Burundi news, le 01/12/2008
MEMORANDUM DU PARTI SAHWANYA- FRODEBU SUR LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE QUI PREVAUT AU BURUNDI EN NOVEMBRE 2008
I. INTRODUCTION
II. CONSTATS
Dans le domaine Politique, des droits de la personne humaine et des libertés publiques
Sont des épreuves irréfutables que le Burundi est retombé dans un régime militaire dictatorial ;
Dans le domaine de la paix et de la sécurité
12. L’absence des modalités pratiques de mise en application de l’Accord signé entre le dernier mouvement politique armé, le PALIPEHUTU-FNL de Agathon RWASA ; le manque d’une ligne directrice pour le désarmement de la population civile et des milices, le réarmement et l’encadrement des ex-combattants (démobilisés) par le Parti CNDD-FDD et la recrudescence des violences constituent des menaces potentielles qui pèsent sur le Burundi et la région des grands lacs ;
13. Par ailleurs, l’on assiste dans le pays à plusieurs attaques armées sur des biens et des personnes sous plusieurs formes : vols à mains armées accompagnées souvent de tueries des victimes, attaques à la grenade dans les bistrots accompagnées de morts, embuscades sur les routes, etc. Ces attaques dont plusieurs auteurs n’ont jamais été inquiétés s’observent actuellement sur l’ensemble du territoire ;
Dans le domaine économique
14. Alors qu’il était attendu du régime issu des élections de 2005 une relance de l’économie du pays par le biais de l’application des règles de Bonne gouvernance, le pays s’est retrouvé entraîné et ce, dès le départ du régime jusqu’à nos jours, dans un système de corruption, de détournements de fonds et de deniers publics, ainsi que de malversations économiques de toute sorte sous un couvert complice de tout l’appareil de l’Etat. Rappelons les graves cas encore pendant : la vente illicite de l’Avion Présidentiel le Falcone 50 dont les conclusions de la commission d’enquête parlementaire pointe du doigt le plus haut sommet de l’Etat et son entourage, le dossier Interpetrol, le marché des vivres pour la police, le dossier du Centre national de démobilisation (DDR), et bien d’autres ;
15. Plusieurs dossiers de corruption et malversation croulent sous les bureaux de la Cour anti-corruption sensée chargée de lutter contre ces crimes. Malheureusement, comme beaucoup d’autorités sont impliquées, les magistrats, le plus souvent au service de l’Exécutif, n’ont pas le courage ou la force de statuer dans le sens du droit ;
16. Il est manifeste que la pauvreté au lieu de diminuer continue à s’accentuer dans le pays, que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Les quelques appuis venant des bailleurs de fonds arrivent timidement et à compte gouttes du fait notamment du manque de confiance des bailleurs de fonds dans un régime qui est gagné à la corruption. Les faibles performances de l’économie mondiale se répercutent sur le Burundi et ce de façon aggravante ;
Dans le domaine social
18. La population est frappée par des misères de toute sorte : famines et disettes dans certains coins du pays, manque de logement adéquat, impossibilité d’intégration de nombreux rapatriés et des sinistrés, multiplication des viols de toute sorte, incapacité d’accéder à des soins de santé suivi de l’affaiblissement physique de la population surtout en milieu rural, incapacité d’accès à un système scolaire adéquat pour les enfants, et bien d’autres insuffisances graves qui sont décriées régulièrement par la population ;
Au niveau de la Communauté Internationale
19. La communauté internationale qui a soutenu le processus de paix et de réconciliation inter burundais semble actuellement se résigner même dans des cas graves les plus flagrants que nous avons cités ci-dessus ;
20. Le détournement total de l’attention de la communauté internationale pour se consacrer davantage aux autres pays de la sous- région sous prétexte que le Burundi a plus ou moins fini de résoudre ses problèmes est une erreur gave, une vision erronée de la situation qui prévaut au Burundi , et risque d’anéantir tous les efforts louables qui avaient été consentis, avec des répercussions graves sur la région ;
21. Les pays de la sous- région, leaders de l’initiative de paix au Burundi semblent être actuellement dans une situation tout à fait embarrassante, ne permettant pas d’avoir une cohésion suffisante pour appuyer le Burundi dans le sens de l’Accord d’Arusha et des divers Accords de cessez-le-feu ;
III. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Envers le Président de la République et son Gouvernement
22. Le Président de la République doit :
· jouer pleinement son rôle constitutionnel de garant du fonctionnement normal et régulier des institutions ;
· promulguer sans tarder l’instrument de ratification du protocole facultatif relatif au Pacte International des droits civils et politiques des citoyens ainsi que la loi sur la privatisation des entreprises para- publiques ;
· libérer la justice afin qu’elle puisse fonctionner réellement de manière indépendante ;
· mettre un terme à la campagne électorale prématurée en utilisant les moyens de l’Etat et l’aide publique de la communauté internationale ;
· libérer sans conditions tous les prisonniers politiques et d’opinion ;
· faire fonctionner le gouvernement qui reste jusqu’ici paralysé par une structure qui n’est pas réglementée ;
· préparer de manière transparente les élections de 2010 notamment d’engager le débat sur la révision de la constitution, du code électorale de la loi communale et d’autres règlements régissant les élections au Burundi;
· créer un environnement favorable à l’application de l’accord signé entre Lui et le Mouvement PALIPEHUTU – FNL.
Envers le Parlement
23. D’exercer pleinement et souverainement son rôle de contrôle de l’action Gouvernementale et cesser d’être une caisse de résonance de l’Exécutif ;
24. D’exiger du Gouvernement la présentation de ses priorités pour l’année 2009 avant le vote du budget, exercice 2009 particulièrement les questions relatives à la sécurité et aux élections de 2010 ;
25. De rendre public le rapport de la commission d’enquête Parlementaire sur la vente illicite de l’avion Falcon 50 pour que les responsables de cette vente illicite soient traduits en justice ;
26. D’exiger la promulgation des lois votées par le Parlement ;
27. De réengager le débat en son sein sur la mise en place d’une commission chargée de suivre le respect et l’application de l’Accord de cessez-le-feu signé entre le Gouvernement et le PALIPEHUTU- FNL d’Agathon RWASA ;
Envers les Partis Politiques, les forces sociales et morales
28. De constituer un vaste rassemblement pour le changement de cette situation en 2010 ;
Envers l’initiative régionale de Paix sur le Burundi et la Communauté Internationale
30. De s’impliquer davantage dans les préparatifs des élections de 2010, en disposant les outils et moyens humains et matériels nécessaires pour ces opérations et user de toute son influence pour dissuader tous les acteurs politiques de s’engager sur le terrain de la confrontation violente ;
Le Parti Sahwanya-FRODEBU reste engagé et déterminé à poursuivre la lutte qu’il a engagée jusqu’à l’instauration d’un Etat de droit, d’un Etat démocratique et d’une société juste et équitable. Il reste également disposé à tout dialogue franc et sincère visant à trouver des compromis aux questions encore en suspens.
Fait à Bujumbura, le 26/11/2008
Pour le Parti Sahwanya-FRODEBU
Honorable Léonce NGENDAKUNANA
Président.