Dar es salaam, le 30 avril 2008

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CABINET DU PRESIDENT 

REACTION DU PALIPEHUTU-FNL SUR LE MEMORANDUM DU GOUVERNEMENT BURUNDAIS SUR LES PROBLEMES DE LA MISE EN APPLICATION DE L’ACCORD GLOBAL DE CESSEZ-LE-FEU SIGNE ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE PALIEHUTU-FNL

Après avoir lu et analysé ce document, le PALIPEHUTU-FNL a relevé un tas de sophismes sur lesquels le gouvernement du CNDD-FDD s’appuie pour distraire le peuple burundais et la communauté internationale et beaucoup de lacunes au niveau tant du fond que de la forme.

En effet, la forme de ce document, qu’il est ridicule d’appeler mémorandum laisse penser à un tract qui semble provenir du Ministère des Relations Extérieures. Chose étonnante, quel gouvernement qui se respecte peut produire pareil document sans nom, ni signature de celui qui en endosse la responsabilité au nom du gouvernement !?

Le titre ne parle que de l’Accord Global de Cessez-le-feu du 7 septembre 2006, ignorant ainsi sciemment l’Accord de Principes du 18 juin 2006 qui y conduit. Le PALIPEHUTU-FNL considère qu’il s’agit ici d’une nouvelle entreprise du pouvoir du CNDD-FDD pour distraire l’opinion aussi bien nationale qu’internationale et lui faire oublier volontairement qu’il a signé, avec le PALIPEHUTU-FNL, deux Accords qui se complètent et qui doivent être appliqués concomitamment.

De l’introduction de ce document

 Le gouvernement burundais du CNDD-FDD fait contre mauvaise fortune bon cœur en écrivant qu’il a annoncé de bonne heure sa détermination d’aboutir à un Accord de paix avec le PALIPEHUTU-FNL à travers une voie négociée et qu’il est déterminé à privilégier la voie du dialogue. A moins que le verbe « déterminer » soit revêtu d’un autre contenu significatif, sinon nul n’ignore les discours prononcés par les dirigeants du CNDD-FDD, le président NKURUNZIZA en tête, depuis 2005, qui faisaient état de leur détermination à exterminer tout ce qui sent le PALIPEHUTU-FNL dans un délai ne dépassant pas trois mois. Mais aussi rappelons à toutes fins utiles le plan génocidaire avec lequel le CNDD-FDD rentra à Bujumbura en 2003 lorsque son porte parole Gélase Ndabirabe annonça que les FDD et les partisans du CNDD-FDD comptaient les jours du PALIPEHUTU-FNL sur les bouts des doigts et combien le président Nkurunziza exhorta ses escadrons du massacre à redoubler de barbarie et de haine contre toute personne adhérant à la cause noble du PALIPEHUTU-FNL en novembre 2004 à Maramvya en commune Mutimbuzi en ces termes : « Ni mubahigishe uruhindu! ».

Selon leur plan macabre, Son  Excellence Monsieur Rwasa Agathon, le Président du PALIPEHUTU-FNL, devrait être capturé  mort ou vivant avant le 31 décembre 2006. C’est la première fois, mais nous croyons qu’il s’agit d’une erreur, que le gouvernement burundais du CNDD-FDD utilise le terme « négocier », car il avait tellement mal sonné à ses oreilles qu’il préférait entendre les termes « écouter » ou « discuter ».

Du titre I : Le PALIPEHUTU-FNL a traîné les pieds dès le départ

Pire mensonge ! Tout le monde sait pertinemment combien de mois (trois mois) les membres de la délégation du PALIPEHUTU-FNL ont passé à Dar-es-salaam en attendant l’arrivée des membres du gouvernement  burundais du CNDD-FDD pour amorcer les négociations.  En outre, ce gouvernement accuse le  PALIPEHUTU-FNL d’avoir traîné les pieds dans la mise en place des organes chargés de la mise en application des Accords en l’occurrence le MCVS et l’EML. Pourtant, c’est lui qui a traîné les siens à donner l’immunité dont ces organes étaient tributaires. En effet, l’alinéa 1 de l’article 2 de l’Accord des Principes du 18 juin 2006 dispose que dès le début de la mise en œuvre effective du Cessez-le-feu, les membres du PALIPEHUTU-FNL jouissent de l’immunité.

Etonnamment, au lieu de se référer à cette disposition, le gouvernement évoque l’annexe de l’Accord de Cessez-le-feu en méconnaissant ainsi le principe qui dit que l’accessoire suit toujours le principal : « Accessorium principale sequitur ». Même la pseudo-immunité consacrée par deux textes contradictoires n’a été donnée qu’en novembre-décembre 2006. D’une part, la loi n°1/32 du 22 novembre 2006 accorde l’immunité aux membres du mouvement signataire de l’Accord de Cessez-le-feu pour les actes commis depuis la lutte armée jusqu’à la signature de cet Accord. D’autre part, le décret n°100/357 du 20 décembre 2006 accorde l’immunité aux membres du PALIPEHUTU-FNL. Le dénominateur commun de ces deux textes est que l’immunité qu’ils consacrent joue depuis la signature du Cessez-le-feu jusqu’à la mise en place de la commission vérité réconciliation. La conséquence de ce paradoxe lexical est le fait que ces textes n’ont produit aucun effet et le gouvernement en a profité pour violer de façon flagrante les Accords signés.

Du titre II : Le PALIPEHUTU-FNL n’a cessé de violer l’Accord

Aux termes de l’Accord de Cessez-le-feu, les parties arrêtent toute activité susceptible de compromettre la mise en œuvre normale du processus de paix en l’occurrence recruter de nouvelles forces supplémentaires. Le gouvernement aurait-il donc assimilé la préparation des FNL à aller dans les zones de rassemblement au recrutement ? Pourtant, lui, il a transgressé les Accords dans la quasi-totalité de leurs clauses :

1° Le 19 juin 2007, le gouvernement a fait passer un test d’admission pour les candidats officiers à l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM). Un communiqué y relatif a été lancé par le porte parole de la FDN.    

2° Le gouvernement n’a pas accordé l’immunité aux membres du PALIPEHUTU-FNL dans les délais et termes convenus alors qu’il s’agit d’une obligation née des Accords ; ce qui est une violation flagrante des Accords.

3° Le gouvernement et la médiation n’ont pas ravitaillé les combattants du PALIPEHUTU-FNL, ont voulu leur faire mourir de faim et de manque de soins médicaux depuis la signature des Accords alors qu’à partir de ce moment les combattants du PALIPEHUTU-FNL devraient être pris en charge.

4° L’annexe I de l’Accord de Cessez-le-feu en son point 1.8 interdit tout acte de violence et toute campagne publique contre l’autre partie… Les parties se conviennent également de ne pas mener des actions de représailles ou d’intimidation à l’égard des personnes qui ont auparavant pris part à des activités d’appui ou aux opérations de l’une ou l’autre des parties.  Mais, depuis la signature de l’Accord de Cessez-le-feu, les membres du PALIPEHUTU-FNL n’en ont tiré aucun dividende, car les tueries, les arrestations et les emprisonnements des membres du PALIPEHUTU-FNL bénéficiant déjà de l’immunité aux termes de l’Accord se sont intensifiés.

En outre, en violation du point 1.9.3 de l’annexe de l’Accord de Cessez-le-feu, le gouvernement a procédé à l’intimidation et à la chasse à l’homme dans la commune Rumonge et dans tout le pays où une partie importante de la population a dû fuir l’endroit. La lettre du 17/07/2007 que le PALIPEHUTU-FNL a adressée au Président du MCVS accusant le gouvernement de violer les Accords est éloquente à ce sujet. Pire encore, le gouvernement et la Médiation rassemblèrent des enfants de la rue, des démobilisés CNDD-FDD sous l’appellation des dissidents du PALIPEHUTU-FNL. Ils se vantaient d’avoir anéanti le PALIPEHUTU-FNL et prétextaient qu’il n’y avait aucune raison de négocier avec le PALIPEHUTU-FNL, un mouvement moribond. « Nous ne pouvons pas négocier avec le vide », disaient-ils. L’histoire a prouvé le contraire. 

5° Conformément à l’article 2 alinéa 1 de l’Accord des Principes du 18 juin 2006, dès le début de la mise œuvre effective du Cessez-le-feu, les membres du PALIPEHUTU-FNL jouissent de l’immunité. Il sera enclenché une procédure de libération des prisonniers politiques et des prisonniers de guerre. Néanmoins, tous les prisonniers membres du PALIPEHUTU-FNL qui n’ont rien d’autres chefs d’accusation que d’avoir adhéré au PALIPEHUTU-FNL restent cloîtrés à Mpimba et dans d’autres lieux de détention inconnus jusqu’ici. Le gouvernement allègue avoir libéré 6 membres du PALIPEHUTU-FNL qui devraient faire parti du MCVS et des EML, mais tait tout de ce qu’il a fait des trois autres qui figuraient sur la même liste. Sont-ils en mission ? Quand reviendront-ils ?

6° Le gouvernement a refusé au PALIPEHUTU-FNL de visiter ses prisonniers dans les différents lieux de détention alors qu’il y allait de son droit.

Quant aux pillages, rançonnement de la population et embuscades dont le gouvernement endosse la responsabilité au PALIPEHUTU-FNL, ils ont été commis par les forces de l’ordre. Souvenez-vous des coups de feu et de grenades dans les cabarets, les boutiques et les kiosques de NGAGARA, KAMENGE, KINAMA, NYAKABIGA etc. par les forces de l’ordre sur des paisibles citoyens étanchant leur soif. Les habitants de Bujumbura en sont témoins. Par ailleurs, consultez les dossiers y relatifs en justice, combien d’éléments FNL ont-ils été capturés ou sont-ils poursuivis pour ces forfaits ? Les policiers et les militaires gouvernementaux sont-ils devenus des agents du PALIPEHUTU-FNL ?

Du titre III : Le PALIPEHUTU-FNL refuse de s’impliquer dans les travaux du MCVS

Le mauvais train des activités du MCVS est le fruit amer de l’argument de la force utilisé par le gouvernement burundais du CNDD-FDD et la médiation en terrorisant les membres du PALIPEHUTU-FNL au MCVS pour leur faire accepter leurs points de vue hors de tout esprit de dialogue et de concertation pour arriver à un consensus.

En effet, toutes les fois que le PALIPEHUTU-FNL a soulevé les points de l’Accord des Principes du 18 juin 2006, il a toujours buté sur la perversion et l’entêtement des membres de la délégation gouvernementale qui, d’une part, trompaient l’opinion en disant que le PALIPEHUTU-FNL posait des conditions qui étaient complètement en dehors de l’Accord du 07 septembre 2006 et, d’autre part, se disaient ne pas avoir de mandat pour discuter de ces questions. C’est ce que le gouvernement  a appelé « un prétexte pour bloquer les travaux du MCVS ». Pour lui, « y répondre aurait été tout simplement faire un retour en arrière, c’est-à-dire à la table des négociations ». Tout compte fait, le gouvernement se félicite d’avoir bloqué lui-même les travaux du MCVS en affirmant : « Comme on pouvait s’y attendre, il était hors de question que la partie gouvernementale puisse accepter ces conditions ».

Pourtant, lors de la signature de l’Accord de Cessez-le-feu du 07 septembre 2006, le PALIPEHUTU-FNL avait reçu les assurances que les questions de l’Accord des Principes allaient être étudiées au MCVS. Qui plus est, lorsque le président NKURUNZIZA a rencontré Son  Excellence Monsieur Rwasa Agathon, le Président du PALIPEHUTU-FNL,  ils s’étaient entendus d’accorder le mandat nécessaire aux deux délégations pour traiter de toutes ces questions. Mais, chose étonnante, la  délégation gouvernementale a persisté à alléguer qu’elle n’avait pas de mandat.

Enfin, dans ses démarches d’absolution auprès de la communauté internationale, le gouvernement accuse le PALIPEHUTU-FNL de n’avoir pas présenté la liste de ses prisonniers pour libération.  En dépit de l’épineuse question d’immunité qui n’a jamais été effective pour les membres du PALIPEHUTU-FNL, cette liste a été présentée au gouvernement burundais par le biais de l’Etat tanzanien en janvier 2007, mais, jusqu’à l’heure actuelle, aucune suite n’y a été réservée.  Aussi, disons-le maintenant, le PALIPEHUTU-FNL a eu beaucoup de peine à confectionner cette liste car, chaque seconde, il y avait de nouveaux cas d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires de ses membres et ce en violation flagrante des Accords signés.  Nous ne disons rien de ceux qui étaient exécutés par les agents du gouvernement qui les détenaient. Vous comprendrez que cette liste ne pouvait en aucun cas être exhaustive.

Voilà ce que le gouvernement appelle le PALIPEHUTU-FNL refuse de s’impliquer dans les travaux du MCVS. Néanmoins, il s’agit d’une situation où même un aveugle peut voir qui a bloqué les travaux du MCVS et son état d’esprit.

Du titre IV : La rencontre du 17/06/2007 : Un nouveau leurre

Le PALIPEHUTU-FNL a toujours salué avec une bonne humeur toute initiative du gouvernement tendant à résoudre le problème. Malheureusement, ces initiatives n’ont pas été nombreuses pour ne pas dire qu’elles n’ont pas existé. Malgré sa bonne intention lors de la rencontre du 17/06/2007 entre le président NKURUNZIZA et Son  Excellence Monsieur Rwasa Agathon, le Président du PALIPEHUTU-FNL,  les bonnes paroles du président NKURUNZIZA n’ont pas été accompagnées par d’actes responsables. Comme dit ci-haut, ils s’étaient entendus d’accorder le mandat nécessaire aux deux délégations pour traiter de toutes les questions.

Mais, le 04 juillet 2006 lorsque la  délégation du PALIPEHUTU-FNL  a présenté les mêmes questions de l’Accord des Principes du 18 juin 2006 pour examen, le gouvernement a accusé le PALIPEHUTU-FNL  de faire volte-face. La conséquence fut l’usage de la force et de menaces pour faire accepter au PALIPEHUTU-FNL  les points de vue du gouvernement burundais du CNDD-FDD. Les choses étant allées de mal en pis jusqu’aux menaces de mort, les membres de la délégation du PALIPEHUTU-FNL ont été obligés de sauver leur peau. Une question se pose ici : « Qu’est-ce que le gouvernement burundais du CNDD-FDD et la médiation entendent faire de l’Accord des Principes du 18 juin 2006 signé entre lui et le PALIPEHUTU-FNL ? »

Du titre V : Le PALIPEHUTU-FNL regagne le maquis

Le gouvernement burundais du CNDD-FDD n’a jamais fait preuve d’une bonne volonté de mettre en application les Accords qu’il a signés avec le PALIPEHUTU-FNL. Pour preuve, il en a déjà enterré une bonne partie. Chaque fois que le PALIPEHUTU-FNL la ressuscite, il est accusé de faire volte-face. Rappelez-vous ce qui a miné toute l’application des Accords au cours des travaux du MCVS et dont le gouvernement burundais du CNDD-FDD se félicite.

En outre, il a lancé, à l’endroit des membres de la délégation du PALIPEHUTU-FNL, une campagne d’intimidation que le PALIPEHUTU-FNL a toujours dénoncée. Cette politique jugée insuffisante et inefficace en elle-même, le gouvernement s’est joint à la médiation pour monter le 20 juillet 2007 un coup du vol de 4 fusils des militaires sud-africains par les membres de la délégation du PALIPEHUTU-FNL. Ces fusils, nous dit-on, ont été retrouvés après la fuite de cette délégation. Comme d’habitude, celui qui est accusé de voler un fusil est puni par ce dernier. Ainsi, les membres de la délégation du PALIPEHUTU-FNL n’avaient pas d’autre choix que de se sauver et de rejoindre leurs militants.

Dire que le retrait de notre délégation s’est accompagné de multiples exactions à l’endroit de la population, nous vous renvoyons au dernier paragraphe du titre II et à plusieurs rapports des organismes internationaux qui montrent que plus de 80% des crimes commis au Burundi (meurtres que le président appelle Règlements de compte, pillages, viols, etc.) le sont par les forces de l’ordre.

Du titre VI : Stratégie du double langage

Le gouvernement burundais nous accuse injustement d’avoir un double langage. C’est vrai que nous avons accepté la mise en place du Directoire politique, mais lorsque cet organe s’est réuni pour la première fois à Capetown, le PALIPEHUTU-FNL n’avait pas été invité et par conséquent n’était pas présent. Toutefois, au terme de cette réunion du Directoire, est sorti un plan d’action nous demandant d’accepter de rejoindre les travaux du MCVS au 1er avril, et envoyer son leadership à Bujumbura le 1er mai 2008, ce que le  PALIPEHUTU-FNL a accepté. En revanche, le médiateur promis d’obtenir du gouvernement burundais l’immunité sous forme de loi entérinée par les deux chambres du Parlement pour les membres du PALIPEHUTU-FNL. Pour rappel, et selon Charles NQAKULA, cette immunité devrait être effective dans trois semaines à partir du 1er mars 2008. Chose étonnante, il n’est plus revenu jusqu’ici, mais nous sommes blâmés d’avoir refusé d’envoyer notre délégation à Bujumbura à la date convenue. Sur quoi se base le gouvernement burundais pour dire que nous avons un double langage ?

Il est de toute évidence que cette stratégie de double langage que le gouvernement burundais impute au PALIPEHUTU-FNL n’est rien d’autres que l’expression par le PALIPEHUTU-FNL des manquements du gouvernement burundais à ses obligations nées des Accords et qui minent l’application des Accords. En effet, que dire de cette loi périmée d’une pseudo-immunité qui n’a pas empêché aux membres du PALIPEHUTU-FNL d’enterrer et de pleurer les leurs, morts ou emprisonnés ? Au comble de son cynisme, le gouvernement parle d’un alibi de plus.

Du titre VII : Manœuvres de ralentir le processus  

Le gouvernement burundais reproche au PALIPEHUTU-FNL d’avoir accusé la médiation et le Directoire politique d’être de mèche avec le gouvernement en se référant au communiqué du PALIPEHUTU-FNL rendu public le 14 avril 2007 confirmant ainsi, inconsciemment et émotionnellement, notre hypothèse. En effet, un défi est lancé à la médiation et au Directoire, mais c’est le gouvernement qui réagit à leur place. C’est aussi dommage que, de tout ce qu’annonce le communiqué, il ait retenu la seule phrase : « La médiation et le Directoire Politique finiront par inciter le gouvernement burundais à répondre à toutes ses obligations, au lieu de se comporter comme sa caisse de résonance ».

Par ailleurs, que conclure si, au cours de la première réunion du Directoire tenue à Dar es Salaam le 16 mars 2008, nous posons la question au Représentant du gouvernement burundais, qui est pourtant sur place, et obtenir la réponse du Représentant du médiateur qui se veut être en même temps Président du Directoire politique. Où est alors la cloison entre la médiation et le Directoire politique ? Dans sa conception, le gouvernement l’a lui-même dit au titre VI, le Directoire politique est destiné à appuyer la médiation. Rappelez-vous, on appuie quelqu’un qui est à bout de forces. Comment se peut-il alors que la médiation qui n’a plus de force s’appuie elle-même au Directoire politique ?

Du titre VIII. Volte-face du PALIPEHUTU-FNL : Attaque armée contre la ville de Bujumbura

Ce titre et son contenu imputent les attaques du 17-18 avril 2008 au PALIPEHUTU-FNL, comme il le fait toujours pour distraire l’opinion tant nationale qu’internationale et lui faire oublier son plan de génocide qu’il a préparé depuis longtemps et exécute maintenant sur sa propre population.  N’est-ce pas le gouvernement qui a bel et bien planifié cette attaque ?

En effet, nous avons enregistrés des discours combien incendiaires à caractère génocidaire des autorités burundaises tant du côté militaire que de celui des hommes politiques. Qui ne se rappelle pas que le 1er Vice-président burundais Yves SAHINGUVU, le ministre de la défense le général Germain NIYOYANKANA, le chef d’Etat major le général Samuel GAHIRO sans oublier le président NKURUNZIZA,  n’ont jamais cessé et ne cessent de lancer des ultimatums d’intimidation au  PALIPEHUTU-FNL. Ils n’ont pas peur,  ni honte de déclarer qu’ils vont nous exterminer tous et tout ce qui sent le PALIPEHUTU-FNL.

Nous nous rappelons également que le ministre de la défense le général Germain NIYOYANKANA a donné, juste après la signature des Accords, l’ordre de tirer sur tout combattant du FNL qui se déplace et le poursuivre jusqu’à sa dernière demeure, les privant ainsi de leur droit de circuler comme tout burundais sur le territoire national. Très récemment, le PALIPEHUTU-FNL a dénoncé, dans son communiqué de presse du 17 avril 2008, un déploiement outré et inhabituel des forces armées du gouvernement burundais, tout leur arsenal militaire braqué sur les positions du PALIPEHUTU-FNL. Tout ce qui a suivi n’engage que le gouvernement burundais qui a violé les termes des Accords signés ; ce qui témoigne une fois de plus le manque de volonté de la part du gouvernement de négocier croyant qu’il apportera la paix au Burundi par les armes. En effet, il n’a jamais considéré le PALIPEHUTU-FNL comme un partenaire dans la recherche de la paix au Burundi. Au lieu de négocier avec lui, il cherche à l’anéantir par tous les moyens (la faim et le manque de soins médicaux pour les combattants, la guerre, les arrestations et emprisonnements, créer des milices qui se réclament dissidents du PALIPEHUTU-FNL comme celle de RANDA, tripartite +1, etc.). Voyant que toutes les stratégies ont échoué, il prie dieux et démons de l’aider à convaincre la communauté internationale pour nous taxer de terroristes, de bêtes à abattre. C’est une politique de l’autruche devant les problèmes de paix, de sécurité, de développement économique, de bonne gouvernance, de détournement, de corruption… qui font toujours parler d’eux au Burundi. Peine perdue !!

De la conclusion

Le gouvernement burundais conclut son document avec une note de désespoir fustigeant le PALIPEHUTU-FNL. Il est incompréhensible que le gouvernement burundais refuse de donner l’immunité et appelle, dans son discours à la nation, les pays du tripartite+1 pour l’aider à combattre militairement le PALIPEHUTU-FNL et l’accuse de refuser la voie du dialogue. Qui du gouvernement ou du PALIPEHUTU-FNL bloque l’application des Accords signés ?

D’ailleurs, dans leur correspondance du 24 avril 2008 au Président de l’Assemblée nationale, 25 députés se sont révélés disposés à amender cette loi périmée qui donne une pseudo-immunité. D’aucuns se demandent pourquoi le pouvoir de Bujumbura ne convoque cette session extraordinaire du Parlement pour ne pas prolonger la souffrance d’un peuple burundais entier. A la limite, il serait condamnable pour crime de haute trahison.

Par ailleurs, qu’est-ce qu’on peut espérer de ce gouvernement en panne qui, au lieu de protéger sa population et de la réconcilier, appelle les puissances étrangères pour l’aider à la décimer ? Quel est ce gouvernement où rien ne va sauf le crime, la corruption et les détournements, qui prend en otage la population burundaise et entreprend de l’exterminer ? Nous sommes sûrs et certains que les burundais et la communauté internationale suivent de près toutes les manœuvres du gouvernement pour torpiller la mise en application des Accords.  

 

Pour le PALIPEHUTU-FNL,

Pasteur HABIMANA

 

 

Porte parole.

  

Annexe

 

REPUBLIQUE DU  BURUNDI

 

 

                          

 

MINISTERE DES RELATIONS EXTERIEURES

 

 

MEMORANDUM DU GOUVERNEMENT SUR LES PROBLEMES DE LA MISE EN APPLICATION DE L’ACCORD GLOBAL DE CESSEZ-LE –FEU SIGNE ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE PALIPEHUTU-FNL

INTRODUCTION :

Convaincu que la paix et la sécurité d’une Nation constituent les fondements primordiaux de son développement,

Déterminé à privilégier la voie du dialogue pour trouver des solutions aux problèmes posés,

Le Gouvernement du Burundi a annoncé de bonne heure sa détermination d’aboutir à un Accord de paix avec le PALIPEHUTU-FNL  à travers une voie négociée.

La main tendue du Gouvernement n’a malheureusement pas reçu un accueil attendu du côté du PALIPEHUTU-FNL qui, plutôt avait décidé d’adopter une stratégie de la ruse afin de maintenir, perpétrer et renforcer ses visées de la guerre.

I.                 Le PALIPEHUTU-FNL a traîné les pieds dès le départ

 

1.  Signé à Dar-Es Salaam le 7 Septembre 2006 entre le Gouvernement du Burundi et le PALIPEHUTU-FNL, l’Accord prévoit la mise en place du Mécanisme Conjoint  de Vérification et de Suivi(MCVS), de sa mise en application « dès l’entrée en vigueur du Cessez-le feu »(Annexe I, point 1.3)

2.  Mais le Mouvement d’Agathon RWASA  se refusera de donner la liste de ses  représentants, et cela malgré l’adoption d’une Loi portant Immunité provisoire de ses membres comme le prévoit également l’Accord ( Loi N0    1/32 du 22 Novembre 2006 et Décret N0 100/357 du 20 Décembre 2006 ). Les travaux du MCVS débuteront le 19 Février 2007 avec un retard d’un peu plus de quatre mois.

3.  Outre l’adoption de cette Loi, ce début sera également précédé par 6 des membres du PALIPEHUTU-FNL qui devaient faire partie soit du MCVS, soit des Equipes Mixtes de Liaison (E M L)

II. Le PALIPEHUTU-FNL n’a cessé de violer l’Accord

4.  Aux termes de son article II point 1.1.7,  l’Accord dispose que le cessez le feu implique « l’arrêt de toute activité susceptible de compromettre la mise en oeuvre normale du processus de paix » . Plus précisément, il est dit qu’à l’entrée en vigueur du cessez-le feu, les Parties conviennent de ne pas recruter des forces supplémentaires » (Annexe I, point 1.1.9).

5.   contrairement à  ces dispositions, le PALIPEHUTU-FNL n’a cessé de recruter de nouveaux combattants,  de les entraîner, recruter de nouvelles positions, de se livrer aux pillages et aux rançonnements de la population, de tendre des embuscades, etc.…

III.          Le PALIPEHUTU-FNL refuse de s’impliquer dans les travaux du MCVS

  

6.  Suite au refus des membres du PALIPEHUTU-FNL, les travaux du MCVS n’avanceront que très lentement et seront souvent interrompus. L’on se rappellera à  ce sujet qu’en date du 26 Mars 2007, en pleine séance de travail, le chef de la délégation FNL annonce une série de conditions qui doivent être préalablement remplies, à défaut de quoi son Mouvement se retirerait du processus. Des conditions qui sont complètement en dehors  de l’Accord du 7 septembre 2006.

7.  Comme on pouvait s’y attendre, il était hors de question que la partie gouvernementale puisse accepter ces conditions qui, n’étaient qu’un simple prétexte, pour bloquer les travaux du MCVS. Y répondre aurait été tout simplement faire un retour en arrière, c’est-à-dire retourner à la table des négociations, ce qu’avait toujours souhaité PALIPEHUTU-FNL.

8.  Suite à ce blocage, et sur proposition de la Facilitation, le Président de la République s’est rendu à Dar-ES-Salaam le 17 Juin 2008, pour rencontrer Mr Agathon RWASA. A l’issue de leur entretien, ils déclarent s’être entendus sur ce qui suit :

 

-Les travaux du MCVS devaient reprendre et se poursuivre normalement jusqu’à leur terme,

-Les problèmes qui surgiraient au sein du MCVS devraient leur être soumis pour qu’une solution appropriée soit trouvée.

-La mise en place d’une Commission de justice destinée à superviser la libération des prisonniers politiques et de guerre, en se référant à la liste qui devait être présentée par le PALIPEHUTU-FNL. Malheureusement, cette liste n’a jamais été présentée.

 

 

 

 

IV. La rencontre du 17/06/2007 : Un nouveau leurre

9.  Les travaux  du MCVS reprendront le 28 Juin 2007 dans une ambiance apparemment de confiance et d’une  volonté commune d’avancer dans un but commun : L’application complète et définitive de l’Accord. Cette ambiance permettra notamment au MCVS :

 

-de procéder à la finalisation du texte relatif à son mandat ainsi qu’à l’élaboration du calendrier du programme de son action.

-d’élaborer, discuter et adopter le texte relatif au mandat de l’Equipe Mixte de Liaison chargée de l’immunité et de la libération des prisonniers politiques et de guerre (EML/ILPPG).

10.                   Cette accalmie sera de courte durée. En effet, contre toute attente, lors de la séance du 4 Juillet 2007, la délégation du PALIPEHUTU-FNL fait volte-face  et repose les mêmes questions, celles-là même  qui avaient été à la base du blocage, et qui étaient supposés avoir été débattues et réglées à Dar-Es-Salaam le 17 Juin 2007.

 

 

 

 

V.     Le PALIPEHUTU-FNL regagne le maquis

11.                   Prétextant une mésentente entre elle et sa sécurité, Le 23 Juillet 2007, la délégation du PALIPEHUTU-FNL se retire complètement du MCVS et des EML. Et comme l’on pouvait s’en rendre compte, ce retrait injustifié ne vient que ralentir un processus qui était en marche.

12.                   Depuis ce retrait, la population subit de multiples exactions commises par les combattants de ce Mouvement, et des provocations répétitives sont dirigées contre les  Forces de Défenses et de Sécurité.

 

VI. Stratégie du double langage

 

13. Suite à une série de concertations et de réunions, les leaders du Mouvement avaient fini par accepter  la mise en place d’un nouvel Organe : Le Directoire Politique, destiné d’appuyer le Médiateur.

Ainsi, une réunion de ce Directoire s’est tenue à Capetown en Afrique du Sud les 22 et 23 Février, à l’issue de laquelle le PALIPEHUTU-FNL s’est engagé à rejoindre les travaux du MCVS le 1er Avril, et envoyer son leadership à Bujumbura le 1er Mai 2008.

 

14.                   Fidèles à leur stratégie de double langage, les responsables de ce Mouvement n’ont pas bougé de Dar-Es-Salaam. Raison avancée :Le manque d’une Loi garantissant aux membres de leur Mouvement, une Immunité provisoire. Un alibi de plus, puisque cette Loi existe bel et bien depuis Novembre 2006.

D’ailleurs, c’est la même loi qui avait rassuré la première délégation du PALIPEHUTU-FNL pour se joindre aux travaux du MCVS.

VII. Manœuvres de ralentir  le processus

 

15. Dans son Communiqué de Presse du 14 avril 2008, Le PALIPEHUTU-FNL écrit : «  …La Médiation et le Directoire politique finiront par inciter le Gouvernement burundais à répondre à ses obligations, au lieu de se  comporter comme sa caisse de résonance. »

Ceci est une forme à peine voilée d’accuser injustement la Médiation et le Directoire Politique d’être de mèche avec le Gouvernement burundais. La même  stratégie avait été utilisée par ce Mouvement quand il avait  accusé la facilitation d’être de connivence avec le Gouvernement du Burundi.

 

 VIII. Volte-face du PALIPEHUTU-FNL : Attaque armée contre la Ville de Bujumbura

 

16. L’attaque armée perpétrée dans la nuit du 17 au 18 avril 2008, contre certains quartiers  de la Ville de Bujumbura prouvent  à suffisance  que ce Mouvement n’adhère  pas à la logique de paix.

Il vient de prouver au monde que  les efforts consentis par les pays  de la Région et des partenaires dans le processus de paix au Burundi, sont nuls et restent sans effet. Oser larguer des bombes sur la population innocente est un acte terroriste.

IX. Conclusion

Au regard du comportement du PALIPEHUTU-FNL,  tel que nous venons de  la décrire, on a le droit de se poser la question de savoir si  ce Mouvement peut encore mériter la confiance de qui que ce soit.

En effet, comment continuer à faire confiance à un des gens qui ne sont pas constants, chez qui le mensonge semble avoir été  érigé en valeur.

Avec la dernière attaque armée  LE PALIPEHUTU-FNL vient de prouver aux Burundais, à la Sous Région et au monde entier que sa véritable préoccupation  n’est pas vraiment l’application de l’Accord qu’il a pourtant signé librement.

En refusant  de réintégrer le MCVS, il refuse la voie du dialogue et de la paix et choisit délibérément celle de la violence aveugle et la barbarie de la guerre. Il faudra qu’il en assume toutes les conséquences.

 

 

 

                                           Fait à Bujumbura, le 21/04/2008