MASQUER LES DISSENSIONS INTERNES AVEC UN REPLI ETHNIQUE HONTEUX

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 29/07/2011

Le parti au pouvoir burundais le CNDD-FDD traverse une crise interne profonde. Tout est noyé dans le secret et dans la peur en interne. Des bruits de putsch par des généraux ex FDD ont été entendus et ont beaucoup inquiété le Président Nkurunziza lui-même qui a pris des mesures spéciales pour sa sécurité.

La corruption, le respect des droits de l'homme sont le tendon d'Achille de ce pouvoir. Ce sont ces points qui inquiètent les militants du CNDD-FDD. Ils sont obligés de suivre et de soutenir ceux qui construisent des villas avec l'argent de la corruption alors qu'ils sont dans la misère. L'insécurité entretenue par les miliciens, policiers et agents de service de renseignement produit un effet boomerang. Les autres burundais chassés par ces trois groupes  se vengent souvent sur les militants du CNDD-FDD.

Le Président Nkurunziza tente d'orienter le débat vers le volet ethnique

Pancrace Cimpaye avait signalé une réunion des généraux ex FDD à Ngozi. Burundi News peut confirmer l'information. La teneur de cette réunion peut se résumer en appel à la solidarité entre hutu. Le pouvoir est en train de chercher un bouc émissaire tutsi. Ce n'est pas dans les habitudes de Burundi News de soulever ce genre de divisions. Le bouc émissaire a été trouvé en la personne de l'ancien Président Buyoya. Selon des propos des participants à ces réunions, le pouvoir pointe du doigt Buyoya d'être derrière des groupes de hutus qui veulent saboter le pouvoir. Même si Buyoya a fait deux coups d'Etat, tout le monde sait qu'il n'est pas intéressé par le retour au pouvoir au moment où il est sollicité par des médiations internationales.

Des émissaires sont partis en Tanzanie pour tenter de joindre Rwasa et Nyangoma afin de les convaincre d'abandonner l'exil et de rentrer au nom de la solidarité ethnique hutu.

Cette solidarité ethnique est un vain mot quand ils s'agissent d'un pouvoir d'un Président hutu, une police dirigée par un hutu et d'un service de renseignement dirigé par un hutu qui tuent les hutus de Bujumbura rural. Les ex Fab, majoritairement tutsi sont tenus à l'écart de la purification dans Bujumbura rural.

Aucun pouvoir, en dehors de Ntega et Marangara et 1972, n'avait tué autant de hutu. Les Burundais devraient plutôt se mettre ensemble afin de chasser ce pouvoir par tous les moyens afin de libérer le peuple burundais.

La justice au service de la dictature

A Bujumbura, un dignitaire du pouvoir peut demander à un magistrat de mettre en prison telle ou telle personne sans motif. Il n'est pas rare de déterrer de vieux dossiers qu'on soit avocat dans le dossier, journaliste qui a couvert le procès. Peu importe, pourvu que le juge sauve sa place. Les juges sont devenus des garçons de course et qui ne méritent pas d'être payés ces salaires qui triplent ceux des autres fonctionnaires. Ils sont la honte de la nation.

Trois avocats sont en prison. Une avocate est en prison alors qu'elle défendait des présumés victimes de viol. Celui qui est accusé de viol est aussi en prison. L'avocat qui l'a poussé en prison le rejoint. Quelle parodie judiciaire burundaise! Parce que l'avocate aurait facilité un reportage télévisé de la chaîne de télévision M6. Que cache le pouvoir alors dans ce dossier Faye?

L'avocat Nyamoya est en Mpimba pour un dossier dans lequel il a défendu une victime de montage dans le dossier Kassy Malhan. Ceux qui étaient accusés de crime sont libres dont un figure parmi les trois grands chefs de la police.

Faire taire la société civile après avoir poussé à l'exil les opposants politiques est le nouveau challenge du pouvoir. Léonce Ngendakumana, président du Frodebu doit affronter les miliciens du CNDD-FDD, déguisés en FNL. Miburo menace de lui envoyer à son domicile ces militants du CNDD-FDD,  intermittents de politique.

Le pouvoir choisit une impasse

Nkurunziza ressemble aux jeunes ivres français qui se sont perdus dans les catacombes parisiens (sous sol) et qui ont préféré s'enfoncer loin des secours. Le Burundi est sur la sellette et aura du mal à capter les dons internationaux. Au lieu de donner une bonne image, le pouvoir ne cesse de donner une image d'un pays infréquentable. Le pire des ennemis de Nkurunziza est Nkurunziza lui-même.

Un pouvoir burundais est usé après 5 ans. Il ne fait que préparer sa chute. L'histoire burundaise l'a démontré. Sa chute sera dangereuse tant que le pouvoir voit des dangers partout.

Il est grand temps que les démocrates burundais, de tous les partis, de tous les corps du pays comprennent que le devoir du citoyen impose de sauver le pays. Si pour sauver le pays, la chute du pouvoir est la condition sine qua none, la condition devient la solution alors.