LETTRE DU DIRECTEUR DE LA RPA, EMMANUEL NSABIMANA A LA PRESIDENTE DU CNC

 

 

Madame la Présidente ,

 

 

Le 20 Juin 2008, vous avez convoqué les médias pour lire une déclaration du CNC contre ce que vous appelez les médias de la désolation, en l’occurrence des sites web écrivant sur le Burundi.

Vous indexiez particulièrement deux sites web dont  je n’ai pas jugé utiles de mentionner les noms pour une raison que je donne dans les lignes qui suivent.

 

En effet, me trouvant dans les enceintes du CNC ce jour-là, j’ai pris la parole pour vous faire remarquer l’inopportunité de la  déclaration que vous demandiez aux médias de diffuser largement. Et les arguments suivants soutenaient mon intervention :

 

1° Les Burundais qui ont accès à l’internet ne sont pas légion. Même pour les rares qui y ont accès, la majorité d’entre eux n’utilisent l’internet que pour envoyer des e-mails.

 

2° En diffusant votre déclaration, c’eut été faire une publicité gratuite pour  les deux sites web incriminés et les deux en particulier. Car, comme dans l’histoire biblique du fruit défendu, les internautes n’auraient pas manqué d’aller puiser à la source en visitant assidûment les sites web en question.

 

3° Certains de ces sites web sont hébergés en Europe ; d’autres aux Etats Unies ou au Canada. Se pose alors la question de savoir à quelles lois ou à charte professionnelle obéissent les sites web écrivant sur le Burundi. Tant il est vrai que les responsables de ces sites web ne vous ont pas demandé au CNC l’autorisation de travailler.

 

4° Même dans les pays occidentaux se pose la question de l’éthique qui doit régir les médias électroniques.

 

Voilà autant de raisons pour lesquelles je concluais mon intervention en suggérant au CNC d’organiser plutôt une ou des journées de réflexion sur l’éthique qui doit régir les médias électroniques au Burundi.

 

Madame la Présidente ,

 

En écrivant cette lettre, à travers votre déclaration du 20 Juin 2008, vous avez exprimé l’engagement du CNC à sévir contre les médias de la désolation. Aussi voudrais-je vous rappeler que, si le CNC se veut réellement conséquent, il doit éviter de faire deux poids deux mesures. Et pour cause.

 

 

Dans son article du 21 Juin 2008, « Ces Burundais qui déshonorent leur pays ! Quelques cas singuliers », le site web www.abarundi.org  commet,  ni  plus ni moins, un péché pareil à ceux que vous reprochez aux sites web que vous qualifiez de médias de la désolation dans votre déclaration du 20 Juin 2008.

 

Et s’il est vrai que la RPA et la Radio-tout comme notre consœur  Radio  Isanganiro- se voit couverte d’insultes dans l’article incriminé, c’est loin d’être le mobile de cette lettre. Autant, la RPA a semblé ignorer l’attaque du très gouvernemental Ubumwe en Février dernier, autant elle a l’habitude d’afficher la même attitude stoïque face aux attaques aussi injustifiées que celles du site www.abarundi.org .

 

 

Contrairement aux autres sites web écrivant sur le Burundi, www.abarundi.org  vous est on ne peut plus accessible. Il est bien représenté au Conseil National de la Communication en la personne du Vice-président, Jean Charles NKANGANYI. Et  même dans certaines autres hautes sphères de la communication gouvernementale.

 

Quand bien même M.Nkanganyi  et les autres auraient cessé de collaborer avec www.abarundi.org , ils en connaissent bel et bien les propriétaires.

 

 

Voilà pourquoi, Madame la Présidente , je demande au Conseil National de la Communication de faire preuve d’équité et de cohérence….et surtout d’indépendance.  Il y va de sa crédibilité.

 

Avec toutes les assurances de ma considération distinguée.

 

Emmanuel Nsabimana

 

 

 

 

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"Sans la liberté de blamer, il n'est point d'éloges flatteurs"(Beaumarchais)