Burundi news, le 26/03/2011

 

LE MINISTRE EDOUARD NDUWIMANA DETRUIT LE CNDD-FDD, NZOBONIMPA MANASSE REFUSE.

Par Pancrace CIMPAYE

Les révélations de l’ honorable Nzobonimpa Manassé provoquent un séisme au sein du sérail politique présidentiel. Les ondes du choc sont assourdissantes. Mais les chargés de la communication qu’on avait l’habitude d’entendre ont choisi d’être aux abonnés absents. Etonnants, n’est- ce pas ? En effet, les porte parole du Gouvernement et du Président de la République n’ont pas levé leur petit doigt pour sauver les meubles. D’habitude, ces deux responsables avaient des réponses à tout. Toujours prêts à se jeter à l’eau  pour sauver l’hiérarchie. Mais cette fois-ci, ils se cachent dans un silence de cathédrale. Un silence très éloquent. On sent que ces deux communicateurs ont peur de quelque chose….Et si Manassé Nzobonimpa avait raison ! Et si Manassé Nzobonimpa l’emportait ! Prudence donc. Pas de faux pas.

En l’absence de ces fusibles chargés de la communication du Gouvernement, certains Ministres se jettent à l’eau et tentent de se justifier. Nous les avons écoutés. Nous avons tout compris. La tentative de se justifier est devenu plutôt une pièce à conviction qui ne fait que les enfoncer.

A ce titre laissez moi revenir sur le cas épatant du Ministre Edouard Nduwimana. Ce Ministre versatile qui s’adonne allégrement au jeu du caméléon dans son parcours politique vient de confirmer que les militants du parti ont raison de se plaindre. En effet comment est- ce qu'un militant de la vingt cinquième heure comme Edouard Nduwimana peut donner une leçon à l’honorable Nzobonimpa ? Pour rappel ce Ministre vient de déclarer cette semaine que : « Manassé a le droit d’ignorer l’histoire, mais il n’a pas le droit d’ignorer l’histoire des partis politiques au Burundi… » Je reste pertinemment convaincu que Manassé Nzobonimpa connaît mieux l’histoire du CNDD-FDD que ce Ministre. C’est cette arrogance des derniers adhérents, souvent opportunistes, qui suscite indignation et révolte. Quand le Secrétaire du Conseil des Sages dénonce ce fléau, il a une foule nombreuse du parti qui le soutient. Voilà une des raisons qui fait de cet homme un héros, un porte parole des sans voix. Dans ce registre, les opportunistes, ceux-là mêmes qui ont combattu la lutte armée du CNDD-FDD, occupent des positions confortables dans l’appareil de l’Etat. Au même moment, ceux qui sont rentrés du maquis avec un seul œil, avec une seule jambe, avec un seul bras broient du noir. Ils sont tenus loin de la cour. Et pour cause pour avoir accès à la cour des grands, on ne demande plus le numéro matricule du maquis mais un pot de vin, une enveloppe pour le décideur. Aujourd’hui les fils et filles qui ont connu les horreurs du maquis doivent ruminer cette humiliation qui rime avec la trahison.

Un cas comme celui du Ministre Edouard Nduwimana est révoltant. Ce magistrat de carrière quand il était Procureur de la République dans la province de Kirundo, il emprisonnait systématiquement des commerçants hutu en les accusant à tort d’être en intelligence avec la rébellion du CNDD-FDD. Pour être libérées, les victimes devaient verser un pot de vin. Le minimum exigé était cinq cent milles francs burundais. C’est à l’aide de ce trafic que ce Procureur a construit à une jolie villa. Il semait la désolation au sein de ces familles. Mais un jour, il a commis une grosse erreur, une erreur monumentale, d’exiger un pot de vin à la mère de l’honorable Jean Minani alors Président de l’Assemblée Nationale. Hors de lui, le Président de l’Assemblée Nationale a requis une sanction exemplaire. C’était la fin de la terreur de Nduwimana Edouard à Kirundo. C’était la libération de la justice dans cette localité.

Ce n’est pas tout ! A côté de ce parcours peu honorable, le Procureur Nduwimana Edouard, quand il travaillait à Bururi , il a brillé par un opportunisme hors pair. A l’époque le pouvoir était entre les mains de certains ressortissants de cette province. Ainsi le brave magistrat, natif de Kayanza a changé d’identité ; il a déclaré sur sa nouvelle carte d’identité qu’il était né à Bururi, dans la commune de Vyanda. Un caméléon ne ferait pas mieux ! Probablement qu’aujourd’hui il est natif de Ngozi !

Voici la meilleure : à Bururi, pour démontrer qu’il est bien intégré, il enlevait sa toge de magistrat et arborait une tenue de combat, kalachnikov à la main et accompagnait les militaires au front pour traquer «  les assaillants » du CNDD-FDD ! Paradoxe ! Paradoxe ! Aujourd’hui c’est le même homme qui dit au combattant Manassé Nzobonimpa : « Tu ne sais rien du CNDD-FDD ! » Comme si cela ne suffisait pas, le 6 Avril 2010, au cours d’ une réception à l’ ambassade du Burundi à Bruxelles, le Ministre Nduwimana Edouard confie dans un petit cercle ceci : « …quand nous étions encore au maquis, nous pouvions passer des jours et des nuits sans fermer l’œil…. » Quel opportunisme, direz- vous ! Non, ce n’est pas de l’opportunisme, c’est de l’escroquerie politique pure et simple ! Ceci s’appelle prendre les enfants du bon Dieu pour les canards sauvages !

Fidèle à son idéal, à la veille du lancement officiel de la campagne électorale en 2010, vers 19 heures du soir, au bistrot dit chez « Malhonnête », c’est dans la commune Ngagara, le Ministre Nduwimana Edouard vient trouver un membre influent du FRODEBU pour lui demander s’il peut l’ introduire auprès du président du FRODEBU, l’honorable Léonce Ngendakumana ou du candidat du FRODEBU, l’ ancien Président Ndayizeye. Presque en sanglots, il confessait qu’il s’est mis à dos tout le monde de l’opposition et qu’ il le regrette ; il reconnaissait qu’ il avait fait preuve d’excès de zèle en brimant les partis politiques. Dans sa confession, il était convaincu que le CNDD-FDD allait perdre les élections. Il était donc à la recherche d’un parti susceptible de remporter la victoire.

Avouons-le cette carte de visite de l’actuel Ministre de l’Intérieur n’est pas séduisante. Elle donne des crampes à l’estomac. C’est cynique qu’ un tel personnage soit à la tête d’ un département ministériel  aussi sensible et important dans la vie d’ une nation. Comment un homme qui ne croit en rien peut-il oser attaquer l’épine dorsale du CNDD-FDD qu’ est Nzobonimpa Manassé. Ce dernier, gardien du temple CNDD-FDD en sa qualité d’ancien Secrétaire Général du parti, Secrétaire du Conseil des Sages, n’a pas de leçon à recevoir d’ un homme sans identité politique fixe.

La lecture de cette description appelle une série d’interrogations : comment  nomme-t-on les gens au CNDD-FDD ? Quels sont les critères qui président à la nomination des hauts cadres et dignitaires ? Procède t-on à une enquête administrative avant la nomination ? Tout porte à croire que la gestion des ressources humaines au parti présidentiel est entourée par un mystère. L’opacité, l’irrationalité, le clientélisme, la corruption sont manifestement autant de facteurs qui entourent ce mystère. Sinon Edouard Nduwimana ne serait pas Ministre. C’est incroyable que l’ancien Président du Groupe Parlementaire et ancien Porte Parole du CNDD-FDD, Monsieur Evariste Nsabiyumva soit un sous ordre de Nduwimana. Cet ancien député est son Chef de Cabinet . C’est triste !

C’est cette tristesse de la grande majorité des militants du parti présidentiel qui donne la force à l’honorable Manassé Nzobonimpa. La Révolution de cet illustre député puise sa force dans ces déceptions. En tout état de cause la position de Nduwimana Edouard contribue énormément à la décadence du CNDD-FDD. Normal. Il a combattu ce parti depuis qu’il était Procureur à Bururi. La mission sera bientôt accomplie et ça sera la seule fois où Edouard Nduwimana aura été constat ! Heureusement que Manassé veille !