BUNYONI ET ADOLPHE LIMOGES, QUEL MENSONGE! 

 Burundi news, le 29/11/2014

Par Gratien Rukindikiza

Ce 28 novembre 2014, un décret est sorti au Burundi et beaucoup de Burundais ont été contents. Sont-ils allés trop vite en besogne?

Ce décret remplace Adolphe Nshimirimana à la tête de la Documentation et Bunyoni à la tête du cabinet du Président de la République. Les deux constituaient le trio infernal qui gouverne le Burundi. Toutes les voix s'étaient élevées pour demander leur limogeage. Les deux généraux les plus craints de la capitale se retrouvent à des postes sans importance.

Burundinews a enquêté sur les circonstances de ces limogeages, des non dits. Qu'est-ce qui a tout déclenché? Nkurunziza, a-t-il eu la force de les virer? La surprise est de taille.

Tout commence par une fronde des généraux et une lettre de mise en garde au Président

Ces derniers mois, Burundinews était au courant des tractations entre certains généraux ex- FDD. Nous avons vite compris que la situation catastrophique du pays dans laquelle le trio le plongeait les préoccupait comme les autres Burundais. Il y a eu plusieurs réunions entre ces généraux. Vers les dernières semaines, les réunions se faisaient au vu de tout le monde. Ces généraux ont décidé d'écrire une lettre au Président de la République. Burundinews n'a pas pu avoir la copie de la lettre mais a été informée du contenu.

La lettre au Président écrite par les généraux ne passe pas par quatre chemins. Les généraux, hors Bunyoni et Adolphe Nshimirimana, ont demandé au Président de la République de limoger les deux généraux. Ils ont fixé les règles, soit il choisit de les virer, soit il choisit de partir à trois ensemble. Le Président de la République a pris au sérieux la menace et a décidé d'agir. Il ne pouvait pas se mettre à dos les généraux ex- FDD.

Il n'a pas été facile pour ces généraux de s'organiser. Au départ, ils craignaient les fuite et après un mois, ils ont décidé d'agir sans se cacher. Leur force a été en croissance étonnante. Même les généraux de l'extérieur ont participé à la fronde sans pour autant signer la lettre. Deux généraux, directeurs des cabinets du Président, ont été les promoteurs de l'action. Le dernier signataire de la lettre est le général alias Ndakugarika. Il était le directeur de cabinet du chef de la Documentation le général Adolphe Nshimirimana. Il a accepté de signer après avoir constaté que la force penchait du côté des frondeurs.

Le Président Nkurunziza a négocié avec ceux qu'ils voulaient limoger et ont posé des conditions

Le Président Nkurunziza a convoqué les deux généraux à virer et leur a montré la lettre. Il a dit qu'il est obligé d'agir pour éviter la casse. Les deux généraux ont accepté de quitter leurs postes à condition qu'ils restent dans des emplois dépendant directement du Président de la République et surtout de limoger aussi les frondeurs.

Le décret de limoger et les frondeurs et les deux généraux a été bel et bien écrit par Bunyoni. Le directeur de cabinet police du Président, un des chefs de file des frondeurs a été affecté à la tête de l'INSS, le directeur de cabinet militaire à la tête de Sobugea.

Quant aux généraux du trio, Bunyoni est secrétaire général du conseil national de sécurité, un poste dodo, mais en contact avec le Président. Adolphe est le chargé des missions à la Présidence. Il sera au même rang que Rurimirije, sauf qu'il ne se présentera presque jamais au bureau. Les deux généraux seront en quelque sorte des réservistes immédiats du Président Nkurunziza. Adolphe continuera à s'occuper des imbonerakure et les hommes de manteaux qui tuent la nuit et Bunyoni sera toujours l'homme de l'argent du Président Nkurunziza.

Espoirs déçus

Pour tous ces Burundais qui ont fêté la chute d'Adolphe et Bunyoni, ils peuvent déchanter. Le trio restera en fonction. Nkurunziza a juste voulu calmer les frondeurs. Après le passage de la tempête, les deux généraux reprendront du service sous une autre forme.

Le limogeage des deux généraux ne signifient pas que Nkurunziza ne sera pas candidat pour un troisième mandat ou Radjabu sera libéré. Le système ne change pas. Adolphe et Bunyoni n'ont jamais posé un acte sans que le Président donne son accord.

Espoirs déçus chez les généraux frondeurs aussi car ils ont été limogés de leurs postes par les deux généraux virés. Les deux combattus restent à côté du Président alors que les généraux frondeurs ne sont plus en contact avec le Président de la République. Seront-ils écartés complètement? Rien n'est sûr car on est en face d'un rapport de force inégale. Ces frondeurs sont les plus forts et cette force n'est pas à minimiser. La preuve, pour faire ces chambardements qui ont le plus mécontenté les frondeurs que les deux généraux Adolphe et Bunyoni, le Président Nkurunziza a demandé à Bunyoni de sortir le décret après son arrivée à Dakar au Sénégal où il est en sommet de la francophonie.

Et la suite?

Les changements opérés ne doivent pas désorienter les gens. C'est un non évènement. Le système Nkurunziza reste et c'est le plus dangereux. Espérons que le général Niyombare, patron actuel de la Documentation ne fasse pas de ce service ce qu'il était avant. Le seul élément tangible est la déclaration de ne pas se présenter en troisième mandat. Entre temps, la suite sera dure. Le rapport de force est une notion qui se mesure des fois par les armes. Bonjour les dégâts collatéraux!

A suivre