MAPROBU MISE EN HIBERNATION

 Burundi news, le 31/01/2016

La question burundaise n'accorde pas du repos au monde entier. Le conseil de sécurité s'est déplacé au Burundi pour convaincre Nkurunziza d'accepter l'envoi de la force MAPROBU et de s'engager dans un dialogue inclusif.

L'envoi de cette force MAPROBU déjà décidé par le conseil de paix et sécurité de l'Union Africaine s'est heurté au refus catégorique de Pierre Nkurunziza. Face à ce refus, les présidents africains devaient prendre une décision radicale d'envoyer ces troupes en force. La décision devait être prise au deux tiers des chefs d'Etat. Les chefs d'Etat ne sont pas arrivés à ce vote car les tendances étaient déjà connues. Le vote positif ne pouvait pas atteindre les 2/3 des membres.

Hésitation des chefs d'Etat africains

 Les Présidents gambien et équato-guinéen ont lancé une salve d' attaques contre la MAPROBU. L'Angola, la Tanzanie, la Namibie  et l'Afrique du Sud ont appuyé le refus de la Gambie et de la Guinée équatoriale. D'autres chefs d'Etat ont préféré se taire pour ne pas entrer en confrontation directe sur cette question d'envoi des troupes. Il faut dire que Nkurunziza avait fait un grand travail de lobbying au moment où l'opposition se reposer sur ses deux lauriers. Les chefs d'Etat n'ont eu qu'une seule version. Le CNARED devait se ressaisir. C'est en quelque sorte son échec.

L'Union africaine est en fin de compte l'Union africaine des chefs d'Etat. Celle des peuples n'existe pas encore. La protection des chefs d'Etat prime sur celle des peuples comme si les chefs d'Etat pourraient diriger des pays sans peuples.

Les chefs d'Etat ont peur que l'envoi de ces troupes soit le début du commencement; ce qui pourrait mettre en danger les dictateurs qui tuent leurs peuples. Ils s'identifient avec Nkurunziza. La peur du printemps africain les hante. Ils aimeraient que ce printemps s'arrête au Burkina Faso.

Que faire?

L'Union africaine est à la croisée des chemins et surtout le Président Idriss Deby. Il est le nouveau président en exercice de l'Union africaine. L' envoi de ces troupes est aussi son défi car si la situation empire, il n'aura aucune solution que celle de contempler le malheur du peuple burundais. Il devra assumer. C'est la même chose pour Mme Zuma.

Pour les Burundais, les espoirs sont déçus. Il fallait s'y attendre. Comme il fallait être politiquement correct, il était difficile d'affirmer qu'il n' y aura pas d'envoi de troupes au Burundi. Les morts burundais ne motivent pas assez une intervention militaire en phase de combat pour ces chefs d'Etat. C'est un engagement fort qui requiert de fortes personnalités comme Mandela, Nyerere, Nkrumah, Nasser, Sankara. Aujourd'hui, l'Afrique souffre de ses maux mais elle souffre surtout du vide créé par le départ de nos illustres héros africains. Les places sont vides. Les chefs d'Etat dignes de l'Afrique manquent. Si le Président rwandais fait redorer le blason de l'Afrique, la question burundaise est un piège pour lui et se retrouve les mains liées.

Les Burundais doivent compter sur eux- mêmes. Il est temps de dépasser les sentiments, les faux espoirs, l'usure des genoux pour prier un Dieu qui a déserté le Burundi et qui n'écoute pour le moment que Nkurunziza. L'union est toujours souhaitée mais la trahison, les mensonges ne payent pas. La lutte sera longue. Celui qui dira qu'elle durera quatre ou cinq mois sera un menteur. Elle nécessitera un engagement de chacun. Elle n'est ni ethnique, ni régionale. Les hutu sont tués comme les tutsi. Chez les imbonerakure, il n' y a pas de cadeau. Certains des cadavres sont des imbonerakure tués par le camp Nkurunziza parce qu'ils ont des secrets et ce camp craint des révélations, d'autres hésitent ou refusent même d'aller tuer les tutsi. Ils subissent le châtiment. Ce pouvoir est dangereux pour toutes les ethnies, tous les partis, y compris le CNDD-FDD. Beaucoup de  membres influents du CNDD-FDD disent hors micro comme on le dit qu'ils ont peur, qu'ils ont l'impression que Nkurunziza est devenu fou et qu'il écoute personne. Personne n'ose plus lui dire ce qu'il ne veut pas entendre.

Une petite MAPROBU pourra être envoyée au Burundi

 L'Union africaine sera ridiculisée par Nkurunziza. Elle tient à envoyer la MAPROBU. Les négociations vont tourner autour de la mission de la MAPROBU. On parle déjà de sécuriser la frontière avec le Rwanda. Or, il n' y a pas eu d'attaque sur la frontière avec le Rwanda. Les combats se déroulent dans la capitale Bujumbura et au sud du pays. Or, le Rwanda se trouve au Nord. Nkurunziza aurait dû accuser le Congo plutôt car c'est le pays qui est à moins de dix kilomètres de la capitale. MAPROBU serait envoyée dans les quartiers contestataires pour désarmer la population non armée. Ca sera une façon de la ridiculiser. Les massacres pourront alors continuer avec une force inerte par des missions ramenées au rabais juste pour sauver la face. Nkurunziza cherche une acceptation de mission conjointe MAPROBU-police-Imbonerakure afin de la réduire et de la désorienter.

Les Burundais pourront regretter l'arrivée de cette MAPROBU car elle pourra avoir la mission de chasser les rebelles plus que les criminels de Nkurunziza. Ce n'est pas la MAPROBU qui pourra sécuriser les opposants pour un dialogue au Burundi.