UN MINISTRE DE L'INTERIEUR QUI IGNORE LES LIMITES DE SES POUVOIRS

Burundi news, le 25/04/2010

Par Gratien Rukindikiza

Il y a des ministres qui ont une lourde tâche d'exécuter des ordres inapplicables. Le ministre de l'intérieur doit souvent sauver sa place. Son honneur est un petit détail. Le ministre de l'intérieur burundais outrepasse dans ces jours ses pouvoirs. La pression monte car les élections électorales se rapprochent. Son parti politique sait déjà qu'il va perdre les élections. Pour ne pas décourager les militants, les cadres du parti  doivent rassurer que la victoire est certaine. Le ministre de l'intérieur est sommé d'apporter aussi sa pierre.

Un ministre de l'intérieur qui devient rédacteur en chef des radios

Les radios burundaises, soutenues par une ONG, ont organisé des débats avec les politiciens burundais. Le CNDD-FDD était d'accord au départ. Il a changé d'avis en exigeant d'intervenir en dernière position. Comme il s'agissait d'un tirage au sort, il était difficile de faire cet arrangement uniquement pour le CNDD-FDD. En réalité, le CNDD-FDD voulait gagner du temps car il n'a pas de programme politique. Par chance, le CNDD-FDD débattait en avant dernière position et débattait avec un petit parti. Un ouf de soulagement! Non, le CNDD-FDD a refusé de débattre juste à son tour alors que les autres partis avaient déjà enregistré les débats.

Les radios en synergie devaient commencer la diffusion des débats en l'absence du CNDD-FDD. Ne pouvant pas convaincre le ministre de l'information qui n'est pas membre du CNDD-FDD, ce parti s'est adressé au ministre de l'intérieur d'interdire les débats sous prétexte qu'ils intervenaient en dehors de la campagne électorale. Paradoxalement, la vision des évènements changeait après le désistement du CNDD-FDD.

Le ministre de l'intérieur n'a aucune prérogative pour interdire des débats politiques sur des radios. Une radio invite qui elle veut, organise ses débats dans le respect des lois. Jamais un ministre ne peut demander à ce qu'un groupe de politiciens ne puisse pas débattre. Personnellement, je n'ai jamais compris comment une interdiction illégale du ministre de l'intérieur pouvait empêcher les radios à diffuser les débats. Ces radios ont le soutien du ministre de l'information.

Par ailleurs, le ministre de l'intérieur ne dit pas un mot quand la radio Rema FM, surnommée radio milles collines diffuse des émissions ou fait des éditoriaux dignes des gens mal éduqués. Cette radio du CNDD-FDD déshonore ce parti et surtout le Président Nkurunziza qui paie le fonctionnement par le biais d'un député proche du Président.

Quand le ministre de l'intérieur écrit une lettre pour interdire le parti MSD de faire ses salutations!

Le ministre de l'intérieur vient d'écrire une lettre au parti MSD pour l'interdire, à quelques semaines des élections, de ne plus utiliser les salutations avec les deux doigts en forme de victoire. Il vient de se rendre compte qu'il y a un très petit parti, qui n'a même pas présenté de candidat aux élections communales, qui fait la même salutation que le MSD. Or, le parti Inkinzo n'a jamais soulevé cette question. Ce parti presque disparu, a refait surface grâce aux subsides du CNDD-FDD pour faire une coalition. Le CNDD-FDD est actuellement à la recherche des petits partis vivants, même morts à ressusciter pour faire coalition.

Le ridicule ne tue pas. Le ministre de l'intérieur devrait commencer par écrire au parti CNDD-FDD qui fait la même salutation que le Frodebu, agréé plus de douze  ans avant le CNDD-FDD. Il y a aujourd'hui sept partis politiques au Burundi qui font des salutations avec le poing. Pourquoi le ministre a -t-il juste pensé au MSD alors que le parti Inkinzo n'a même pas déposé les insignes à la CENI?

Le président du CENI a déjà lancé l'ouverture de la période électorale. Aujourd'hui, le ministre de l'intérieur ne gère plus les insignes ou salutations des partis. Il appartient à la CENI de faire un rappel à l'ordre. Or, les salutations ne peuvent pas prêter à confusion. En plus, seuls comptent les insignes déposés à la CENI. Le parti Inkinzo n'étant pas enregistré à la CENI, la lettre du ministre est un non évènement et en plus, elle révèle cette crainte de ce parti MSD qui véhicule du renouveau et qui risque de créer des surprises.