Source : Burundiréalité
Le Colonel Bangirinama Vital accuse Général Niyoyankana Gervais, le ministre de la défense, d’avoir ordonné les massacres de Muyinga : Rien qu’un monstrueux montage confie le ministre de la défense à Burundi Réalités.
Bujumbura, 2008-01-21 (Burundi Réalités Agence Presse) -
Le document est appelé un mémorandum sur le
dossier dit "Muyinga ". Et il est rédigé par Colonel Bangirinama Vital, un homme
qui dans ses propres mots a ordonné au commandant Manirabona (s1 camp)
d’acheminer la trentaine de personnes accusées d’être des membres du FNL à la
position Ruvubu pour y être exécutées clandestinement. Il ne prend pas la
responsabilité de ce massacre. Il en jette la responsabilité totalement d’abord
au général Niyoyankana Germain, le ministre de la défense et puis ensuite au
chef d’état-major Gnl MJR Gahiro Samuel ainsi que le chef d’état-major
Interarmes, le général de brigade Hakiza Cyprien qui ont donné leur approbation
à cette décision venant directement du ministre de la défense i.e. en dernière
analyse du gouvernement lui-même.
Le mémorandum est frappant à plusieurs points de vue. D’abord, le mémorandum
n’est envoyé à aucune autorité. Deuxièmement, le mémorandum montre des efforts
systématiques d’étouffer l’affaire au niveau des medias comme au nivaux de
l’implication des institutions (tentative par exemple d’en faire une affaire de
l’armée) et surtout de protéger les militaires impliqués (préparation morale,
plan d’arrêter certains et de les libérer immédiatement pour distraire l’opinion
internationale etc..). Troisièmement, le mémorandum frappe par la légèreté avec
laquelle les ordres de massacrer 30 Burundais auraient été donnés. Traduit
littéralement le ministre de la défense aurait dit : "Il ne faut pas que vous
perdiez du temps, tuez-les rapidement la ou vous êtes avant la chose se sache.
Même ceux que nous avons à Randa nous cause des problèmes et vous voulez ajouter
du mal au mal ? ". Quand Colonel Bangurambona Vital informât le chef
d’état-major général et chef d’état-major interarmes, ceux-ci lui dirent " comme
il t’a dit comme ca, fais le, mais il ne faut pas que cela se sache ".
Burundi Réalités a contacté Général Niyoyankana Germain le ministre de la
défense lui-même pour tirer au clair certains des points évoqués par Colonel
Bangirinama Vital. D’emblée, le ministre de la défense a indiqué avoir le
mémorandum en question ajoutant que ce n’est rien qu’un montage monstrueux de la
part de l’un ou l’autre de ses détracteurs. " Ce que je n’ai pas fait pendant la
guerre, je ne le ferai pas maintenant que j’essaie de participer à la
construction d’une paix durable au Burundi " , a dit le ministre de la défense à
Burundi Réalités Agence Presse. A la question de savoir comment un commandant de
camps pouvait s’enfuir du pays sans que les autorités ne le sachent malgré son
implication dans un meurtre crapuleux de trente Burundais, le Ministre de la
défense a observé qu’il est peu probable que le colonel Bangirinama Vital soit
en Tanzanie et qu’en toute probabilité, il est encore au Burundi.
Une fois qu’il a appris ce qui s’était passé, le ministre de la défense dit
avoir pris un nombre de décisions importantes. Comme l’arrestation du Colonel
Bangirinama Vital posait problème à cause du nombre élevé de garde dont il
s’était entouré, il a jugé prudent de procéder autrement en demandant au Colonel
Bangirinama Vital de se présenter régulièrement à l’auditorat militaire tout en
confiant à ce dernier la poursuite de ce dossier. Il a aussi recommandé au
président de la république que Colonel Bangirinama Vital soit révoqué des
fonctions de commandement de la quatrième région militaire. Ce qui fut fait. Sur
un autre point important, si en fait le Ministre de la défense avait donné au
colonel Bangirinama Vital cette mission, il se serait attendu à ce que ce
dernier lui donne un rapport; ce qui n’a pas eu lieu.
Que le ministre de la défense caractérise les accusations du Colonel Bangirinama
Vital comme un montage contre ouvre la question de savoir qui lui en vaudrait et
pourquoi. Ceux qui le côtoient disent aisément que le ministre de la défense est
connu pour sa fidélité au président de la république. Mais c’est aussi un homme
qui n’hésite pas à appeler un chat un chat quand ce la s’impose. Par exemple, au
cours de l’année 2007, pendant que la totalité de l’appareil de l’état et du
renseignement s’attelait à affirmer qu’il y a un coup d’état en préparation, le
ministre de la défense n’a pas hésiter à dire que selon les renseignements
militaires, il n’y avait pas de coup en préparation, tout au moins au sein de
l’armée. Il s’est trouvé qu’il avait raison. L’autre exemple est qu’alors que
certains généraux du CNDD-FDD au sein de l’armée et de la police s’ingéraient
dans la politique ou dans les affaires de l’état, il n’a pas hésité à dire
publiquement qu’ils devaient exercer une retenue et se concentrer à leurs
professions. Mais cela n’expliquerait pas les tentatives de discréditer le
ministre de la défense.
Au fonds de la question réside une ambivalence de la part du pouvoir CNDD-FDD
sur les résultats des négociations d’Arusha qui ont donné une part importante du
contrôle de l’armée aux anciens FAB dont le commandement était largement Tutsi
et a établi et adopté un principe de quota ethnique au sein des forces de
défense et de sécurité. Ceux qui voudraient voir cette donne modifié n’ont de
choix que de créer les conditions nécessaires qui permettraient au président
Nkuruzinza de remplacer les personnalités symboles de cet état de fait à savoir
le ministre de la défense et le chef d’état major général ainsi que le chef
d’état-major interarmes , tous des tutsis et des anciens FAB. Et quoi de plus
motivant que des les accuser d’avoir ordonné l’exécution de plus de trente
Hutus, surtout que l’affaire de Muyinga est devenue le cri de ralliement des
individus et organisations qui décrient le médiocre état des droits de la
personne au Burundi.
Indépendamment de ses motivations, le Colonel Bangirinama Vital vient d’ouvrir,
par ce mémorandum, la question des massacres de Muyinga à un débat public. Et la
réaction du ministre de la défense vient de renforcer l’impératif d’une enquête
neutre et indépendante pour établir les faits.