LE GRAND MERDIER : BURUNDI

 Burundi news, le 28/07/2016

Par NICK ANSELME BIDAHARIRIZWA.

C’est compliqué au Burundi : il y a des crises tous les 10 ou 20 ans, et la particularité de celle-ci est qu’elle est née de l’interprétation fantaisiste d’un texte qui devait permettre de résoudre à jamais les crimes politiques cycliques, les exils forcés, les assassinats et les meurtres à grande échelle appelés les génocides si vous voulez.

L’accord d’Arusha pour la réconciliation du peuple burundais et la constitution de la république du Burundi sont des textes certes incomplets et imparfaits mais ils font la preuve que si on respecte les mêmes principes, on peut avoir la paix. Il eût donc fallu les sacraliser comme les Américains ou d’autres grandes nations avant nous ont fait de leurs constitutions respectives désormais inscrites dans du marbre. Encore eût-il fallu que nous fûmes aussi intelligents que les américains, les français et d’autres. Or, et c’est douloureux, force est de le constater, nous brillons par notre niaiserie.

Pour protester contre le cumul du pouvoir entre 10 ou même 20 personnes corrompus d’une même clique, le Burundi a connu des manifestations pacifiques souvent dans la capitale il est vrai.
Des jeunes souvent éduqués et qui n’avaient jamais eu de perspective de la part d’un régime brutal, longtemps désœuvrés, ont manifestés et bravés la police souvent avec la force de leurs seules mains. Pour pouvoir mieux les massacrer, on les a appelés : « les insurgés ».

Des femmes ont enfilé courageusement le survêtement de leurs maris pour se lancer elles aussi dans les rues, crier la désapprobation et souvent leur colère devant un scénario surréaliste concocté par les tenant du pouvoir de Bujumbura.


Enfin, un groupe d’officiers ont organisé un coup d’état qui, de trahison en couardise, a été déjoué, permettant ainsi de renforcer celui-là même qu’on devait limoger, offrant, s’il en fallait, le prétexte aux services de sécurité de mater dans le sang, toute velléité de protestation légitime d’un pouvoir redevenu sanguinaire. Il est difficile de juger ces officiers récalcitrants, ne connaissant leurs intentions que sur ce qui nous a été dit. On peut néanmoins constater qu’ils avaient été accueillis avec enthousiasme par une partie de la population. Cela n’aurait sans doute pas résolu le problème, mis en aurait changé la nature.


Cela fait plus d’une année, la police et l’armée tuent, humilient y compris dans ses propres rangs. Il n’est pas rare de voir un haut gradé frappé et violenté par un policier du tristement célèbre service national du renseignement. Il n’est pas de semaine qui passe sans que la police vienne « prélever » des jeunes dans les quartiers souvent tutsis d’ailleurs, un peu comme si les dits quartiers contestataires constituaient une réserve de personnes à massacrer. Dans cette république, on a violé, on a massacré des familles entières et jeter sur le chemin de l’exil des centaines de milliers de concitoyens, jeunes pour la plupart.

Toute cette population exilé et humilié, toute la population de l’intérieur qui n’a de cesse de voir des jeunes « imbonerakure » se comporter comme des sauvages, tout ce monde y compris des militaires fatigués de se faire traiter en bêtes de somme, tout ce monde devrait constituer un vivier dans lequel devrait puiser l’opposition au pouvoir sanguinaire. Les jeunes dans les quartiers, les jeunes de Mugamba, ou même toute cette population qui vit dans les camps de réfugiés n’ont pas vocation à rester des victimes expiatoires, qui ne serviraient que de chair à canon.

Alors, c’est quoi le problème ?

Avez-vous fait cette expérience désagréable et malheureuse de l’homme qui aime sa femme, il sait qu’elle le trompe, il ne le lui dit pas, car il l’aime trop pour s’en séparer ! Cette expérience du cocu n’est pas exceptionnelle, c’est le ressenti de tous les burundais qui ont cru et placés l’espoir en l’opposition au pouvoir de Bujumbura.

Cette opposition doit savoir que le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache et se mérite. Toute lutte nécessite une organisation, une discipline.

Qui peut nous expliquer comment est organisé le CNARED ? Qui peut me dire le but recherché par le CNARED ? Chasser Nkurunziza du pouvoir ? organiser d’autres élections ? organiser un pouvoir de transition où on aurait les mêmes têtes, souvent avec les mêmes costumes à des postes de responsabilité ? encore une solution transitoire et inadéquate ? La structure même de cette organisation ne permet pas d’espérer une solution définitive. Ainsi donc, nous sommes là à espérer qu’un organe dont les membres sont issus de partis qui se sont fait la guerre, ira négocier pour nous, parlera pour nous, et nous défendra vraiment. Savent-ils ce que nous pensons ? Je ne réfute pas que ces messieurs dames aient changé avec le temps, ne pensez-vous pas qu’ils gagneraient à faire le tour des capitales principales et nous dire ce qu’ils envisagent vraiment ? On a l’impression, que certes ils travaillent, mais souvent c’est pour les prochaines négociations. Or Le jour où la communauté internationale n’en voudra pas, cette structure disparaitra. Si le médiateur n’en tient pas compte, et il peut le faire si Nyamitwe (n’importe lequel) lui demande, cette structure n’a plus de raison d’être.


L’autre volée de la résistance est la lutte armée. C’est indéniable, si on lit ce qui passe sur les réseaux sociaux, la guerre civile a commencé. Si on peut comprendre la nécessité de discrétion à propos des mouvements rebelles, on n’arrive pas à comprendre la multiplication d’émissaires plus ou moins clandestins qui peuvent expliquer le fonctionnement d’un mouvement dont ils ne connaissent qu’une seule personne, souvent un camarade de classe ou un cousin ! Certains des compatriotes se sont fait grugés, ont donner des contributions dans la précipitation et l’émotion, mais sont encore dans l’attente légitime de quelque action concrète ! Et si on proposait d’établir la liste de ceux qui ont collecté l’argent pour pouvoir leur poser la question plus tard quand le pouvoir sera conquis ? Quelle est la différence entre ceux-là et ceux de nos familles ou de nos amis qui collaborent avec le pouvoir sanguinaire ?

On peut aussi s’étonner de la stratégie de communication de certains mouvements. Nous avons eu des communiqués successifs nous annonçant l’organigramme du mouvement FOREBU par exemple. Ensuite blackout ! Partout où on voit un Burundais, il demande pourquoi les différents mouvement rebelles ne se réunissent pas. Un problème d’égo ? Peut-on se permettre des dissensions au sein d’un mouvement naissant ? Y a-t-il une place pour de l’égo quand vous n’êtes pas chez vous ? enfin Pensez-vous que pour diriger une armée vous devez avoir fréquenté l’académie militaire ?
Non ce qu’il faut c’est de la détermination et du charisme. Ce n’est pas suffisant de choisir un tel pour son ethnie et ou son background académique.

Pour le moment, les seuls qui sont cohérents, ce sont les tueurs de Nkurunziza. Ils ne réussissent pas toujours, cela fait un moment qu’ils essaient d’entraîner le Rwanda dans leurs problèmes pour déclencher une guerre et se faire passer pour des victimes. L’opposition commet des erreurs inhérentes à tout mouvement en cours d’organisation. Ceux qui commencent devraient manger leur pain blanc, et se fondre dans des mouvements plus vieux. L’union fait la force. Ce n’est pas la communauté internationale qui résoudra le problème, notre problème burundais. Il faut des arguments pour contraindre le pouvoir de négocier, et c’est sans nulle doute la force. Cela doit passer à mon sens par la transformation des tous les mouvements rebelles, en organisation politico militaires, avec un jeune chef charismatique à sa tête, ayant une vraie vision. C’est ce que fût le MPLA en Angola, le FRELIMO au Mozambique, et je ne parle pas du FPR je serais taxé de « MUJERI » et je n’aime pas ça.

Je suis un paysan de Gishubi, et mon fils a été tué lors suite aux incursions de la police présidentielle à Cibitoke. Ma femme n’a pas fini de pleurer, d’autant que le deuxième enfant, a fui vers le Rwanda. Je vous prie de penser à moi, je vous prie de faire en sorte que ceux qui sont partis, ne seront pas partis pour rien. Souvenez-vous, aucune dictature n’a vaincu le peuple, la victoire viendra, celle qui doit nous mener vers un Burundi harmonieux, paisible et prospère. Je lance un appel à la jeunesse, de se choisir un leader charismatique qui la mènera à la victoire.