MINANI ET NDAYIZEYE VEULENT APPLIQUER LA STRATEGIE DE LA TERRE BRULEE

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 01 juillet 2005

Certains sont habitués à gagner sans jouer et ne connaissent pas la perte après avoir joué. D’autres ont été propulsés par le simple hasard de se retrouver à un endroit donné au moment donné. Il y a des politiciens burundais qui pensent que quand on accède au pouvoir, il est interdit de le quitter. On connaît un monarque qui a été évincé par son fils. Mwambutsa était le roi du Burundi et son fils Ndizeye l’a chassé  du pouvoir. Ce pouvoir a des secrets que nous, les simples citoyens, ignorons pour qu’on s’y accroche autant.

La démocratie burundaise est une émanation de la conférence de La Baule, en France au début des années  1990. Les jeunes « démocrates » sont arrivés au pouvoir. Certains étaient de faux démocrates , avides de remplacer le dictateur pour devenir de petits dictateurs.

Minani a perdu la tête

L’histoire commence quand  le candidat du Frodebu Ndadaye  se rend compte qu’il ne dispose pas de médecin pouvant être ministre de la santé s’il gagnait les élections. Au cours de la campagne électorale, il a eu vent de ce médecin dans un hôpital d’une commune de Ngozi. Il l’a approché et lui a demandé de s’associer à eux. Ce médecin directeur de l’hôpital a embarqué dans le train en marche sans bien connaître l’idéologie du parti Frodebu. Quelques mois après, le Dr Minani devenait ministre de la santé. Il est plus connu pour son discours incendiaire le lendemain du putsch du 21 octobre 1993 au Rwanda. Certains considèrent ce discours comme le lancement des massacres des tutsi par les membres du Frodebu. Pour accéder au pouvoir, on l’a vu s’allier avec Bagaza sous le parrainage du Président Museveni.

Devenu président du parlement burundais, Minani a cru que le fauteuil présidentiel lui revenait de plein droit. Il ne voyait aucun obstacle du fait que le CNDD-FDD n’avait pas encore signé des accords avec le gouvernement. Comme le pouvoir va avec l’argent, Minani a mis ses petits pieds dans de grosses bottes en demandant et en obtenant un crédit de 800 millions de francs bu pour construire sa maison. Le banquier avait cru que Minani serait Président de la République. Après avoir constaté qu’il ne le sera pas, le banquier est inquiet et Minani s’interroge. Il ne sait pas ce qu’il fera pour pouvoir rembourser son prêt. Ce prêt explique son dérapage dans ces derniers jours.

Minani déclare la guerre à l’armée.

Au cours d’un discours dans un meeting à Kirundo, Minani a invité les militants du Frodebu à le suivre dans la guerre qu’il prépare. Il leur a demandé de fabriquer des arcs et des flèches pour affronter les militaires. Pour les rassurer, il leur a expliqué que les armes à feu ne sont pas dangereuses car un fusil a un chargeur de 30 cartouches et un pistolet 9 cartouches. Minani a imité les politiciens qui ont envoyé à la mort des hutu drogués en 1972 en disant que les cartouches ne tuaient pas.

Tous les observateurs se demandent ce qui poussent Minani à déclarer la guerre à l’armée surtout à partir des communes voisines de Ntega-Marangara qui ont connu des massacres en 1988.  Les militants  du Frodebu ont peur. Un cadre du Frodebu, proche de Minani et Ndayizeye, m’a confié qu’il ne comprend plus rien. Il ne sert à rien de lui donner  des conseils   car il est devenu fou, me disait-il. Plusieurs cadres de ce parti commencent à prendre des distances par rapport à Minani. Les militants sont convaincus qu’il a franchi la ligne rouge. Ses propos et ses agissements mettent en danger les militants d’abord et ensuite les burundais. Minani qui n’a pas voulu faire la guerre en 1994 croit qu’aujourd’hui il s’agit d’une promenade de santé.

Voici ce qu’écrit la très sérieuse ligue des droits de l’homme ITEKA : «  Le président du Parti Frodebu, le Dr Jean Minani, a prononcé des propos incendiaires dans un meeting

qu’il a animé à Vumbi en date du 19 Juin 2005. S’adressant aux militants qui étaient présents, il leur a demandé de « ne pas avoir peur des membres du Cndd-Fdd ». Il leur a dit que « les fusils des militaires ne sont pas plus efficaces que les flèches ». Il leur a ainsi demandé de « répondre à son appel quand il les appellera à la révolte ». En date du 21 Juin 2005, il a dit aux militants de Mugendo en commune Ntega de ne pas se faire intimider par des militaires, car, a t il dit, « leurs fusils ont des chargeurs qui ne contiennent que 30 cartouches et un pistolet ne peut contenir que 9 cartouches seulement ».

La population se demande où il veut mener ses militants en tenant de tels propos qui incitent à la révolte et les préparent à s’affronter aux forces de l’ordre comme s’il y avait une guerre en préparation. Heureusement, il semble que la population ne prête pas oreille attentive à ses propos.

Des sources en provenance de Busoni disent qu’un jeune en provenance de Karuzi en commune Gihogazi a été appréhendé par la population et a été acheminé à la position militaire de Rusarasi. Ils disent qu’il était en train de faire de la propagande pour le Frodebu et qu’il serait en train de recruter des éléments combattants pour une milice qu’on est en train de former ».

Minani et Ndayizeye courtisent le FNL pour le pire

Tous les burundais ont été contents d’entendre que le FNL a signé un cessez-le-feu. Des émissaires discrets ont acheminé des enveloppes en Tanzanie et dans Bujumbura rural au profit du FNL. Minani et Ndayizeye ont versé 10 000 dollars dans un premier temps et 40 000 dollars en deuxième temps pour demander des services à ce mouvement. Ces services consistent à arranger le Frodebu en perte de vitesse. Le FNL a ainsi mis fin au cessez-le-feu pour répondre à la demande du Frodebu. De même, le FNL se prépare à attaquer la ville de Bujumbura dans la nuit du dimanche au lundi pour empêcher les élections. D’autres attaques sont prévues aussi à Kayanza, Muramvya, Ngozi et  Gitega pour permettre au Président et à Minani d’annuler les élections. L’armée dispose des informations fiables concernant ces préparatifs et les accointances entre Minani et le FNL. La mise en garde du général major Niyoyankana, chef d’Etat major des FDN, a été claire. Le Frodebu était visé et c’était la deuxième fois qu’il parlait aux médias pour un deuxième avertissement.

Le général major Niyoyankana, réputé intègre, a failli être remercié par le Président Ndayizeye

Jamais l’armée burundaise n’a été aussi cohérente et populaire. Le général major Niyoyankana dirige une armée en pleine réforme. Il est respecté par tous les burundais. Son intégrité et sa bonne collaboration avec son adjoint le général de brigade Adolphe Nshimirimana ont permis une   réussite là où la prudence était souhaitée. Niyoyankana est l’homme de l’année. Il mérite une reconnaissance nationale pour son patriotisme.

Le Président Ndayizeye a sa façon de le récompenser. Il s’agissait de le limoger car Niyoyankana est intraitable quand il s’agit de faire des perturbations ou aller dans le sens contraire de la nation. Niyoyankana a failli être puni pour son intégrité. Je tiens cette information de source diplomatique. Le limogeage de Niyoyankana à la tête des FDN a été évité grâce à la pression des diplomates présents à Bujumbura. Beaucoup de burundais savent que la paix burundaise est sur une corde raide. Ce changement pouvait déstabiliser l’armée au moment où la bonne collaboration des deux chefs des FDN est la pièce maîtresse de la solidité de la nouvelle armée. Pire, le nouveau chef d’Etat major aurait été un proche de Ndayizeye ! D’autres changements étaient prévus. La documentation allait être confiée à Déo Ngendahayo du Frodebu, proche de Ndayizeye. Après avoir attribué les deux pouvoirs à des proches, le Président Ndayizeye avait le loisir de prolonger son mandat, quant au peuple, il s’en moque!

Déstabiliser le Burundi au moment où la guerre du  Congo est imminente est suicidaire

Il était une fois un homme avait pu monter sur un grand arbre. Arrivé au sommet, il avait cru qu’il était le roi du monde. Il a commencé  à  scier l’arbre sur lequel il est assis alors que les villageois étaient en bas pour l’observer. Il a péri et a entraîné tous ceux qui l’observaient.

La guerre froide entre l’Est et l’Ouest n’existe plus. Aujourd’hui, les Etats-Unis règlent l’ordre mondial. Le Président Bush a tenté d’imposer la démocratie dans le Moyen Orient sans succès. Son équipe pense aussi à l’Afrique. La région la plus instable en Afrique est celle des Grands Lacs. Pour l’équipe Bush, le Rwanda est stable. La stabilité du Burundi passe par celle du Congo. Or, le Congo est ingérable avec la centralisation du pouvoir à Kinshasa. Kabila est jugé incapable de diriger tout le Congo dans cet état. La solution proposée est le fédéralisme à l’Américaine. Tout va se passer par le biais des révoltes par région, une autonomie à  obtenir par les armes. Que va faire le Rwanda ? Ne sera-t-il pas intéressé par le Kivu ?

Les observateurs redoutent la fuite vers le Burundi des forces dites négatives notamment les FDLR du Rwanda. Cette guerre du Congo peut fragiliser le Burundi au cas où le Burundi n’aurait pas une direction militaire cohérente. L’alliance du Frodebu avec le FNL, lequel FNL est allié au FDLR, est une véritable folie des gens qui disent « après moi le déluge ». Si la direction du Frodebu pouvait un seul instant penser en tant burundais, penser aux conséquences de leurs agissements, elle accepterait de perdre la tête haute sans mettre en danger la nation burundaise.

Quelque soit la fonction d’une personne, la haute trahison est toujours une infraction punie par la loi burundaise.

Personne n’aurait pensé que le Burundi serait déstabilisé par les crédits pharaoniques des deux  dirigeants, utilisés pour construire des buildings et pavillons.