UNE SERIE DE LOIS POUR SACRER NKURUNZIZA CANDIDAT UNIQUE

Burundi news, le 09/06/2013

Par Gratien Rukindikiza

La loi sur la presse promulguée par le Président de la République est une épine dans le pied du pouvoir. Les Burundais avaient décrié cette loi autoritaire, digne d'une dictature à l'ancienne. Un parti unique avec ses satellites, une radio d'Etat avec ses sous traitants, un seul courant politique et ses courtisans et enfin un seul groupe économique et ses mendiants. Voilà brossé le tableau du nouveau Burundi que prône notre cher Président Nkurunziza.

Le directeur de cabinet et son adjoint ont eu gain de cause

La communauté internationale a critiqué cette loi sur la presse. Les communiqués fusent de partout. Le pouvoir est insensible. Le général Guillaume Bunyoni, directeur de cabinet du Président et son adjoint Bosco Ndikumana ont imposé cette loi sur la presse. Ils ont ramé contre vents et marées pour que cette loi passe. Plusieurs proches du Président avaient tout fait pour qu'ils ne signent pas cette loi. L'influence de son directeur de cabinet civil a été décisive. Certains soupçonnent même Alain Guillaume Bunyoni de vouloir induire le Président en erreur afin qu'il soit déclassé pour la communauté internationale et qu'il ne se présente pas aux élections de 2015. Bunyoni espère récupérer le pouvoir grâce à l'argent de la corruption qu'il a amassé.

Le porte-parole du Président vient d'annoncer que le Président Nkurunziza a signé le texte promulguant la loi sur la presse à partir du Japon. Un mensonge. Le texte de loi a été signé plusieurs jours avant son départ au Japon. La question qui se pose est de savoir pourquoi son directeur de cabinet civil a choisi le moment où le Président Nkurunziza était avec ses pairs africains au Japon pour sortir cette loi controversée. Il n' y a aucune autre explication pour justifier cette sortie après la sortie du Président. Est-ce que Nkurunziza serait victime d'une manipulation? Aurait-il demandé à son directeur de cabinet de sortir le décret en son absence? 

Une loi contre les manifestations et une loi contre les candidats et le tour est joué! La boîte à outil de Peter

Après la loi sur la presse, le Président Nkurunziza prépare une loi pour interdire les manifestations des partis politiques. Le CNDD-FDD et ses satellites seront tolérés. Cette interdiction privera les partis de l'opposition de faire campagne ou de se faire entendre auprès de la population. Ni presse, ni meeting, le Président Nkurunziza espère être le seul audible dans le pays.

Pour couronner tout, une autre loi suivra qui devra interdire toute personne disposant d'une immunité provisoire de se présenter aux élections. Il faut entendre Rwasa et d'autres politiciens. Des procès pourront s'accélérer contre les opposants et le Président leur accordera des immunités provisoires. Ils auront le droit de sortir de Mpimba mais sans se présenter aux élections. Les Burundais devront s'attendre à des provocations, des emprisonnements politiques les mois à venir.

Le Président Nkurunziza sait bien qu'il sera décrié par la communauté internationale. Il a déjà anticipé en installant son ambassade en Iran, pays ennemi de l'occident. Il espère recevoir des aides de l'Iran. Comme on le dit l'ennemi de ton ennemi est ton ami. Sauf que la tâche est toujours difficile pour Nkurunziza. Il joue  quitte ou double.

Futures élections mal engagées

 Le pouvoir du CNDD-FDD ne semble pas être en accord avec lui-même. A Kayanza, les partis politiques, y compris le CNDD-FDD, ont décidé certaines mesures pour les prochaines élections notamment le bulletin unique de vote et la prise et la prise en charge des mandataires des partis politiques lors des élections. Le pouvoir a décidé de torpiller cet accord qui pourrait empêcher de tricher. Il refuse de valider cet accord.

L'autre point d'échoppement est la candidature du Président Nkurunziza qui briguerait un troisième mandat. Il devra d'abord mener la bataille au sein du CNDD-FDD avant d'affronter l'opposition, qui au nom de la constitution et des accords d'Arusha, refusera au Président Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat. Pourtant, les hommes de valeur, ayant une stature internationale, pouvant incarner l'apaisement, l'espoir économique ne manquent pas au CNDD-FDD. Le Burundi est sous une direction politique qui n'est pas à envier en Afrique. Au moment où les autres pays parlent de croissance à 8 %, à la bonne gouvernance, au Burundi, on parle de corruption, de massacres, de violation des droits de la presse, etc....  Comme le disait le Président Hollande, le changement, c'est maintenant.

Le Président Nkurunziza fera lire la constitution par ses magistrats de la cour constitutionnelle qui devront lire un communiqué devant la télévision écrit dans les bureaux de la Présidence.

Le Burundi est un petit pays. Sa direction est suivie par le monde entier. Le monde est tellement petit que la politique menée au Burundi ne peut pas rester sourde à la critique de la communauté internationale.