JUSQUE QUAND LE CNDD-FDD SUPPORTERA-T-IL LA LUTTE ENTRE RADJABU ET ALICE NZOMUKUNDA ?

Par Gratien RUKINDIKIZA

 Burundi news, le 05 juin 2006

Le virus de division est vraiment enraciné au Burundi. Hier, on parlait de régionalisme, d’ethnisme, de clanisme et aujourd’hui, ce sont des luttes internes au sein d’un même parti. Depuis les élections de l’année dernière, le Frodebu a été affaibli par des divisions internes. Dans ces jours, le CNDD-FDD a été fragilisé par les histoires de corruption révélées au grand jour lors du déballage médiatique qui a suivi le limogeage de Basabose.

Les effets collatéraux de l’affaire Basabose-Radjabu n’ont pas épargné Alice Nzomukunda, vice-Présidente de la République. Après l’annulation de ses rendez-vous en Belgique comme nous l’avons écrit dans notre article précédent, Alice Nzomukunda est bien partie en guerre contre Radjabu. Ca casse ou ça passe ! Les événements ont pris un tournant qui laisse penser qu’entre Radjabu et Alice Nzomukunda, un des deux va perdre et sûrement partir. Si la situation perdure, c’est le parti CNDD-FDD qui s’affaiblira de plus en plus.

Certains confrères avaient écrit que le président du Sénat et le vice-président de l’Assemblée, respectivement Gervais Rufyikiri et Onésime Nduwimana sont de connivence avec Alice Nzomukunda pour évincer Radjabu de la direction du parti. Certains avaient même dit que le congrès de Bururi servirait à adopter une motion contre Radjabu. Vérification faite, Rufyikiri et Nduwimana n’ont jamais participé à une fronde contre Radjabu du côté d’Alice Nzomukunda.

Le congrès de Bururi n’a pas évoqué le différend entre Radjabu et Alice Nzomukunda même si la présence du Président de la République aurait aidé  à les réconcilier ou à sanctionner le ou la  fautive. Ce congrès a fait un pas en arrière en officialisant la marginalisation des journaux. Le CNDD-FDD doit comprendre que les médias et la société civile ont un rôle à jouer. Les journalistes ont besoin du respect comme les politiciens en ont aussi besoin. Ce congrès a préféré éviter les sujets qui fâchent pour le maintien du statu quo.

Le lobbying d’Alice Nzomukunda a déjà commencé. Dans sa lutte, elle a besoin de beaucoup de « cartouches » car Radjabu contrôle bien le parti. Lui faire une déclaration de guerre est un exercice périlleux.  Beaucoup de militants préféreront le plus fort pour gagner avec le vainqueur plutôt que de  perdre avec le vaincu. C’est la règle au Burundi. C’est ainsi que la migration des militants se fait des partis futurs perdants vers les futurs gagnants.

Ce lobbying ne donne pas assez de fruits. Il est par ailleurs suivi avec attention par les partis de l’opposition et surtout les radios qui s’estiment méprisées par Radjabu, président du parti CNDD-FDD. Dans cette dualité entre Alice Nzomukunda et Radjabu, la presse a déjà choisi son camp à savoir la vice-Présidente.

Le conflit interne au sein du parti qui est au pouvoir fragilise aussi le Burundi. Une vice-Présidente ne devait pas avoir de conflit avec le chef d’un parti politique. Elle a une délégation du pouvoir des Burundais et non du CNDD-FDD. Elle a la mission de développer économiquement et socialement le Burundi et le non le CNDD-FDD. Le président d’un parti s’occupe des affaires de son parti. Si son parti est au pouvoir, il contrôle l’action gouvernementale au niveau du Parlement et du Sénat. Ce conflit entre deux personnalités dont les fonctions sont diamétralement opposées n’a même pas lieu d’être. J’ose espérer qu’aucun des deux ne veut la place de l’autre.