EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT, IL N' Y A PERSONNE POUR VOUS DEFENDRE, A DIT LE GENERAL MAYELE

 Burundi news, le 10/03/2015

Par Gratien Rukindikiza

L'histoire peut se répéter et le malheur qui arrive au voisin n'épargne pas d'autres. L'Afrique a connu et continue à connaître des situations catastrophiques du fait des Présidents incapables de quitter le pouvoir dans des bonnes conditions. Certains sont morts alors qu'ils avaient bien vu les signaux et se croyaient maîtres du monde. Est-ce que le pouvoir rend aveugle, sourd et muet?

L'ancien Président du Congo Mobutu a été un cas d'école pour plusieurs Présidents.

Le général Mayele, un homme courageux, mort en héros

Le général Mayele était le chef d'Etat major du Congo du temps de Mobutu. Il a été nommé à ces fonctions au moment où Mobutu perdait la guerre contre le Rwanda et les rebelles congolais. Plusieurs amis de Mobutu lui avaient conseillé de prendre comme chef d'Etat major le brillant général Mayele. Quand il a été nommé, il était trop tard. Ce général a eu le courage d'éviter le bain de sang dans la ville de Kinshasa. Deux généraux les mieux formés ont failli se livrer bataille. Le général James Kabarebe, rwandais et le général Mayele, congolais. Le général Mayele a évité cette bataille déjà perdue dans la ville de Kinshasa. Au moment où le général Kabarebe se trouvait dans le fleuve Congo, hésitant s'il fallait attaquer au nord ou au sud; soit Brazaville ou Kinshasa mais en voulant attaquer Kinshasa, le général Meyele tombait sous les balles de la garde de Mobutu qui ne comprenait pas cette capitulation.

Avant l'arrivée des Rwandais à Kinshasa, le général Mayele a été voir l'ancien Président Mobutu et lui a dit ceci : "Excellence Monsieur le Président, il n' y a personne ici pour vous défendre. Vous n'avez plus d'armée". C'est à ce moment qu'il a réalisé qu'il est un seul et son avion a décollé en catastrophe.

Est-ce que Nkurunziza aura la chance d'avoir un général Mayele?

Les forces du Burundi ne sont pas acquises au Président Nkurunziza pour le suivre dans ses délires du 3 è mandat. Comptons les forces.

A l'armée, les ex FAB sont opposés au troisième mandat. Le Président Nkurunziza devait se méfier du ministre de la Défense nationale le général Gaciyubwenge. Il peut lui dire qu'il contrôle l'armée pour le soutenir mais un ministre qui ne tient jamais de réunion dans son ministère ne sait pas jauger même l'ambiance de son cabinet. Il est dans sa tour d'ivoire. Un ministre qui n'est pas en accord et qui n'harmonise pas ses positions avec son chef d'Etat Major ne maîtrise pas la grande muette.

Chez les ex FDD, seul le chef d'Etat Major le général Prime Niyongabo soutient le troisième mandat après son grand virage financé à coup de dizaine de millions. Il est tellement seul que quand il veut réunir son Etat Major privé, il se rend à Carama ou Iwabonabantu chez Adolphe Nshimirimana. Son isolément fait que la dernière réunion des commandants des région a été un échec. Il voulait leur demander de soutenir le troisième mandat mais il a vite compris qu'il va foncer dans un mur et a dit que chacun a le droit de soutenir ou pas mais de ne pas influencer les autres. Après la déclaration de l'église catholique, les officiers encore hésitants ont fini par se ranger du côté des anti 3 è mandat.

A la Police, c'est un véritable drame car la population a démystifié la police. Elle a déjà commencé la résistance contre ces policiers brutaux. Les policiers ont déjà signifié à leurs chefs qu'ils n'entendent pas tirer sur la foule pour se retrouver en prison sans leurs chefs qui vont fuir à l'étranger.

La leçon de l'évasion de Radjabu devait éclairer Nkurunziza. Les policiers peuvent intervenir pour l'aider à s'évader. C'est l'intervention d'une section de l'armée qui a étonné beaucoup d'observateurs. Comment est-ce qu'une section militaire a pris les armes, les tenues de combat et se mettre en route pour conduire Radjabu jusqu'à la frontière en passant par le centre de la ville de Bujumbura sans qu'il y ait une résistance? Soit c'est le chef d'Etat Major qui a organisé l'évasion, soit c'est un des chefs d'un camp militaire. Cela signifie que la maison qui protège Nkurunziza est très fissurée. Beaucoup de gens savaient mais personne n'a rien dit ou n'a voulu trahir.

Au sein du CNDD-FDD, les cadres sont nombreux à s'opposer au troisième mandat. Il suffit d'écouter en privé les députés et les hauts cadres du CNDD-FDD pour se rendre compte de la folie suicidaire qui peut animer Nkurunziza et le conduire à l'autodestruction.

Ah, il lui reste les Imbonerakure commandés par le général Adolphe Nshimirimana. Certains disent qu'il y aurait des renforts des FDLR  (Rwandaise) qui quittent la RD Congo pour éviter l'affrontement avec l'armée congolaise. Ils seraient autour de 1 500 combattants. Est-ce que Nkurunziza ira jusqu' à recruter des mercenaires pour tenir en esclavage les Burundais comme le disait Ntamwana? Adolphe l'a bien dit qu'il y aura la guerre jusqu'à la mort de tous. Une déclaration de guerre au peuple burundais qui est en droit de se défendre, y compris d'anticiper pour éviter un bain de sang.

En définitive, vous n'avez plus des forces pour vous défendre, Monsieur le Président.

Les membres du conseil de sécurité des Nations Unies arrivent ce vendredi au Burundi. Le message n'est pas de lui dire qu'il est interdit de faire un troisième mandat. Il vient se rendre compte des forces en présence mais cette délégation compte aussi l'ambassadrice américaine aux Nations Unies opposées au troisième mandat. Le message de cette délégation a été dilué par la position de la France qui affiche un soutien caché au régime de Bujumbura. Ni les affaires, ni les relations entre la France et le Rwanda ne peuvent pas justifier cette position d'un pays des droits de l'homme par rapport à un des derniers pays au monde à respecter les droits de l'homme.

On ne peut pas faire peur à un peuple qui faim pendant plusieurs années. Le peuple est seul détenteur du pouvoir et qui est en droit de le reprendre quand il y a trahison.