Burundi, 2007-09-18 (Ijambo) - L’ancien premier
ministre burundais,Gabriel Mpozagara,aujourd’hui Conseiller
Spécial du pouvoir en place à Bujumbura,et sa femme, n'auront
que la prison avec sursis et quelques euros à payer. Mais le
procès sonne comme une réelle victoire pour les défenseurs des
victimes.
Mr et Mme Mpozagara ont été condamnés par la justice française,
lundi soir 17 septembre, à 12 et 15 mois de prison avec sursis
pour avoir maintenu leurs deux nièces dans des conditions „
proches de l’esclavage «. Selon l’avocat des victimes, Patrick
Caillet, ils doivent payer en outre une amende de 10.000 euros
chacun, et 24.000 euros de dommages et intérêts à verser à la
plus âgée des victimes.
Mr Caillet rappelle que les deux jeunes filles burundaises,
Chantal et Yvette, ont été exploitées par les parents alors
diplomates, dans la ville d’Avray, de 1994 à 1999. Mpozagara
était grand fonctionnaire à l’Unesco. En janvier 1999, Fédérico
Mayor, Délégué Général de l’Unesco, avait levé l’immunité
diplomatique de M.Gabriel Mpozagara à la demande du Parquet de
Nanterre ( 92).
Ancien Premier Ministre du Burundi, Mpozagara, et son épouse,
étaient désignées par Yvette et Chantal, agées de 14 et 20 ans,
pour les avoir maintenues pendant trois ans dans une situation
d’esclavage à leur domicile privée, une maison cossue de
Ville-d’Avray ( 92-(Hauts-de-Seine). Pendant 7 ans, M. Mpozagara
a exercé toutes les voies de recours en faisant valoir son
immunité, pour échapper à la justice. La Cour de Cassation, a
rejeté les arguments de M. Mpozagara qui faisait valoir le
bénéfice d’une immunité diplomatique.
M. Mpozagara a été renvoyé le lundi 22 janvier 2007 devant le
Tribunal Correctionnel de Nanterre (92) pour avoir soumis
Chantal et Yvette N., en abusant de leur vulnérabilité et de
leur situation de dépendance, à des conditions de travail et
d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine.
Lors de la guerre de 1993-1994 , au Burundi, les parents de
Chantal et Yvette ont été assassinés. Chantal (13 ans) et Yvette
(9 ans) ont survécu aux massacres, ainsi que leur trois sœurs
cadettes (5, 3, et 2 ans). Fin 1994, leur tante, Candice
Nsamirize, et son mari, Gabriel Mpozagara, Haut Fonctionnaire à
l’Unesco, les ramènent en France où ils résident à Ville-d’Avray
(92) avec leurs sept enfants.
Chantal était la bonne de la maison,elle devait s’occuper 7
jours sur 7, 16 à 17 heures par jour, des tâches ménagères, de
l’entretien du couple et de six de leurs enfants, dont un garçon
handicapé. Elle n’avait pas le droit de sortir et son passeport
avait été confisqué, ainsi que celui de ses sœurs. Quant à
Yvette, elle devait faire plusieurs kilomètres à pied pour se
rendre au Collége de Versailles (78) où elle était scolarisée.
Elle ne pouvait pas déjeuner à la cantine et n’avait aucun
argent pour s’acheter à manger, elle a ainsi perdu dix kilos. La
situation de ces jeunes filles était connue depuis plus d’un an,
mais le statut d’immunité diplomatique de M. Mpozagara a bloqué
toutes les initiatives pour les sortir de ce calvaire. Alors que
les trois cadettes étaient placées en familles d’accueil,
Chantal et Yvette ont continué pendant des mois à dormir dans
une cave froide et humide de la maison, sans eau, se lavant et
faisant leurs besoins dans le même trou creusé dans la terre.
Chantal a même eu un poignet et le nez fracturé par l’un de ses
cousins dont elle avait refusé les avances.
Fin 1998, Yvette contacte le numéro vert d’Enfance et Partage et
décrit ses conditions de vie et celles de sa soeur. Le Comité
Contre l’Esclavage Moderne est alors saisi et le 5 janvier 1999,
Chantal s’enfuit et se réfugie avec sa sœur à Enfance et
Partage.
Pendant sept années M. Mpozagara a tenté de se soustraire à la
justice en se prévalant de son immunité diplomatique. Fuira-t-il
encore ses responsabilités le 22 janvier 2007, en ne se
présentant pas à l’audience du Tribunal Correctionnel de
Nanterre ? Son seul argument est pour une énième fois de faire
valoir une immunité diplomatique, due cette fois à sa fonction
actuelle de Conseiller du Président de la République burundaise,
pour échapper au jugement du TGI de Nanterre (92). Le 22 janvier
2007, le tribunal a estimé que M. Mpozagara ne bénéficiait pas
de l'immunité diplomatique. L'homme avait immédiatement fait
appel. Le procès, reporté plusieurs fois, était beaucoup attendu
par les victimes et les associations luttant contre les diverses
formes d’exploitation.(IJAMBO.COM)
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