la plantation des beaux arbres sur des chaussées, la réhabilitation de l’espace vert et surtout la propreté aux alentours du marché central de Bujumbura.

Votre nomination au poste de maire de la ville est certainement l’un des rares bons choix déjà faits par le président de la république.

Allez de l’avant et que Dieu soit avec vous

 

Joshua NIMUZIMA

jnimuzima@yahoo.fr