ETRANGE DIRECTEUR DE CABINET CIVIL DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 Burundi news, le 13 avril 2007

Par Gratien Rukindikiza

Parmi les collaborateurs les plus proches d’un ministre ou d’un Président de la République, le directeur de cabinet est le premier. Il est informé de tout l’agenda du Président. C’est lui qui prépare les dossiers à montrer au Président. Il est comme le vice-Président compte tenu de son poids, de sa connaissance des dossiers. Ses ordres, même aux ministres, sont considérés comme ceux du Président. Il est souvent difficile de différentier sa volonté de celle du Président.

Fidèle de Radjabu et directeur de cabinet civil du Président Nkurunziza

Mbazumutima Martin, le directeur du cabinet civil du Président de la République est un fidèle parmi les fidèles. Sauf qu’il est en réalité un fidèle de première heure et il reste le plus fidèle des fidèles de Radjabu et non du Président.  

Mbazumutima représentait dans le comité d’organisation du congrès de Ngozi l’aile de Radjabu. C’était lui le chef de ce courant au sein du CNDD-FDD. Il a assumé son penchant à Radjabu. Or, aujourd’hui, tout le monde sait que Radjabu rêve de démettre le Président et il a failli y arriver grâce à l’aide de l’ancienne présidente du Parlement.

Quel est ce lien qui unit Radjabu au Président au point de garder le fidèle de Radjabu dans son cabinet ? Ce qui est connu de certains Burundais, c’est que Mbazumutima se permettait même de donner les dossiers destinés au Président de la République à Radjabu avant que le Président en prenne connaissance. La censure s’exerçait aussi à l’encontre du Président.

Mbazumutima était et le reste un poste avancé de Radjabu pour surveiller le Président. Dans le conflit actuel qui oppose les deux hommes, il y a un naïf et un Machiavel, c’est ce que j’expliquais dans un de mes articles. Le bon Dieu ne changera pas les hommes !

Le directeur du cabinet civil du Président, planificateur du détournement du Falcon présidentiel

Les faits sont accablants. Le rapport d’audit l’accuse d’avoir donner des ordres et d’avoir pris des contacts pour la vente de cet avion. Selon les résultats de nos enquêtes, c’est Mbazumutima qui donnait des ordres des démarches à suivre à l’ancien ministre Ngowembona. Il a tout supervisé depuis la recherche de l’acheteur complice du détournement des 5 milliards de francs bu et de la distribution de cet argent. Ngowenubusa a tout révélé devant la commission nommée par le Président. Cette commission ne veut pas publier  son rapport

La question qui se pose est de savoir si Mbazumutima recevait de son tour les ordres du Président de la République ou de Radjabu, maître d’ouvrage Burundi en ce moment ? Tout laisse penser que c’est Radjabu qui était derrière lui. En faisant travailler ce dossier de corruption par un directeur de cabinet du Président, Radjabu savait que si le dossier tombait dans les mains des journalistes, le Président risquait de sauter. D’une pierre deux coups, empocher 5 milliards et prendre la place du Président de la République.

Aucune enquête sérieuse ne peut se faire tant que le directeur de cabinet du Président reste celui qui a tout planifié et a occasionné de ce fait un manque à gagner de 5 milliards dans les caisses de l’Etat.

Mbazumutima et le Président de la République, qui tient l’autre ?

Le maintien de Mbazumutima au cabinet du Président rassemble plus à un chantage qu’à la naïveté. La logique serait que Mbazumutima aurait été limogé en même temps que l’ancien ministre Ngowembona ou tout au moins en même temps que Karenga. Pourtant, il est toujours à la Présidence comme s’il était le représentant de l’actionnaire majoritaire de la Présidence, Radjabu. Comme dans une société, il représente les actions de Radjabu qui prépare une OPAI (offre publique d’achat inamicale).

Partira ou partira pas, s’il fait chanter le Président, ayant éventuellement un dossier à révéler, Mbazumutima tient bien alors la corde et Radjabu risque de gagner son OPAI.

Dans tous les cas, Mbazumutima encore chef de cabinet du Président relève des rêves et cache des histoires louches. Le maintenir encore à sa place serait qu’un suicide politique. Qui a dit que Radjabu ne contrôle plus le pouvoir ?