UNE MILICE, LES ELECTIONS UNIPARTITES ET UN GENOCIDE
Burundi news, le 14/04/2014
Par Gratien Rukindikiza
Le Burundi a connu des périodes sombres. Plusieurs Burundais croyaient que la période était révolue. Ce qu'ils ont oublié, c'est que le fond du problème burundais est l'avoir, la richesse. Il y a ceux qui sont pressés pour arriver sur la table où se trouve le gâteau et ceux qui veulent à tout prix y arriver. Le CNDD-FDD a combattu le pouvoir en place après l'assassinat du Président Ndadaye afin de permettre l'arrivée à table de trois personnes qui ont partagé entr'eux ce gâteau. Le Président Nkurunziza, à tout seigneur tout honneur, prend le gros morceau du gâteau. Ce gâteau est composé par le budget de l'Etat, la corruption, les aides etc.... Ensuite viennent les généraux Adolphe Nshimirimana et Alain Guillaume Bunyoni. Les autres, j'ai nommé quelques cadres du parti, reçoivent des miettes pour qu'ils puissent glorifier les mangeurs à table.
Le futur conflit burundais tient à ces trois hommes qui ne veulent en aucun cas perdre ce gâteau. Comme un chien à côté de son morceau de viande, tout autre chien qui s'approche est mordu. Dans le cas actuel, les volontaires à la mangeoire sont nombreux. Le peuple aussi a faim et souffre. Il veut un changement. Il aura affaire à la force de nuisance de ces trois hommes. Ils ont sorti leur armada.
La milice Interahamwe, pardon Imbonerakure, au service des trois mangeurs
Cette milice a été armée et entraînée depuis la fin des élections de 2010. La première mission était de combattre, voire massacrer les militants du FNL de Rwasa. Avec la complicité de la police et certains éléments de l'armée, des dizaines de milliers de sympathisants du FNL ont été massacrés dans la plaine de l'Imbo.
Cette milice a un commandement unique national basé à la Documentation. Le patron de la Documentation est le seul patron de toute la milice. La police et certains officiers de l'armée donnent un coup de main pour la formation et l'armement de cette milice. Chaque responsable communal de la milice imbonerakure reçoit chaque mois une somme de 150 000 frs prélevée sur le budget de la Documentation.
Cette milice épaule l'armée lorsqu'elle intervient au Congo. Elle fait la chasse aussi aux opposants.
Aujourd'hui, le niveau d'équipement et d'entrainement fait craindre le pire et la mission semble de plus en plus inquiétant. Allons-nous assister à la politique de la terre brûlée?
Les trois mangeurs disent en privé qu'ils ne maîtrisent pas l'armée pour imposer une guerre civile aux opposants non armés. C'est cette milice alors qui aura cette tâche. Les opposants qui ne se soumettront pas auront un autre châtiment.
Les élections gagnées d'avance
Les accords d'Arusha stipulent que nul ne
peut diriger le Burundi plus de 10 ans. Cela n'empêchera pas le Président
Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat. Après le camouflet
parlementaire version Niyoyankana, le Président Nkurunziza a renoncé au
référendum. Il déposera sa candidature à la CENI et cette dernière soumettra la
question à la cour constitutionnelle. Cette cour devra d'abord passer par la
chambre de la Documentation pour qu'elle apprenne le droit versus CNDD-FDD. Elle
devra dire le droit Es Nkurunziza, Alléluia!
Au CNDD-FDD, les élections de 2015 sont déjà
gagnées une année avant les élections. Il reste à déterminer un pourcentage
acceptable par l'opinion internationale. La CENI reconduite est celle qui a fait
des miracles en transformant le score du FNL en score du CNDD-FDD. Pour proclamer ces résultats avant la fin
des dépouillements, il faudra prendre des précautions. Est-ce que la
proclamation des résultats ressemblent à un avion abattu chez un voisin.
Nous y reviendrons. Un génocide au Burundi en 2015 Une milice imbonerakure est armée, formée.
Cent miliciens viennent de rentrer d'une formation paramilitaire dans la RD Congo.
Le conseil de sécurité des Nations Unies parle des distributions d'armes
organisé par le G2 de l'armée. Psychologiquement, cette milice est
préparée. Elle a déjà goûté au sang. La radio Rema FM commence à jouer le rôle
de la radio milles collines du Rwanda en 1994. Certains officiers de la police
et de l'armée encadrent cette milice comme au Rwanda en 1994. Des avions ont
débarqué des caisses de munitions et d'armes via le Soudan il y a plusieurs
mois. Comme au Rwanda, des avions débarquaient les armes et machettes en
présence de la Minuar. Au Rwanda, le déclic a été l'avion du
Président abattu. C'était le coup de signal. La préparation du génocide avait
duré plus de deux ans. Au Burundi, elle durera plus de deux ans. Le signal est
la proclamation des résultats. Si les élections sont très surveillées, les armes
entreront en jeu. Au CNDD-FDD, ils mesurent la haine du peuple envers les
dirigeants actuels. Au lieu de perdre, cette milice entrera en jeu pour des
massacres des opposants, aussi des tutsi et des hutus de l'opposition . Dans le chaos, les élections seront
soit annulées, soit la victoire changera de camp. Les communicants du pouvoir ont beau
démentir les rumeurs de l'armement des imbonerakure, mais les faits sont là. On
ne peut pas armer une milice dans un pays qu'on dirige et qui a une armée et une
police sans une mission de massacre généralisé. Que fait le ministre de la défense, le
lieutenant général Gaciyubwenge? Le ministre de la Défense est complètement
absent. Il fait la sourde oreille et refuse d'analyser les informations qui
remontent de l'intérieur. Ses militaires se font tabasser par les imbonerakure,
du jamais vu dans l'histoire de l'armée burundaise. La police reçoit des fois
des ordres de la milice. L'armée baisse les yeux pour ne pas se heurter aux
intérêts des imbonerakure. Le ministre de la défense est en droit de
demander aux militaires de désarmer toute personne armée sans autorisation. Or,
ces miliciens armés se promènent le soir avec leurs armes et croisent des
militaires. Le ministre de la défense refuse de réagir
car il veut garder son poste. Le jour où le génocide en préparation se
déclenchera, il devra répondre aussi car certains de ses officiers participent à
la distribution des armes. Les officiers anciens FAB observent dans
l'inquiétude ce qui se passe. Pour détourner l'attention, les informations qui
remontent font état d'un probable coup d'Etat. Ceci pour distraire au moment où
les imbonerakure s'arment. Le ministre de la défense vient de démentir
la distribution des armes par certains officiers lors d'une conférence de
presse. La question qui se pose est de savoir s'il est au courant de tout ce qui
se passe dans son armée. Peut-il nous dire combien de camions militaires, jeeps
et des militaires qui ont participé aux massacres des militants du FNL dans
Bujumbura rural en 2010 et 2011? Peut-il nous dire combien de fois certains
militaires sont entrés au Congo dans des unités mixtes Armée-Imbonerakure?
Peut-il nous dire combien de militaires morts au Congo dans des combats contre
des éléments armés? Peut-il nous dire ce qu'il fait des rapports qu'il reçoit
sur cette milice Imbonerakure justement? Peut-il nous dire la main sur le cœur,
parole d'officier, qu'il n'est pas conscient de ses mensonges lors de cette
conférence de presse? Peu-il nous expliquer pourquoi il n'a pas réagi quand ses
militaires se font tabasser par des imbonerakure? La milice imbonerakure avec ses
ramifications internationales Cette milice ne constitue pas seulement un
danger pour le Burundi mais aussi pour le Rwanda. En effet, par le biais des
armes et de l'or, les deux généraux du pouvoir entretiennent des liens avec les
FDLR. On ne saura pas finalement qui s'entraine au Burundi. Demain, imbonerakure
et FDLR se battront ensemble. Pourquoi pas au Rwanda? Certaines informations font état des
manœuvres en vue de rapatrier des FDLR au Burundi. En effet, la force
d'intervention des Nations Unies au Congo a déjà défait le M23. L'ADF venant de
l'Ouganda est mise hors d'état de nuire. Il reste les FDLR. Les rebelles du FDLR
ont choisi la stratégie d'évitement. Ils refusent le combat avec les forces des
Nations Unies. Ils doivent migrer vers un autre pays dans la grande discrétion
mais proche du Rwanda. Le gouvernement burundais chercherait des moyens pour
faire rentrer des soi- disant burundais du Congo. Ces burundais pourraient être
des rwandais. Les FDLR prendraient alors l'étiquette des imbonerakure.
C'est l'équivalent du blanchiment de l'argent sale. La situation serait alors explosive. Même
l'armée burundaise serait incapable de combattre cette milice qui serait épaulée
par une partie de la police et des services de renseignement. Tous les ingrédients seraient réunis pour un
génocide. Les dégâts collatéraux en Somalie et en
République centrafricaine Plusieurs bataillons se trouvent en Somalie
pour ramener la paix. Ces militaires burundais sont parmi les plus expérimentés
sur le terrain. Ils ont apporté la sécurité à Mogadiscio. Si demain il y a des
troubles ou un génocide, les militaires hutu et tutsi présents peuvent se battre
entr'eux. Cette situation fragiliserait l'Amisom et les miliciens d'El Shabab
pourraient en profiter pour reprendre le terrain perdu. La communauté
internationale perdrait des centaines de millions de dollars dépensés en Somalie
pour revenir à la situation du départ. En plus, aucune force ne pourra
s'interposer entre les militaires burundais et en même temps défendre
Mogadiscio. Ce scénario vaut aussi pour la République
Centrafricaine. Plus d'un bataillon burundais se trouve à Bangui. Des militaires
bien disciplinés et appréciés. Un génocide au Burundi ne pourrait pas épargner
cette unité. La communauté internationale n'a pas réagi
au Rwanda pour empêcher le génocide. 20 ans après, les mêmes signaux
apparaissent au Burundi. Le conseil de sécurité a déjà mis en garde l'Etat
burundais. Si Nkurunziza a mis en place cette milice, c'est qu'il sait qu'elle
aura une mission précise pour qu'il se maintienne au pouvoir. A quel prix?
L'ancien Président Bagbo, un ami au
Président Nkurunziza, avait choisi la voie des milices, aujourd'hui, il a perdu
le pouvoir et dort en prison de la CPI en attendant la fin de son procès.