GABRIEL MPOZAGARA EST NOMME CONSEILLER PRINCIPAL DU PRESIDENT BURUNDAIS AU GRAND ETONNEMENT DES MILITANTS DU CNDD-FDD

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10 septembre 2005

L’histoire burundaise retient que les burundais ont commencé à s’entretuer pour des raisons de lutte de pouvoir en dehors des luttes au sein de la famille monarchique depuis 1962 juste après l’indépendance. En 1965, une tentative de coup d’Etat contre le roi et des massacres des tutsi à Busangana ont marqué le début d’une haine sanglante entre les élites hutu et tutsi à la recherche du pouvoir. En 1969, un faux procès a eu lieu contre des officiers dont Karolero et a débouché sur une condamnation à mort.

 L’histoire retiendra qu’un certain Gabriel Mpozagara, procureur général de la République a demandé en 1969 et obtenu la peine de mort de ces officiers accusés injustement de complot. Il s’agit du fameux coup de Nkaka, une vallée de Ngozi. Si ces officiers préparaient un coup d’Etat, Micombero avait fait un coup d’Etat pour arriver au pouvoir. Les burundais savent que ce procès a été fait dans le sens tribaliste pour « punir les hutu ».

Mpozagara a été ministre de la justice et après des finances de Micombero. Il était devenu fonctionnaire international à l’UNESCO où il était  responsable financier.

De mémoire de parisien, je n’avais jamais entendu parler autant de mal  d’un diplomate  africain.

Je me rappelle que mes collègues au travail  me demandaient pendant un certain moment que l’esclavage existe toujours au Burundi. Un matin, tous les journaux français parlaient de ce diplomate à l’Unesco d’origine burundaise qui auraient maltraité deux fillettes. Elles auraient  été enfermées dans une cave, malades, affaiblies. Elles travailleraient 24 hrs sur 24 hrs sans salaires, sans pouvoir sortir en ville d’après les journaux. Les associations humanitaires ont été saisies de l’affaire et ont libéré les jeunes filles mineures. L’UNESCO a été obligé de lever l’immunité diplomatique de Mr Mpozagara. J’ignore comment le procès a pris fin ou si les victimes ont été indemnisées pour clore l’affaire.

Gabriel Mpozagara vient d’être nommé conseiller principal du Président en matière politique, diplomatique et juridique. Il devient l’homme fort de la présidence. Voici l’homme qui devient le pivot du Président Nkurunziza. Il ne m’appartient pas de juger, encore moins de nommer les conseillers du Président. En tant que citoyen, j’ai le droit d’informer.

Conseiller politique !

Peut-on avoir un conseiller politique de l’Uprona alors qu’on est un Président issu du CNDD-FDD ? Est-ce que Mpozagara est devenu membre du CNDD-FDD ? Personne ne pourra me prouver que le CNDD-FDD n’a pas parmi ses militants un homme ou une femme capable d’assumer ce rôle. Est-ce que le CNDD-FDD va appliquer la politique de l’Uprona? Quelle politique alors ?

Conseiller diplomatique !

Mpozagara a été un cadre technique à l’UNESCO et non politique. Dans le cadre de la sous-région et du monde actuel, je ne suis pas sûr qu’il est le mieux indiqué. Je n’ose pas m’imaginer Mpozagara faire une conférence de presse ou accompagner le Président à Paris. Les journalistes français risqueraient de lui poser des questions concernant son procès d’esclavage. Le Président serait mal à l’aise et la presse risque de sauter sur l’affaire. Je me rappelle de l’ancien Président Kabila à Paris. Il a connu les pires moments de sa présidence.

Conseiller juridique !

Mpozagara connaît bien la justice burundaise, surtout celle de 1969 et 1972. Le Burundi veut mettre en place la commission vérité réconciliation. Mpozagara a joué un rôle aussi dans son temps. Les militants du CNDD-FDD en Europe n’en reviennent pas, sans parler de la famille Karolero. Probablement que le Président a fait la réconciliation avant de connaître ce qui s’est passé.

Le pouvoir est à l’image de ses conseillers. Mpozagara est un homme clé dans le dispositif du pouvoir de Pierre Nkurunziza. Les raisons du choix du Président ne sont pas faciles à deviner. Le site du CNDD-FDD aurait pu nous éclairer. Malheureusement, après la victoire, c’est le repos. Le site est fermé. L’histoire nous apprend que les romains avaient eu une belle victoire. Ils ont compris que la victoire a marqué le début de la fin.