LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DES FINANCES DU BURUNDI

 Burundi news, le 31/08/2014

Par Gratien Rukindikiza

Monsieur le ministre des finances du Burundi,

Je me permets d vous écrire après votre intervention au parlement pour répondre à une question posée par un député de l'Uprona concernant la baisse dans le budget des fonds provenant de l'AMISOM. L'inquiétude du député Nditije de l'Uprona était fondée. Les recettes du Burundi inscrites dans le budget provenant de la participation des militaires burundais à la mission de l'AMISOM en Somalie sont passées de 29,5 milliards de francs bu à 3 milliards francs bu.

Monsieur le ministre, vous avez expliqué que le Burundi n'a pas des armes et que certains pays africains lui ont prêté des engins et armes et que l'argent qui revenait au Burundi est versé directement à ces pays. Ainsi, il resterait 3 milliards de francs bu à verser au Burundi. Les finances du Burundi sont à la hauteur des compétences du ministre. Je suis tombé des nus à entendre votre raisonnement, voire votre mensonge. Monsieur le ministre, même un mensonge se prépare et doit être intelligent. Ce qui est désolant, c'est la qualité de votre réponse, vraie ou fausse.

Monsieur le ministre, procédons par étape dans notre lettre. Prenons, le  Burundi a reçu en 2013 un montant de 29, 5 milliards de francs bu en contrepartie des armes utilisées en Somalie par nos troupes et aussi en raison de 200 $ US par militaire et par mois. Avec ces éléments, les recettes ont été de 29, 5 milliards de francs bu. Si on vous suit bien, le 01 janvier 2014, l'armée burundaise a perdu en Somalie toutes ses armes et aussi 4500 militaires. A ce qu'on sache, El Shabab n'a pas causé une telle perte à l'armée burundaise. Si l'armée n'en a pas perdu au cours des batailles, un malin lui a volé ses armes et ses militaires. Pourtant, le vol n'a pas été repris dans les médias. Quel malin!

Si par ailleurs, ce vol n'a pas eu lieu, le Burundi devait recevoir logiquement le même montant que l'année 2014.

Monsieur le ministre, que les militaires me pardonnent. Les armes font partie du secret militaire mais quand les détournements se font sur base d'un mensonge lié à ce secret, je ne peux m'empêcher d'en parler. De plus, quel secret militaire quand un civil comme Thomas de Ngozi peut être intermédiaire dans l'achat des mortiers et des bombes, l'armée se retrouve à l'état civil.

Monsieur le ministre, je vais vous détailler ce qui rentrera au Burundi payé par l'AMISOM y compris les montants détournés.

Le Burundi a aujourd'hui 5 432 militaires en Somalie, y compris les 20 civils de la Documentation ou des imbonerakure dans chaque bataillon. Ainsi, les recettes juste pour ces militaires au profit de l'Etat sont de 200 $*5432*12*1500= 19,5 milliards des francs bu au taux de 1 500 frs bu le dollar. Chaque militaire a une arme individuelle, kalachnikov. Chaque kalash rapporte 6 $ par mois; soit 6$*5432 militaires*12 mois *1500= 586 millions des francs bu. Il y a deux chars donnés par la Libye qui sont en Somalie; soit 5 000$*12*1500 = 90 millions de  francs bu. Il y a 12 chars prêtés par l'Ethiopie et donc, l'Ethiopie reçoit 50 % des 5 000 $. Ainsi, ces chars rapportent au Burundi 2 500 $*12*12*1500 = 540 millions des francs bu. Je ne parle pas des chars caspil donnés par des Américains qui n'ont pas autorisé à ce que les Burundais en soient indemnisés. 12 blindés burundais  à hauteur de 4000 $*12*12*1500 = 864 millions de francs bu. Nous en sommes déjà à plus de 21 milliards des francs bu. Je me garde tout détailler concernant les obusiers 122 mm, les mortiers 120 et mortiers 80, les camions citerne, les camions de transport de troupe, les cuisines roulantes et d'autres remboursements annexes.

Monsieur le ministre, nous sommes pratiquement au même montant que l'année 2013. La grande question qui se pose est de savoir où va cet argent. Y-a-t-il un détournement de 26 milliards?

Monsieur le ministre, vous ne pouvez pas ne pas profiter de ma gentillesse. Je ne révèle pas aussi l'argent provenant de la République centrafricaine où il y a nos militaires. Ces montants ne sont pas dans le budget 2014.

Monsieur le ministre, dans ce dossier, les trahisons viennent du ministère de la défense nationale. Le porte parole de l'armée a été clair. Les finances de l'AMISOM sont gérées par votre ministère. Tout ce qui s'y passe ne les concerne pas. En d'autres langages, vos magouilles ne les concernent pas. D'autres sources bien informées disent que le ministre de la défense affirme qu'il gère les fonds de l'AMISOM. Qui croire?

Monsieur le ministre, les informations en provenance du ministère de la défense confirment nos bases de calculs. Le problème serait l'affectation de ces 29 milliards. Pour quiconque connaît la comptabilité, on ne peut pas mettre au crédit sans qu'il y ait une contrepartie au débit. Comment peut -on dépenser 29 milliards alors qu'il y a dans les recettes 3 milliards? Comment peut -on dépenser 26 milliards sans qu'on ne les trouve ni dans les recettes, ni dans les dépenses dans le budget de l'Etat? Si l'argent arrive sur un compte spécial et sort par un autre compte spécial, il suffit de remplacer spécial par au noir pour comprendre que ça rime avec détournement.

Monsieur le ministre, il va de soi que vous avez beaucoup de dossiers problématiques dans ces jours comme ces armes non réceptionnées de 220 milliards. De ce fait, je termine ma lettre ouverte pour ne pas vous prendre votre temps. Je ne manquerai pas de vous dire que vos conseillers ne vous aiment pas ou sont incompétents s'ils vous ont conseillé de donner les explications fournies au parlement.

Je vous d'agréer Monsieur le ministre des finances mes sincères salutations.

Gratien Rukindikiza