LES MILICES DES GENERAUX ANCIENS FDD, POUR QUELLES MISSIONS?

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 30/12/2007

Je tiens à remercier d'abord ceux qui lisent ce site et vous avez été les vainqueurs car votre site a été reconnu pour son travail. Je remercie aussi le premier lecteur de ce site qui est le Président de la République. Sans aucun doute qu'il veut suivre les révélations de Burundi News, une façon aussi de reconnaître que le site a son rôle. Il a été le premier site à interroger le président du CNDD-FDD au moment où ce mouvement était dans les maquis. Le président de ce mouvement était Pierre Nkurunziza, actuel Président de la République. Son interview lui a permis de se faire connaître dans certains milieux.

Dans un pays paisible, il y a en général une armée, une gendarmerie ou et une police. L'existence des milices est synonyme de seigneurs de guerre et fauteurs de troubles. En Somalie, depuis l'existence des milices, il y a des seigneurs de guerre et il y a des zones d'insécurité qui durent plus de 20 ans. Quand un pays qui a une armée voit naître des milices, il doit se préparer à enterrer les siens. L'existence des milices entretenues par des hommes du pouvoir est capable d'anéantir la plus grande armée du même pays. Ces milices se comportent à un certain moment comme les forces les plus authentiques et les plus sauvages. Si l'armée rwandaise du temps de Habyalimana a été vaincue de la sorte après le début du génocide, c'est sans aucun doute par les actions des milices qui ont entraîné une dislocation de l'armée. L'armée devenait milice et le commandement était difficile.

Après l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, certains généraux FDD ont cru qu'ils avaient le pays sous leurs bottes et ont voulu imposer leur ordre aux Burundais. C'est ainsi qu'ils ont créé des milices recrutées parmi les anciens démobilisés et les bandits connus de Bujumbura. Le limogeage de Radjabu du parti leur a permis d'opérer au grand jour car de son temps, il imposait son ordre et les généraux obéissaient.

Selon nos enquêtes faites au Burundi et à l'étranger, il existe aujourd'hui trois milices bien organisées. La plus forte appartient à un général, la deuxième appartient à une très haute personnalité politique et la troisième appartient à deux généraux qui ont travaillé et qui travaillent toujours la main dans la main dans les domaines de  corruption et de détournements des fonds publics.

La première est plus organisée et plus aguerrie. Elle a un cadre de couverture et est, selon mes informations, la plus dangereuse. Elle se rémunère aussi sur les vols commis dans l'impunité dans la capitale. La deuxième est mieux lotie car elle a plus de moyens et ne se  livre pas aux vols. C'est une milice de réserve pour son propriétaire. Elle pourrait servir au moment voulu notamment pendant les élections prochaines. La troisième vit essentiellement des vols organisés et rapporte des commissions à ses deux généraux. Elle bénéficie aussi d'une couverture. Les Burundais non avertis s'étonnent de constater que certains vols se commettent à côté des policiers sans que ceux-ci ne bougent. Tout est organisé pour que ces forces protègent ou exfiltrent les miliciens qui commettent ces forfaits.

Les trois milices sont un grand danger pour le pays. C'est une de ces trois milices qui a planifié et exécuté le plan d'attaque chez les députés qui avaient voté contre une proposition de loi du pouvoir. Si ces milices restent intactes, elles ne feront que se renforcer et pourront même s'attaquer à certains chefs de la police ou de l'armée ayant l'esprit libre. Le désarmement de la population ne peut se faire en même temps que l'armement des milices. Elles disposent déjà des caches d'armes du CNDD-FDD laissées en réserve. Les deux grandes caches se trouvent à Bujumbura et à Gitega du côté Makebuko, si et seulement si, ces armes n'ont pas été déplacées ces derniers mois.

Ces milices ne pourront pas éviter à l'avenir de s'affronter pour des règlements de compte interne. Elles constituent un pouvoir parallèle car les décisions importantes du pays sont prises à la réunion des quatre propriétaires de ces milices.

La tentation des milices prend son chemin. Le Frodebu et l'Uprona ne pourront pas assister impuissants devant les actions de ses milices. Comme on dit à l'armée, le feu attire le feu. Une milice appelle une autre. Par ailleurs, une milice n'est jamais un bon présage pour un pays. Une milice est comme un animal méchant, il finit par s'en prendre à son propriétaire. A bon entendeur, salut! Si ces milices commettent des massacres, ce sont ses propriétaires qui seront traduits devant la justice nationale ou internationale.