VENTES DES PARCELLES ET MINES, PARFUM DE CORRUPTION

 Burundi news, le 01/01/2013

Par Gratien Rukindikiza

Officiellement, la lutte contre la corruption est engagée. Les corrompus doivent trembler   au Burundi. Rien ne sert à verser une partie des gains illicites aux chefs, la prison les attend. Qu'ils soient complices de la corruption d' en haut, cette lutte contre la corruption est la priorité du Président. Le Président Nkurunziza est décidé à en découdre avec les corrompus. Au fait, il faut comprendre les petits corrompus. S'attaquer aux grands corrompus ne serait que scier l'arbre sur lequel le Président est assis.

La corruption qui sévit au Burundi aujourd'hui dépasse de loin celle qui sévissait au Zaïre du temps de Mobutu.

Nous n'allons pas décrire ce qui se passe dans tous les secteurs corrompus. Les parcelles de Bujumbura de l'Etat et les mines seront traitées.

Ecosat, des parcelles à payer deux fois

Le système de corruption est bien rodé au Burundi. Les nominations à des postes juteux sont payantes et celui qui a payé réalise en soi un investissement. Le retour sur investissement n'est pas attendu dans son maigre salaire mais dans la corruption. L'Ecosat en est un exemple.

Le directeur de l'Ecosat a été nommé moyennant 50 millions de francs bu. Il doit rembourser sa dette et il a payé ce montant en connaissance de cause. Les parcelles d'Ecosat sont vendues à 1, 5 million l'are. Si cette parcelle est proposée, il faut d'abord verser 700 000 frs bu sur un compte XXXX que nous nous gardons de publier, un compte appartenant à un intermédiaire du directeur de l'Ecosat. Dès que le versement est fait, le dossier devient disponible pour remplir les documents et payer officiellement  les     1 500 000 frs bu l'are. S'il s'agit de 40 ares par exemple, le directeur empoche 28 millions, de quoi rembourser une bonne partie de sa mise. La suite lui servira à s'enrichir et à continuer à arroser ses chefs pour qu'il se maintienne à son poste.

La SIP ne serait pas non plus épargnée. Mais le cas très connu est celui de l'Ecosat.

L'or, propriété exclusive du général Adolphe Nshimirimana  et du ministre Bucumi

Dans le but de contrôler l'exploitation et le commerce de l'or au Burundi, une nouvelle loi exige des artisans exploitants de se regrouper en associations et de demander les autorisations au ministère des mines. Cette association doit préciser le périmètre à exploiter, susceptible de contenir beaucoup d'or.

Des associations ont été créées par Bucumi et Adolphe pour s'approprier de  cette richesse. Souvent, une association qui vient demander une autorisation d'exploitation se voit refuser cette autorisation et ces informations servent aux associations des deux dignitaires du régime qui exploitent le périmètre voulu par ces nouvelles associations.

Les agents de l'OBR qui savent que les mines sont devenues des propriétés des deux dignitaires du régime n'osent pas mettre leur nez dans ce commerce. Ainsi, l'Etat n'en profite pas.

Le ministre Bucumi, du temps où il était celui des mines, avait battu le records de l'impensable. Une société étrangère avait demandé une autorisation d'explorer les minerais dans le Nord du Burundi. Il avait exigé avant cette autorisation une voiture jeep. Cette société a livré cette voiture tout terrain. Ses exigences n'allaient pas se limiter à cette livraison. Il a exigé que cette jeep soit louée à la même société et au prix qu'il fixe lui-même. La société a accepté. Aujourd'hui, Bucumi encaisse chaque mois un loyer d'un véhicule qu'il n'a pas acheté et ce loyer est payé par le "généreux donateur". Le comble de la cupidité humaine!

Le nickel, une richesse qui s'enfonce de plus en plus

Pauvre nickel ou pauvres  burundais qui espèrent se développer avec le nickel. Depuis l'ancien Président Micombero, le nickel était l'espoir du Burundi. Plus de trente ans après, le nickel dort toujours dans le sous-sol de Musongati. Ce nickel a déjà coûté cher aux contribuables burundais qui ont déjà payé les dommages et intérêts aux sociétés incapables de l'exploiter. C'est le paradoxe burundais. Le nickel est chaque fois vendu aux sociétés n'ayant pas la capacité de l'exploiter.

Aujourd'hui, le nickel est sensé être exploité par la société Sud-Africaine Calcal qui a "gagné" le marché. La société qui est sur le terrain porte le nom de BMM. La société qui a gagné le marché a changé de nom dès qu'elle est arrivée au Burundi. Cette société qui a du mal à exploiter ce nickel était en réalité la troisième sur la liste selon les critères de sélection. Il y avait en premier une société russe et une société australienne en deuxième position. Il y aurait eu une livraison d'une voiture coûtant 850 millions de francs bu destinée au Président Nkurunziza qui a changé la donne. Certaines mauvaises langues disent que le Président Zuma se serait impliqué personnellement dans cette course. Aurait-il des intérêts dans cette société? Certains connaisseurs répondent par l'affirmatif.

Cette société BMM, ancienne Calcal, a bien constaté son incapacité à exploiter ce nickel. Elle aurait approché une société chinoise pour la sous-traitance. Cette société chinoise a ainsi trouvé la faille de BMM et serait en cours de renégocier le contrat d'exploitation de ce nickel. Nos informations ne nous permettent pas de savoir s'il s'agit d'une autre exploration ou si c'est sur la même zone.

L'extraction du nickel nécessite beaucoup d'électricité. Or, le Burundi en manque. Si une société s'engage à construire des barrages en vue d'exploiter ce nickel, le ministère des mines lui demande de payer l'eau qui sert à alimenter les turbines. Une telle demande a été déjà faite. Le coût de revient du nickel augmente ainsi.

Trois conditions imposées qui repoussent les investisseurs miniers du Burundi

Chaque société qui veut exploiter les mines au Burundi devra :

* Céder gratuitement 15 % de leur capital à l'Etat : Cela signifie que si la société ferme au bout de 6 mois, l'Etat empochera 15 % du capital de la société. Cette condition est inacceptable  pour des sociétés ayant des compétences et capacités minières requises. Ces sociétés sont habituées à ces marchés miniers et le Burundi aura du mal à imposer ce que les autres pays n'imposent pas.

* En cas de litige, seuls les tribunaux burundais sont compétents et l'arbitrage international n'est pas autorisé. Aucune société occidentale ne pourra accepter d'être jugée au Burundi par les tribunaux burundais avec l'absence d'indépendance. A noter que le dernier procès sur le nickel burundais a eu lieu au tribunal arbitral de Paris. Le Burundi a accepté d'indemniser le plaignant avant la fin du procès. Il n' ya que les chinois qui acceptent cette condition car ils sont bien protégés par leur pouvoir qui peut intervenir directement auprès du pouvoir de Bujumbura.

* En passant à la phase de l'exploitation, les artisans regroupés en associations pourront aussi exploiter les mines à côté de la société industrielle qui a passé des années à faire de l'exploration. En d'autres termes, les sociétés étrangères cherchent, dès qu'elles trouvent la zone de concentration des minerais, elles ne seront pas les seules à creuser. Cette condition peut être contournée. Les sociétés restent à la phase d'exploration mais en exploitant les minerais et en les faisant sortir par la contrebande.

Cette condition est un handicap pour les sociétés minières opérant dans l'or ou autres minerais faciles à extraire. Ce ne sont pas les artisans qui pourront exploiter le nickel.

La corruption est un fléau pour le pays. tant qu'elle restera à ce niveau, elle restera le frein au développement du Burundi.