Burundi news, le 14/10/2008

MEMORANDUM DU PARTI  « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- » SUR LA SITUATION SOCIO POLITIQUE, ECONOMIQUE ET SECURITAIRE  QUI PREVAUT DANS LE PAYS.

Depuis sa création le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- » suit avec intérêt l’évolution socio politique, économique et sécuritaire qui prévaut dans le pays.

Force est pour nous de constater que l’espoir qu’avait suscité la mise en place des nouvelles institutions issues des élections de 2005 risque de tourner en cauchemar si des actions urgentes de redressement n’étaient pas prises par le Gouvernement, si le Parlement ne jouait pas pleinement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale, si les partis politiques, la société civile  et la Communauté Internationale ne s’impliquaient pas pour faire revenir Gouvernement à la bonne mesure.

Certes des efforts ont été déployés, mais force est, malheureusement, de constater qu’elles sont soit mal pensées, soit mal gérées ou les deux à la fois. Pour tout dire, tout est sujet d’inquiétude !

Dans le domaine social

Des mesures populistes ont été prises notamment la mesure de rendre gratuit l’enseignement primaire et les soins médicaux pour les mères qui vont accoucher et des enfants de moins de cinq ans.

Mais, faute de mesures d’accompagnement efficaces et bien pensées, ces mesures ont déjà produit des résultats contraires aux solutions escomptées, en témoignent  le surpeuplement des classes et le surmenage des enseignants et une diminution scandaleuse de la qualité de l’enseignement où les parents et les élèves sont entretenus dans l’illusion de la gratuité.

Dans les hôpitaux et les Centres de Santé publics, c’est le même phénomène où l’on assiste à un débordement du personnel soignant et une carence chronique des médicaments de premier secours et ces lieux sont devenus des mouroirs, faute de soins et de médicaments appropriés.

S’il est vrai que ces mesures de gratuité de scolarité et de soins de santé ont été prises par le Gouvernement -avec une forte dose de populisme-, leur initiative n’est pas une émanation du gouvernement mais plutôt une exigence des Institutions de Bretton Woods dans la cadre de la remise de la dette du programme Initiative des Pays Pauvres Très Endettés-IPPTE.

Malgré la création de la Commission Nationale  de la Démobilisation, la Réinsertion et la Réintégration (CNDRR) les démobilisés sont laissés à eux-mêmes et l’argent qui devait servir à leur réintégration a été détourné sous la couverture d’une impunité, en témoigne le rapport produit par l’Inspection Générale de l’Etat. L’insécurité qui prévaut dans le pays est un corollaire de l’échec du programme de démobilisation.

La création de la Commission Terres et Autres Biens n’a pas pu résoudre la question des déplacés et des rapatriés qui sont laissés pour compte sans gîte ni terre pour satisfaire leurs besoins de  leur réinstallation et leur intégration socioéconomique. L’échec de cette activité constitue une véritable bombe à retardement dans les prochains jours

Certes le Président de la République et son épouse s’emploient personnellement avec beaucoup d’énergie à curer les conduites d’égouts ou à distribuer de l’aide aux démunis, mais faute d’une politique claire dans le domaine, le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- considère que ce n’est pas avec quatre bras qu’il sera possible de pallier aux carences en matière de salubrité et d’hygiène publique ou d’assistance sociale qui supposent une organisation, des fonds et des infrastructures.

Pourtant, des structures de l’Etat existent pour ce travail, des ressources financières peuvent être mobilisées tandis que les populations n’attendent que l’organisation pour s’atteler à une activité qui les concerne au premier point. Tous ces atouts sont gaspillés dans l’improvisation, dans le dédoublement et la multiplication injustifiés de services.

Dans le domaine politique et sécuritaire

Le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- »  salue la conclusion d’un accord de mise en application de l’Accord de Cessez-le Feu entre le Président de la République Pierre NKURUNZIZA et le leader du PALIPEHUTU FNL.

Toutefois, des inquiétudes persistent sur la bonne foi des partis en conflit quant au respect de leurs engagements pour mettre en application le dernier accord qui devrait permettre au  PALIPEHUTU FNL d’entrer dans les institutions et dans les différents corps de défense et de sécurité.

Le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- » constate avec amertume la recrudescence de l’insécurité dans tout le pays caractérisée par la violation des droits humains, les vols à main armée, les violences sexuelles, les règlements de compte liés à la question foncière ou à l’appartenance politique, le harcèlement du personnel de l’Etat particulièrement  les enseignants et les membres du corps judiciaire.

La police et l’armée sont désignées parmi les sources d’insécurité les plus importantes qui s’illustrent dans les meurtres, les viols, les vols à main armée et d’autres formes d’agression violentes.

Face à ce phénomène et particulièrement face aux violences faites aux femmes et aux enfants le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- » propose que soit mis une juridiction spécialisée pour traiter et réprimer avec fermeté les crimes du genre.

Le désarmement qui devrait être une condition de base du retour à la paix se fait dans un contexte d’incohérence et de contradiction et se fait en l’absence d’une politique claire dans le domaine. A ce sujet il s’avère d’une extrême urgence de penser à des palliatifs pour corriger les insuffisances observables dans le domaine.

Sous le même chapitre nous assistons à des agissements qui annoncent la dérive totalitaire  du Gouvernement et des plus hautes autorités de la République, évolution qui se manifeste à travers les faits suivants :

·        La violation de la Constitution par la Cour Constitutionnelle  sur demande du Président de l’Assemblée Nationale, qui a agit sur injonction du Président du Parti CNDD-FDD, ayant abouti

·        à l’exclusion arbitraire de 22 députés de l’Assemblée Nationale

·        Les obstructions et les tracasseries administratives à l’endroit des partis politiques et de la société civile à tenir des réunions à l’intention de leurs membres, en témoignent la récente ordonnance du Ministre de l’Intérieur et du Développement Communal qui, en violation de la constitution et de la loi sur les partis politiques restreint les libertés civiles et politiques des citoyens déjà consacrés par la Constitution et le Droit international.

·        La demande de seconde lecture de l’acte de ratification du protocole facultatif sur les droits civils et politiques des citoyens déjà adopté par le Parlement vient confirmer la volonté manifeste du Parti au pouvoir appuyé par le  Président de la République qui s’inscrit dans la logique de restreindre les droits civils et politiques des citoyens, de pouvoir saisir les juridictions internationales faute d’une justice interne équitable et indépendante.

·        L’intrusion du Parti au Pouvoir dans les affaires de l’Exécutif et la confusion entre le rôle du même Parti et celui de l’Exécutif consacrent la désorganisation systématique de l’Etat par la violation des mécanismes institutionnels et administratifs dans le fonctionnement normal des institutions républicaines. Ce parti est devenu le vrai détenteur de   la souveraineté de l’Etat et cumule les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

·        La campagne électorale anticipée du Président de la République en utilisant les moyens de l’Etat et l’aide publique de la Communauté internationale

·        Le comportement du Président de la  République comme un Chef religieux par l’organisation des croisades de prière en violation de la Constitution de la République du Burundi en son article 1er, sème la confusion entre les fonctions régaliennes du Chef de l’Etat et les responsabilités révolues aux Chefs religieux.

·        La prise en main personnelle par le Président de la République des attributions révolues aux différents départements ministériels dont principalement ceux ayant l’éducation, l’agriculture, la solidarité nationale dans leurs attributions, démobilise les titulaires de ces ministères, sème la confusion des rôles provocant ainsi le dysfonctionnement qui favorise la corruption et les malversations des finances publiques.

·        La dilapidation et le hold-up du patrimoine national  à des fins électoralistes comme en témoignent les conventions illicites de vente des actions de l’Etat dans les entreprises et les velléités d’hypothéquer le sous sol burundais sans respect d’aucune procédure légale. 

A ce sujet, le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI-ADR- » fait en appelle à la lucidité des Etats et des sociétés étrangères qui seraient tentés d’abuser de la voracité des autorités burundaises actuelles et leur fait savoir que lui-même et le Peuple Burundais se réservent le droit de remettre en cause tous ces accords et contrats  le moment venu.

·        L’intimidation, le harcèlement et l’emprisonnement arbitraire des acteurs de la société civile et des hommes des médias.

·        L’exécution sommaire des personnes qui ne sont pas de l’obédience du parti CNDD FDD sous le couvert de l’impunité.

·        L’instrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif pour persécuter les partis politiques et les acteurs de la société civile. La justice est complètement assujettie à l’exécutif et au parti au pouvoir et est réduite au rôle de répression de quiconque lève la voix contre les agissements du Gouvernement.

·        Le rôle de certains juges burundais de faire taire les journalistes, les syndicalistes, les politiciens qui s’en servent de strapontins de nomination ou de promotion dans les services dotés de statuts spécifiques où il y a beaucoup d’avantages.

·        Les assassinats et l’enrichissement illicite aux dimensions que l’on observe actuellement ne sont possibles que parce que leurs auteurs ou leurs complices sont assurés de l’impunité.

·        Les violations répétitives des droits de la personne humaine caractérisées par la recrudescence de la criminalité, des vols à mains armées, les violences sexuelles.

·        Les tergiversations à mettre en place les mécanismes de justice transitionnelle pour la clarification des crimes commis au cours de l’histoire douloureuse de notre pays

Dans le domaine économique

De prétendues mesures pour lutter contre la corruption et le redressement de l’économie nationale ont été prises. Mais force nous est de constater qu’il ne s’agit que d’une stratégie pour mieux couvrir les maux qui rongent la société.

Les malversations économiques, les détournements des fonds et des biens publics, la corruption, la gabegie, la concussion, les menaces  de mouvement de grève, la flambée fulgurante des prix qui affectent dangereusement le panier de la ménagère, les promesses non tenues par les pouvoirs publics, le discours politique populiste à des fins électoralistes qui ne s’accompagnent pas des actes concrets prennent des proportions ahurissantes et  constituent  des signaux qui ne trompent pas.

Il est claire que la course contre la montre est engagée pour amasser le plus de  richesses possibles avant les échéances électorales de 2010.

L’intégration régionale sert désormais d’expédient sans aucune définition du contenu, ni aucune préparation, et le gouvernement en place se comporte comme si il avait mis la main sur une recette magique. L’intégration régionale est un outil de développement indéniable, pour qui sait s’en servir. Il est permis de douter de ce que le gouvernement actuel veut en faire, noyé qu’il est dans le crime économique et la manigance politique. Personne ne voudra de partenaires incapables d’assainir son économie et incapable d’adhérer à des normes politiques acceptables.

Comme si le verbe pouvait nourrir l’homme, le discours politique électoraliste ne fait que plonger le pays dans l’immobilisme et la misère. Le pouvoir en place n’envisage pas la seule solution susceptible de venir des problèmes de son peuple, à savoir le travail, unique source des richesses.

Face à cette situation, le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- »,

Fidèle à son engagement d’impulser une nouvelle génération d’hommes politiques qui croient en la vertu  de la Vérité pour :

Fort de sa détermination à rompre avec le mensonge qui a caractérisé les régimes qui se sont succédé à ce jour,

Le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI –ADR- » 

Exige du Président de la République de :

·        Mettre fin à la campagne électorale anticipée à peine voilée lancée depuis qu’il est  au  pouvoir

              en violation des principes démocratiques. Personne  n’est contre les descentes sur terrain du

              Président. Mais au vu des dépenses ruineuses qu’elles occasionnent, le citoyen burundais est

              en droit de se poser la question de leur opportunité et de leur  rentabilité économique.

·        Jouer pleinement son rôle constitutionnel de garant du fonctionnement normal des institutions en mettant fin à l’interférence du Parti CNDD-FDD et à l’ingérence du pouvoir exécutif dans le fonctionnement normal d’autres institutions républicaines.

·        Promulguer sans tarder l’instrument de ratification du protocole facultatif des droits civils et politiques des citoyens

·        Libérer la justice afin qu’elle puisse lire et dire le droit sur toutes les questions de violations  graves des droits des citoyens. Sans cela nous allons le considérer comme complice des   auteurs des crimes contre l’humanité, les crimes économiques, la corruption, les traitements cruels et dégradants que la justice burundaise n’est pas en mesure de juger car il est écrasé par l’exécutif.

Interpelle le Parlement  pour :

·        jouer son rôle de contrôle de l’action du Gouvernement et cesser d’être un serviteur docile et zélé, prêt à tout faire pour plaire à l’Exécutif

·        Rendre public le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur la vente  illicite de l’avion Falcon 50 pour que tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin soient traduits devant la justice pour répondre de leur responsabilité.

·        Protéger le patrimoine national contre tous les agissements de nature à le dilapider.

·        Exiger du gouvernement d’inscrire à l’ordre du jour de la prochaine session parlementaire toutes les questions relatives à la préparation et à l’organisation des élections de 2010 notamment les amendements de la Constitution et d’autres lois pouvant entraver une bonne organisation des élections (code électoral, loi communale, la mise en place et la nomination des membres de la Commission  Electorale Indépendante).

·        Mettre en place une commission spéciale chargée de suivre le respect et la mise en  œuvre des différents accords signés entre le Gouvernement et le PALIPEHUTU FNL.

 Appelle les Partis politiques à :

·        Mettre en œuvre l’acte d’engagement des partis politiques pris à l’issue du cadre de dialogue qui s’est déroulé à Gitega afin de créer un cadre permanent de concertation.

·        Dénoncer la campagne électorale anticipée déclenchée par le Président de la République

Demande à la société civile de :

·        Refuser de céder à la panique et à l’intimidation, mais de conjuguer plutôt les efforts pour  chercher les voies et moyens pacifiques de résistance à l’évolution anti démocratique qui  s’observe dans notre pays.

·        Face à l’incapacité du pouvoir judiciaire de juger définitivement les dossiers d’assassinat politique, le crime de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et d’autres violations  graves des droits de la personne humaine, mener une campagne de plaidoyer pour que la justice internationale se saisissent des dossiers pendant devant les juridictions burundaises.

Demande à la communauté internationale de :

·        Refuser de cautionner l’usage de  l’aide  publique en provenance de leurs pays respectifs à des fins de propagande électoraliste du Président de la République ou du Parti au pouvoir.

              Au cas contraire nous allons les traiter comme des partenaires du Parti CNDD-FDD et non  de l’Etat burundais. Le moment venu nous allons faire appel aux contribuables     de   ces pays   à travers leur  parlement d’exiger  de leur gouvernement de rendre compte de l’usage  efficient de l’aide accordé au peuple  burundais.

·        Exiger du gouvernement de mettre fin au détournement de l’aide en mettant en place des  mécanismes de gestion transparente de l’aide

·        Continuer à soutenir le peuple burundais dans ses efforts de consolidation de la  paix et du renforcement de la bonne gouvernance basée sur le dialogue et la  concertation.

·        Appuyer la mise en place des mécanismes de concertation entre les différents partenaires pour l’organisation des élections et la sécurisation de la population avant, pendant et après les élections de 2010 afin que ces derniers couronnent les efforts conjugués du peuple burundais et de la Communauté Internationale. 

·        Faire pression sur le Gouvernement et le PALIPEHUTU FNL pour qu’ils mettent en application les  différents accords déjà signés.

      Le Parti « URUNANI RW’IMVUGAKURI -ADR- » profite de l’occasion pour lancer un appel  vibrant à tous nos compatriotes  épris des vertus de la Vérité de se joindre à nous pour constituer un rempart  afin de résister  aux dérives totalitaires du Parti CNDD-FDD.

      Le même appel est lancé  aux organisations de la société civile, aux forces morales et  aux  partis politiques  pour mettre en place une plate forme politique nous permettant de jouir des acquis de la démocratie et  de barrer la route à toutes velléités de retour en arrière.

 

                                                                Fait à Bujumbura le 08 Octobre 2008

                                                                La Présidente du Parti

                                                                Honorable Alice NZOMUKUNDA