LA LIBERATION DE SINDUHIJE RISQUE DE FAIRE DES VICTIMES
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 12/05/2009
Il y a des moments où le peuple se demande si il est dirigé par des chefs qui ont perdu la tête. Je pèse mes mots. Les Burundais n'en reviennent pas pourquoi des dirigeants peuvent adopter une barbarie comme mode de gouvernement, un spectre de danger, faire peur à son peuple pour le ramener à se taire. Ceux qui commettent des barbaries oublient qu'un moment donné, ils peuvent être victimes de ces mêmes barbaries. Même les révolutionnaires français qui avaient institué la guillotine sont passés par la guillotine.
Un magistrat séquestré par des agents de la Documentation
La libération d'Alexis Sinduhije n'a pas plu au patron de la Documentation. Selon certains proches du pouvoir, le Président Nkurunziza a dû s'expliquer pour faire comprendre la décision de libérer Alexis Sinduhije. Son dernier argument choc était que ces généraux ou ce général n'est pas lui qui reçoit ces Européens venus "insulter" (Si wewe baza gutuka). La colère grondait dans la salle où étaient présents quelques généraux et le Président Nkurunziza.
Le magistrat dans la mairie de Bujumbura portant le nom de Désiré Nizigiyimana a failli faire les frais de ces divisions au sommet. Depuis la libération d'Alexis Sinduhije, son téléphone a sonné plusieurs fois. Des appels anonymes lui ont fait comprendre qu'il faut qu'il finance d'abord trois tombes pour 2 magistrats qui ont instruit le dossier Sinduhije et lui. Il a eu plusieurs filatures.
Ce magistrat est accusé d'avoir reçu de l'argent de Sinduhije pour le libérer. Or, Désiré Nizigiyimana n'est pas le magistrat Désiré qui a instruit le dossier. Il n'a jamais traité, ni de près, ni de loin ce dossier. Sur fond d'ethnisme, ceux qui l'appelaient lui ont dit que ce n'est pas le Désiré hutu qui a fait cela, que c'est Désiré le tutsi. Comme si un magistrat hutu ne pouvait pas dire le droit et décider de libérer un prévenu innocent tutsi. Il y a encore du chemin à faire.
Le mercredi 6 mai 2009, Désiré Nizigiyimana marchait à pied à côté de la BRB, non loin d'un bar du coin. Une voiture jeep immatriculée IT...... de marque Nissan Panfinder a roulé vite vers lui et il s'est arrêté. Il croyait que c'était quelqu'un qui le connaissait qui voulait lui parler. Un policier en uniforme de policier est sorti de la jeep et a braqué son pistolet sur le magistrat. Il était 18 heures et les gens circulaient. Il l'a poussé dans la jeep où d'autres personnes l'attendaient et lui ont mis une cagoule sur la tête. La jeep a foncé tout droit vers Muha derrière le grand séminaire.
Dans le boisement, à côté de Muha, les policiers et membres de la Documentation lui ont demandé de dire combien d'argent ils ont reçu de Sinduhije pour instruire ainsi le dossier de celui qu'ils traitaient de "mumenja", un traître à la nation. Les deux autres questions étaient : Qui a apporté l'argent et comment ils ont partagé l'argent. Ils ont voulu le tuer mais il y a un membre du commando qui a dit que ce n'était pas la mission reçue.
Ils l'ont relâché derrière le grand séminaire avec un message. Répondre aux trois questions endéans trois jours, faute de quoi, il sera tué. Pour faire pression, ils lui ont promis de lui apporter les têtes de ses enfants.
Qui est derrière?
Il est clair que des services du pouvoir sont derrière cet enlèvement. Un policier armé qui travaille avec des gens en civil pour poser des questions sur la libération de Sinduhije ne mène pas à plusieurs pistes. Ce n'est qu'un secret de Polichinelle de savoir qui était opposé farouchement à la libération de Sinduhije.
Ce qu'il faut savoir. Les Burundais ne se laisseront pas abattre comme de petits chiens du seul fait qu'un individu dispose des moyens de l'Etat, lequel Etat vit des subventions du peuple et de la communauté internationale. Hier, il y avait d'autres aux mêmes postes, demain, il y aura d'autres. Personne n'est éternel au pouvoir au Burundi. Plus on exerce le pouvoir avec la violence, plus la probabilité de quitter le pouvoir par la violence est grande aussi.