Note de la rédaction: Nous publions une lettre ouverte d'un
lecteur nommé Bernard Nzibarega.
Lettre ouverte à tous les « Bagumyabanga »
Chère Mugumyabanga, cher
Mugumyabanga,
Je ne suis nullement membre
de votre famille politique. Je trouve, néanmoins, légitime de vous féliciter
pour le courage dont vous venez de faire preuve en destituant votre ex-Président
dans lequel vous ne vous reconnaissiez plus.
Par cet acte hautement
symbolique et historique, vous venez enfin de faire un premier pas vers le plein
exercice du mandat que l’électorat burundais a confié à votre Parti en 2005 et
qui expire dans une quarantaine de mois !
Tout en vous félicitant pour
votre sursaut démocratique, je me permets de vous faire part de mes
propositions concrètes pour sortir du gouffre dans lequel l’impéritie et
l’aventurisme du Sieur RADJABU nous a précipités, avec votre complaisante
complicité, et cherchait à nous maintenir jusqu’à son éviction. Ces
propositions concrètes, non exhaustives, sont au nombre de six.
- 1. « Umwami agirwa n’abagabo ».
Le premier devoir d’un bon chef consiste à mettre un point d’honneur à
s’entourer de collaborateurs compétents et efficaces. Votre formation
politique qui a gagné les élections par défaut, faut-il le souligner, manque
cruellement de projet politique ou de projet tout court. Où voulez-vous
mener le Burundi, comment, avec quels moyens, pour et avec qui, en combien
d’étapes et lesquelles ?
- 2. Pour votre
crédibilité et pour rattraper le temps perdu, vous devez instaurer
rapidement une vraie politique qui mette un terme à l’impunité, le système
de corruption et toutes sortes de violations des droits de l’Homme que
Hussein RADJABU et vous aviez institutionnalisés. Complexé, à tort, par son
niveau intellectuel, votre ex-Président restera dangereux tant qu’il sera en
liberté et que la Justice burundaise ne regagnera pas son indépendance
totale dans le strict respect du droit. En effet, cet homme pourrait être
comparé au tristement célèbre « Dictateur-Bouffon » IDI AMIN DADA qui
n’hésitait pas à faire égorger quiconque avait le malheur de contester son
autoritarisme. RADJABU mérite de comparaître devant la justice, ainsi que
tous ses complices, même s’il est présumé innocent.
- 3. Le Président
NKURUNZIZA, qui est loin d’être blanc dans le dossier RADJABU, doit,
impérativement, tourner définitivement le dos à la théocratie
anticonstitutionnelle dont il n’a pas l’air de mesurer les désastres sur
l’économie de la Nation. L’urgence est, plutôt, à la formation d’une
équipe gouvernementale de choc et laïque dont votre famille politique
doit superviser les résultats en permanence, dans l’intérêt de tous les
Burundais, en commençant par les plus défavorisés. Le Burundi est un Etat
laïc et les Burundais ont davantage besoin de pain et de paix.
- 4. Des mesures
concrètes et urgentes s’imposent pour que d’ici 3 ans, par exemple, par
solidarité, 100% des citoyens burundais (et pas uniquement les nantis)
mangent à leur faim, habitent des maisons construites en dur avec eau
potable et électricité, jouissent de toutes les libertés individuelles qui
caractérisent un Etat de droit, etc…Aucune Burundaise ni aucun Burundais ne
devrait plus marcher pieds nus, etc…La politique est une vocation .
- 5. La diaspora
burundaise est, bien sûr, prête, à contribuer au développement de la
mère-patrie, à condition d’avoir des garanties de ne pas investir à perte.
Il en est de même des investisseurs tant nationaux qu’internationaux….Ces
garanties sont entre vos mains, pour le moment. Charge à vous de les
matérialiser.
- 6. « Ubwenge
burarahurwa » : Les gesticulations désespérées de Monsieur RADJABU ne
doivent pas vous faire perdre de vue que vous avez un devoir de résultat. Si
vous vous laissez distraire par cet individu ou si vous tentez de couvrir
ses errements, pourtant, préjudiciables à votre image de marque, vous
donnerez raison à ceux qui doutent encore de vous. Mobilisez plutôt toutes
les compétences disponibles en interne du Parti et en dehors afin de réussir
votre pari. Vous n’avez perdu que trop de temps ! Un recentrage idéologique
salutaire à votre parti et bénéfique à l’économie burundaise s’impose.
Chère Mugumyabanga, cher
Mugumyabanga,
Quel que soit votre rang,
vous venez de nous débarrasser d’un délinquant politique, mais le plus dur est à
venir. Montrez-nous, à présent votre capacité à nous débarrasser de l’IMPUNITE,
de la TERREUR, du VIDE POLITIQUE, qui a fait, jusqu’à aujourd’hui, le bonheur de
tant de criminels ( dont certains ont du sang sur les mains) et autres
putschistes en liberté si pas carrément dans les sphères du pouvoir actuel…
Votre tâche est titanesque.
Mais si vous aimez vraiment votre Patrie, je n’ai aucune raison de douter de
votre détermination pour vous acquitter de votre noble mission à la grande
satisfaction du peuple burundais qui, en retour, vous le revaudra, le moment
venu. L’inverse pourrait aussi se vérifier. Votre sort politique est entre vos
mains !
Votre avenir politique est
suspendu à votre aptitude à vous démarque des régimes précédents que vous
prétendez avoir combattus. Vos promesses nous intéressent moins que vos
actes concrets ainsi que vos résultats. Nous sommes détenteurs du pouvoir que
vous exercez en notre nom. Vous nous devrez un BILAN à la fin de votre mandat.
En attendant vous avez tous les leviers dudit pouvoir. Mais attention de
ne pas vous écarter du bon chemin. Faites le ménage : c’est votre devoir.
Au nom de la liberté
d’expression, recevez mes sincères salutations.
Bernard
NZIBAREGA.
