LA MINISTRE DES FINANCES DEVRAIT REVISER SES COURS DES FINANCES

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10 novembre 2007

Il y a un poste politique au Burundi que les gens ne devraient pas envier. Le gestionnaire des fonds publics a une lourde tâche. Ce gestionnaire est la ministre des finances. Elle doit être une magicienne pour réussir dans son travail. Elle a en tout cas du pain sur la planche. Son rôle peut être assimilé à un homme qui souille une source d'eau et qui demande à son serviteur de puiser de l'eau propre à la même source.

34 % d'augmentation de salaires des fonctionnaires, de l'utopie!

Devant les représentants du FMI, la ministre des finances a tenté d'apporter des réponses. Le terme tenter ne convient pas mais il faudra inventer un terme français pour caractériser ses réponses. La ministre a démontré qu'elle a des failles dans sa compréhension des finances de l'Etat  ou qu'elle a un véritable malaise dans la gestion de son ministère. Pour augmenter les salaires de 34 %, la ministre des finances a expliqué que la caution de 6 milliards de francs bu dans l'affaire Interpetrole servira à payer les 34 % d'augmentation. A travers cette réponse, la ministre a commis deux erreurs. La caution est morale et non financière. Même si le montant reste bloqué à la BCB, il n' y a pas d'argent matériel dans une caisse de la banque pour servir de caution. Il s'agit d'une écriture bancaire. En plus, cette caution ne peut être débloquée que par décision judiciaire en fin de procédure judiciaire, surtout après tous les recours possibles. Compte tenu des délais de procédure, cette caution ne pourrait être débloquée, au cas où le gouvernement gagne le procès, qu'en 2009 au plus tôt. Il est pratiquement et juridiquement impossible d'affecter cette caution au budget de 2008.

D'autre part, on ne finance pas un emploi permanent avec une ressource unique occasionnelle. La caution est de 6 milliards et elle est unique. Elle ne peut pas se renouveler alors que la ministre explique qu'elle servira à financer une augmentation de salaires de 34% permanente et non occasionnelle. Elle a raisonné comme un ménage qui recevrait 100 000 frs un jour et qui louerait sur le champs une maison pour 100 000 frs de plus alors  que les autres revenus restent stables.

La ministre des finances, en mal d'arguments, n'a pas oublié de signaler aussi qu'elle va financer ces 34 % avec des dividendes qui seront versées par les sociétés paraétatiques. Or, l'économie burundaise est moribonde, la consommation baisse, la corruption gangrène certaines sociétés. Les bénéfices risquent plutôt de baisser au lieu d'augmenter. Financer un besoin réel et défini par une source très aléatoire est une aventure dangereuse. Les fonctionnaires devraient patienter. Non seulement, ils n'auront pas les arriérés des 34 % du 2 ème semestre 2007, mais aussi ils auront du mal à obtenir les 34 % en 2008.

Un actionnaire minoritaire qui a oublié le droit des sociétés

L'Etat dispose de 45 % des actions de la BCB si on tient compte de celles des sociétés paraétatiques. La Belgolaise, actionnaire majoritaire dispose de 55 %. Le gouvernement burundais, à travers sa ministre des finances, a demandé le limogeage de l'ancien administrateur général de la BCB Prime Nyamoya; ce qui est de son droit. Par ailleurs, en tentant d'imposer sur le champs, avant même de régler la première question, Rutumo à la place de Prime Nyamoya, la ministre des finances n'a pas bien compris que les pouvoirs d'actionnaires ne changent pas avec les intimidations politiques. En plus, jamais l'actionnaire minoritaire n'a désigné le patron d'une société.

Rutumo n'a pas de chances. Il vient de perdre un fauteuil qu'il n'avait pas encore occupé. Il était parti de Suisse où il travaillait dans une banque pour devenir ministre des finances et       le 2 è vice-Président Ntisezerana avait sa candidate pour le poste. Il était resté en stand by en attendant le limogeage de Prime Nyamoya. S'il est persévérant, il pourrait contacter le Président Nkurunziza car il y a un poste de 2 è vice-Président qui se libère dans quelques jours. La dépression de Ntisezerana ne changera rien. Malade ou pas, la porte de sortie est déjà ouverte. Il aura compris que le Président Nkurunziza lance une idée bonne ou fausse et se cache après sous sa carapace en attendant la fin des problèmes. La politique de l'autruche serait devenue au Burundi la politique de la carapace. Cette politique a fait tomber Dieudonné Ngowembona, ancien ministre des finances. Elle a fait tomber Radjabu aussi dans une certaine mesure. Martin Mbazumutima a été victime de cette politique, etc...