LE MINISTRE DE L’INTERIEUR NOUS SURPREND

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 02 octobre 2006

Il y a  des hommes dont les débuts ne révèlent pas la vraie personnalité. Le temps pour s’affirmer est souvent nécessaire. Le Burundi a besoin des hommes et femmes, responsables, capables d’agir en fonction de la nécessité de leurs responsabilités que de leurs partis. Depuis la mort ou le meurtre par empoisonnement de Simon Nyandwi, ancien ministre de l’intérieur, le Burundi n’avait pas retrouvé un ministre de l’intérieur à la hauteur. Son successeur a succombé à la tentation de la corruption.

Aujourd’hui, le ministre de l’intérieur est le général de brigade Evariste Ndayishimiye. Il est issu du CNDD-FDD. C’est un homme de contact qui s’exprime librement ; ce qui lui fait de temps en temps des tours. Evariste Ndayishimiye est un homme de dialogue. Ce n’est pas pour rien qu’il a été désigné comme négociateur de l’Etat burundais. Il a conduit avec succès les négociations sans se laisser aveugler par certains qui voulaient faire échouer les négociations.

Les débuts de ce ministre n’ont pas été faciles. Ses dires à propos de la séquestration des journalistes chez Basabose lui ont donné une étiquette de mauvais communicant. Dans le but de sauver les meubles, Evariste Ndayishimiye a tenté de récupérer sur son compte les déboires des autres. Il était étranger à la décision de séquestrer les journalistes et ses tentatives de couvrir ceux qui ont donné les ordres sans en avoir le droit n’ont pas abouties.

Le ministre de l’intérieur a surpris positivement les chefs des partis en les invitant au dialogue alors que les arrestations des faux putschistes étaient au centre des discussions au pays. Paradoxalement, le grand absent a été son parti politique le CNDD-FDD. Radjabu, absent du pays, n’a pas voulu envoyer le secrétaire général du parti, sans doute pour montrer qu’il est au dessus des partis et qu’il est censé, à tort, donner les ordres à tous les ministres.

Les participants à cette rencontre ont souligné le caractère constructif de ce dialogue. Evariste Ndayishimiye a eu du courage car peu de dirigeants du CNDD-FDD auraient osé affronter l’Uprona et le Frodebu au moment où certains de leurs dirigeants étaient emprisonnés à tort.

Le refus de l’autorisation du congrès des faux dirigeants du CNDD sous la manipulation de Willy Nyamitwe, le fameux conseiller de la présidence et de Radjabu,  a été salué par l’opinion burundaise. Willy Nyamitwe, en concertation avec Radjabu devait faire un putsch au CNDD de Nyangoma au moment où ce dernier était en clandestinité ce mois d’octobre 2006.

Ndihokubwayo Samuel, se prétendant dirigeant du CNDD, inconnu au CNDD, a d’abord saccagé la permanence du parti et a voulu organiser un congrès. Le maire de Bujumbura, le colonel Sebutama, ancien gendarme et proche du CNDD-FDD, avait donné l’autorisation.  La dernière autorisation était celle du ministre de l’intérieur. Il a bien attesté la réception de la lettre et a refusé la tenue de ce congrès car il ne respectait pas les statuts de ce même parti. Un tollé général à la permanence du CNDD-FDD qui avait trop misé sur la chute de Nyangoma.

Le général de brigade Evariste Ndayishimiye a été à sa hauteur. Il a été un véritable mushingantahe car il n’a pas voulu céder à la pression. Il a donné un exemple aux autres cadres du CNDD-FDD qui disent oui à Radjabu sans se demander s’il a raison ou pas. Le Burundi a besoin des hommes comme le ministre de l’intérieur actuel ou la ministre de la solidarité nationale, des droits de l’homme e t du genre qui avait affirmé que la Documentation avait torturé Kadege et les autres.  L’homme se fait respecter par ses actes qui respectent la raison, le droit des autres.

Qu’est-ce qui empêche le ministère de la justice à agir en âme et conscience ? La peur ou la soumission ?