LE MINISTRE DE L’INTERIEUR CONFIE L’ORGANISATION DU CONGRES EXTRAORDINAIRE DU PARTI CNDD-FDD AU SECRETAIRE GENERAL DE CE PARTI

 

Burundi News, le 29 janvier 2007

 

Par Gratien Rukindikiza

 

La présidence du CNDD-FDD par Radjabu est du passé. En réalité, il n'est plus le patron de ce parti. Il n'a pas voulu se plier aux demandes de démission faites par ses camarades de parti. Ce week end, il lui a été interdit l'accès à la permanence du CNDD-FDD à Kayanza. Un de ses hommes chargés de la milice vient d'être arrêté à Ruyigi. Son grand défenseur Kabuto finit par s'y plier, ses mensonges n'ont servi à rien. Son chef perd tout en voulant tout gagner. Il ne sert à rien de perdre la tête parce Radjabu est destitué. Ce n'est pas la fin du monde pour Kabuto.

Le ministre de l'intérieur vient de porter un coup fatal à  Radjabu qui marque la fin de la récréation par sa lettre décisive dans ce conflit. Ses soutiens Sud -Africains et Rwandais n'ont pu faire grand chose.

 

La lettre du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique ne le dit pas exactement. On n'a pas besoin d'être expert en politique pour comprendre qu'il s'agit ni plus ni moins de la destitution de Hussein Radjabu à la tête du parti CNDD-FDD, avant même que le congrès chargé de s'en occuper ait eu lieu.

 

« Le Secrétaire Général, qui me lit en copie, voudra bien veiller au strict respect du contenu de la présente », peut-on lire dans sa lettre datée du 27 janvier 2007 à l’Honorable Hussein Radjabu, président du parti CNDD-FDD, lettre qui ordonne la tenue de ce congrès "dans les meilleurs délais, avant le 10 février 2007".

 

Pour mémoire et afin de comprendre le contenu de la lettre du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique , il convient de rappeler qu’en date du 25 janvier, Hussein Radjabu, président du parti CNDD-FDD, au pouvoir au Burundi depuis le 26 août 2005, avait adressé une lettre au ministre pour annoncer la tenue d’un congrès extraordinaire du parti CNDD-FDD et demandé au ministre d’envoyer une équipe de son ministère à titre d’observateurs.

 

Hussein Radjabu, dans sa lettre au ministre, fixe le congrès au 24 février 2007, sans donner l’ordre du jour.

 

De son côté, le Secrétaire Général, se référant aux statuts et aux règlements d’ordre intérieur du parti CNDD-FDD, avait écrit au ministre une lettre en date du 24 janvier 2007 demandant que le congrès puisse avoir lieu au plus tard  le 04 février 2007 :

 

« … Twisunze ingingo y’163 y’Amategeko Ntunganyamugambwe, […], dutumyeko Ikoraniro Kaminuza Ridasanzwe ry’umugambwe CNDD-FDD rizoba kw’igenekerezo rya 04 Ruhuhuma 2007. Muri iryo Koraniro, hazokwigwa ibi bikurikira: 1) Guhinyanyura ingingo zimwe zimwe zo mu mategeko Ntunganyamugambwe na Ntunganyabikorwa y’umugambwe CNDD-FDD hisunzwe ibihe tugezemwo; 2) Gutora no kwemeza abarongoye umugambwe ku rwego rw’igihugu », peut-on lire dans la lettre en Kirundi adressée au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique , et datée du 24 janvier 2007.

 

Ainsi donc, contrairement à la lettre de Radjabu, le Secrétaire Général donne même l’ordre du jour de ce congrès extraordinaire, à savoir: amendement de certains articles des statuts et règlement d’ordre intérieur, suivi de l’élection des responsables du parti au niveau national, en l’occurrence le président du parti et le Secrétaire Général, etc.

 

La lettre du ministre, dont nous reproduisons ici un extrait mot par mot, donne finalement raison aux partisans de ceux qui réclament la tenue de ce congrès. Il invoque à cet effet l’aspect sécuritaire qui, avec le pourrissement de la situation, pourrait dégénérer par des violences au sein des militants du CNDD-FDD et même au sein de la population en général.

 

S’adressant à Hussein Radjabu, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique , le Général Major Evariste Ndayishimiye, dans sa lettre du 27 janvier 2007, ordonne quasiment donc la tenue de ce congrès dans les meilleurs délais et exige qu’un rapport sur la tenue dudit congrès lui soit envoyé au plus tard le 10 février, ce qui veut dire qu’il entérine en quelque sorte, la date du 04 février 2007 telle que proposée par le Secrétaire Général du CNDD-FDD, Major Manassé Nzobonimpa :

 

« … je voudrais attirer votre attention sur la situation sécuritaire préoccupante qui s’observe au sein de vos militants à travers tout le pays, laquelle est due essentiellement à la crise qui a surgi au niveau du leadership de votre parti »

 

« … eu égard aux différents rapports qui nous parviennent ici et là faisant état des inquiétudes de la population sur des éventuels troubles d’ordre public et suite aux positions des uns et des autres parmi vos proches collaborateurs, et aux risques de s’exposer aux sanctions prévues par l’article 64 de la loi No 1/006 du 26 juin 2003 portant Organisation et Fonctionnement des Partis Politiques, et nous référant à la requête du 24 janvier 2007 nous adressée par le Secrétaire Général du parti CNDD-FDD, je vous suggérerais ce qui suit : 1) Prendre toutes les dispositions nécessaires pour tranquilliser vos militants ; 2) Envisager le recul de la date annoncée dans votre lettre et organiser le congrès dans les plus brefs délais et me transmettre le rapport y relatif avant le 10 février 2007 ».

 

« De cette façon, vous aurez contribué au rétablissement de la sérénité dans le pays en général et au sein de votre parti en particulier et ainsi vous feriez preuve de l’amour patriotique qui vous a toujours caractérisé ».

 

« Le Secrétaire Général, qui me lit en copie, voudra bien veiller au strict respect du contenu de la présente ».

 

« Pour toutes fins utiles, je demanderais au Conseiller au Cabinet chargé des questions des Partis Politiques et au Directeur du Département des Affaires Administratives, Juridiques et Politiques de bien vouloir vous aider techniquement et de jouer par la suite le rôle d’observateurs [lors de ce congrès extraordinaire]… »

 

A suivre.