POURQUOI LES MILITAIRES BURUNDAIS DE L'AMISOM SONT PLUS  VULNERABLES QUE LES AUTRES?

 Burundi news, le 02/07/2015

Par Gratien Rukindikiza

L'armée burundaise connaît beaucoup de problèmes ces jours. Très respectée et aimée par le peuple, surtout ces jours de manifestation. Une armée qui s'est montrée humaine, proche du peuple. Cette armée a été secouée par cette tentative de coup d'Etat échouée. Certains officiers ont été arrêtés et les officiers sont dans le collimateur du pouvoir. Il y a beaucoup de rumeurs pour la mettre sous le joug du fameux général Adolphe Nshimirimana.

Deux attaques meurtrières en Somalie

Il y a quelques années, une compagnie des militaires burundais est tombée dans une embuscade des El Shebab. Un véritable killing ground comme on le dit dans l'armée. Plus de 70 militaires tués et des dizaines de disparus. D'autres ont été trainés sur la plage. Un hécatombe.

Le 26 juin 2015, alors que les milices imbonerakure attaquaient des quartiers paisibles de Bujumbura, les militaires burundais de l'Amisom se trouvant sur une base hors de la capitale ont été attaqués. Leur base a été prise par les El shabab. Plus de 50 morts et d'autres ayant fui. L'attaque de la base a été faite selon la même tactique que celle de l'attaque du siège des renseignements ou de la Présidence.

Qu'est ce qui explique la fragilité des militaires burundais à l'Amisom?

Les raisons de la fragilité des militaires burundais

Au niveau du commandement, un problème se pose. Certains commandants des bataillons n'ont pas eu une formation suffisante. Les officiers burundais devaient subir une formation de base à partir du métier de l'homme de troupe, le fusilier, le métier du chef d'équipe, du chef de section, du chef de peloton, du commandant de compagnie. Dans le futur, un officier apprend le commandement de bataillon. Or, aujourd'hui, certains sont sortis de la rébellion et ont fait une formation sommaire de commandement de bataillon. Ils n'ont pas appris le dur métier de l'homme de troupe en avant poste, le rôle de l'éclaireur pour savoir que celui qui est en tête a besoin aussi de la protection des autres qui sont à l'arrière.

Pour des raisons autre que de compétence militaire, les troupes sont confiées à des officiers supérieurs qui ne maîtrisent pas le commandement. Ce fut le cas lors de l'embuscade  tendue par les El Shebab il y a quelques années. L'officier qui commandait n'a pas pu reprendre le commandement à l'attaque et il y a eu du sauve qui peut.

Les officiers envoyés en Somalie ne sont pas en veille tactique pour s'adapter au changement de tactique d'El Shebab. La routine remporte sur l'esprit sécuritaire.

L'argent est le nerf de la guerre. Cependant, l'argent peut faire perdre une guerre. Il suffit de détourner l'argent destiné à équiper les militaires sur le terrain. C'est ce qui est arrivé aux militaires burundais. L'argent est détourné par le pouvoir et l'équipement des militaires fait défaut. Au Burundi, les policiers qui font la sécurité des personnalités se promènent avec cinq chargeurs alors qu'en Somalie où les risques sont multipliés par cent, les militaires ont à peine deux chargeurs. Les El Shebab ont plus de chargeurs que nos troupes. Le trio Nkurunziza-Bunyoni-Adolphe se sert et se moque de ces militaires qui tombent sur le champs de bataille somalien.

Non des moindres, les militaires burundais en Somalie sont plus motivés par l'argent qu'ils gagnent en partant en Somalie que les batailles qui les attendent. 

Le dernier aspect à souligner est que nos militaires sont souvent envoyés dans des zones sensibles comme s'ils étaient devenus les fers de lance. Les militaires ougandais, plus nombreux, sont moins exposés dans des zones aussi sensibles que celles des Burundais.