LE TROISIEME MANDANT DU PRESIDENT NKURUNZIZA DE TOUS LES DANGERS

Burundi news, le 26/05/2013

Par Gratien Rukindikiza

L'Union Africaine célèbre en grande pompe le Panafricanisme et la Renaissance, cinquante après la création de l'OUA. Nkrumah et Hailé Sélassié auraient des larmes aux yeux en voyant les progrès non réalisés par les Présidents africains. Les pères des Indépendances demanderaient à nos illustres dirigeants ce qu'ils ont fait de l'Afrique et surtout des Africains. Nos chers dirigeants ont confondu leurs peuples et leurs familles. Certains se préoccupent de leurs richesses, de la corruption pour leurs familles et ont sacrifié sur l'autel de la pauvreté nos chers peuples. Les richesses des Nations sont devenues les malheurs des peuples. Certains Présidents se maintiennent au pouvoir pour se protéger car ils ont volé dans les caisses de l'Etat, ils ont tué pour se maintenir au pouvoir. Ils se maintiennent au pouvoir car ils estiment que leurs poches ne sont pas encore remplies malgré la misère qui frappe les peuples.

Au Burundi, le Président Nkurunziza tient à faire un troisième mandat. La constitution et les accords d'Arusha ne le lui permettent pas. Le grand combat se déroule au sein de son parti politique le CNDD-FDD. Il tente de convaincre mais en vain.

Réunion silencieuse du 12 avril 2013

Le Président Nkurunziza est rentré d'Iran le 12 avril 2013 vendredi soir. Ce même jour, il a rencontré à la permanence du CNDD-FDD tous les élus et administrateurs du CNDD-FDD. Paradoxalement, la réunion n'avait aucun ordre du jour.

Le Président est arrivé, l'hymne national a suivi et après la prière. Il a fait un monologue qui a ennuyé les participants. Il a mis en garde les "infiltrés au sein du parti" pour le compte de l'opposition. Il a dit qu'il y a une indiscipline, des gens qui commencent à se réclamer de chef d'Etat. Il a bien dit qu'il y a un seul chef d'Etat et un seul chef du parti. " Les jours à venir, nous allons faire revenir la discipline. Toute personne qui a volé, tué, le parti va mettre en place une commission pour les traduire devant la justice", je cite le Président Nkurunziza.

De ces propos, un constat se dégage. Le Président sait bien qu' au sein de son parti, il y a des personnes qui ont tué, qui ont volé et il les couvre. Est-ce qu'il change d'avis parce qu'on lui dispute le pouvoir? Pourquoi un parti pourrait-il influencer la justice?

Le monologue du Président Nkurunziza visait deux personnalités importantes du CNDD-FDD. Certains murmurent que le Président Nkurunziza serait en perte de popularité au sein même de son camp au profit de ces personnalités.

En conclusion, le Président Nkurunziza a dit ceci : "Pour ces raisons, ne soyez pas étonnés que des grandes décisions soient prises au sein du conseil des sages, dans un petit noyau. Les autres seront informés après".

La réaction des participants convoqués a été la stupéfaction. Silence dans la salle. Aucune personne n'a pris la parole. C'est ce mécontentement des participants qui a facilité ces fuites.

Deuxième réunion

La deuxième réunion convoquée concernait très peu de gens. Les hautes personnalités issues du CNDD-FDD étaient présentes. Notons aussi la présence du général Nshimirimana Adolphe et quelques autres généraux, le ministre de l'intérieur et Willy Nyamitwe.

L'ordre du jour était aussi confus. Le Président a demandé qu'il y ait un consensus entre les personnalités qui sont concernées par des projets de loi en citant par exemple la loi sur la presse comme s' il voulait rejeter la faute aux autres.

Le Président a aussi demandé qui pourrait représenter le parti CNDD-FDD en 2015. Un silence de marbre! Seul le général Adolphe Nshimirimana a pris la parole. Il a dit qu'il y a qu'un seul qui peut les représenter, c'est le Président lui-même. Il a dit que ce n'est pas un jeu. "Si nous perdons les élections, personne ne sera épargnée, nous entrerons en prison". Il a dit qu'ils doivent être vigilants, faire tout pour modifier le code électoral prévu à Kayanza, faire en sorte que le chef de l'Etat puisse de représenter. Je cite encore le général Adolphe Nshimirimana : " Il n'y a plus de jeux, nous tous, allons mettre les tenues de combat et nous verrons qui va refuser". A bon entendeur salut!

Les participants qui ne sont pas d'accord avec cette version n'ont rien dit. La tension commence à monter au sein de ce petit cercle. Certains sont inquiets pour leur sécurité. Des messages circulent chez les militants pour ne pas voter en faveur de Nkurunziza en cas de primaire au CNDD-FDD. Le recensement prévu est un autre message. Il a pour but de savoir qui est encore avec le Président Nkurunziza.

Tout le jeu sera entravé par les Imbonerakure qui commencent à s'ériger en un corps de sécurité répondant qu'aux ordres de la Documentation et certains redoutent qu'ils éliminent tous ceux qui ne soutiennent pas le Président Nkurunziza. Les cadres du parti CNDD-FDD ne les contrôlent pas. Les responsables communaux des Imbonerakure ont un salaire mensuel de 150 000 frs par personne payé par les services de renseignement (Documentation).

Ce sont ces dissensions internes qui expliquent les meurtres  de certains cadres locaux perpétrés par les milices Imbonerakure.