MAUVAIS JOUEUR, MAUVAIS PERDANT

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 12/06/2009

Dans un match, les règles de jeu sont fixées à l'avance. Ce n'est pas au début ou en cours de jeu que les règles peuvent être changées par une partie du jeu. Le plus souvent, la partie qui veut modifier les règles du jeu en cours est celle qui estime qu'elle a peu de chance de gagner. En politique, celui qui empêche les autres partis de s'exprimer le fait par peur, peur de perdre. Il lui manque une confiance en lui.

Au Burundi, ces derniers jours, le parti au pouvoir le CNDD-FDD refuse aux autres partis politiques de faire des manifestations publiques. Des autorisations sont annulées alors que le CNDD-FDD peut demander une autorisation l'après midi pour une manifestation du lendemain matin. Ce parti n'hésite pas à aller mobiliser des enfants des écoles le jour de l'école pour manifester.

Si le pouvoir refuse les manifestations des autres partis, c'est qu'il a une raison. La peur de l'ampleur de la mobilisation de ces manifestations est l'explication. Si les partis mobilisent du monde, les militants du parti au pouvoir peuvent se décourager et adhérer aux autres partis politiques. Le CNDD-FDD doit avoir la certitude de sa descente aux enfers. Si non, il n'aurait pas pris cette décision d'empêcher les autres partis de  manifester. Cette crainte est véhiculée en interne, surtout  dans des organes dirigeants du pays, l'éventualité de la défaite commence à être évoquée. Certains commencent à chercher des boucs émissaires.

Les partis montants, nouveaux comme l'UPD et le MSD inquiètent beaucoup le pouvoir. Après l'agrément du MSD sous la pression, le pouvoir n'a pas épuisé toutes ses cartes pour récupérer ce qu'il a donné par contrainte. Les succès de l'UPD sur le terrain ne rassurent pas le pouvoir. Ce dernier, à travers le ministre de l'intérieur cherche des bêtes sur la tête de l'UPD. Ce parti pourrait être interdit en tant que parti politique, victime de ses succès. Certains hommes forts du régime souhaiteraient l'interdire plutôt que de le voir devancer le CNDD-FDD.

Dans tous les jeux, les mauvais joueurs sont des mauvais perdants. Le CNDD-FDD se comporte en mauvais joueur qui ne respecte pas ses adversaires. En tant que mauvais joueur, le CNDD-FDD sera sans aucun doute un mauvais perdant lors des élections prochaines de 2010. La future défaite du parti au pouvoir aura ses racines dans ses divisions et son arrogance. Le peuple mérite un respect. Ce n'est pas en tirant sur des innocents et de cacher le policier  assassin qu'on peut dire qu'on respecte le peuple.