LE DOSSIER MSD ET SON PRESIDENT SIDUHIJE  EMBARRASSENT  LE POUVOIR

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 28/11/2008

Il ne faut jamais minimiser son adversaire. La force des plus forts ou de ceux qui se croient forts est en réalité leur faiblesse. Tout pouvoir dictatorial organise son déclin au moment où il défend par force et injustice sa survie. Depuis la création du parti MSD, le pouvoir fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. Toutes les décisions se prennent au niveau du parti CNDD-FDD. Le pouvoir refuse de l'agréer du fait que son nom comportait la sécurité en oubliant que le CNDD-FDD comporte défense du domaine de l'armée. Aujourd'hui, le parti MSD a remplacé Sécurité par Solidarité mais le ministre de l'intérieur n'a pas encore reçu la permission du Président de la République et du CNDD-FDD pour agréer ce parti.

Les magistrats récusés par Alexis Sinduhije lors de son procès

Ce vendredi 28 novembre 2008, le président du MSD Alexis Sinduhije a comparu devant des magistrats pour le juger. Sinduhije et ses avocats ont récusé les juges pour deux raisons principales. Le magistrat Louis Shugwe a été récusé parce qu'il est membre du CNDD-FDD et qu'il participe  aux réunions de ce parti. Comme l'arrestation de Sinduhije a été commanditée par le président du CNDD-FDD au pouvoir, Sinduhije ne pouvait pas être jugé par un membre de ce parti.

Les magistrats Christophe Nsengiyumva et Lambert Irambona ont été récusés du fait qu'ils n'ont pas de compétences requises pour juger. En effet, l'article 4 du statut des magistrats, selon ses avocats, stipule que les magistrats au tribunal de grande instance doivent avoir un diplôme de licence ou une formation spécialisée. Or, les 3 magistrats, y compris Shugwe, n'ont pas cette qualification. Le pouvoir voulait que Sinduhije soit jugé par des magistrats à la solde du pouvoir.

Des combattants du MSD et de l'UPD introuvables dans la Kibira

Ces derniers jours, le pouvoir, à travers les services de renseignement, a téléguidé des fausses déclarations des citoyens qui véhiculaient des rumeurs affirmant que Sinduhije et le parti UPD, proche de Radjabu, ont des combattants dans la forêt de la Kibira. Ces rumeurs voulaient faire accréditer la thèse d'une autre infraction à mettre sur le dos de Sinduhije, du fait que son dossier est vide, il fallait trouver un autre.

L'armée burundaise, ayant gardé sa neutralité dans les querelles politiciennes, a voulu lever l'équivoque pour donner sa version des faits. Elle a organisé une fouille de la Kibira, à l'endroit désigné et ses alentours, pour constater et chasser ces combattants de la Kibira. Contrairement aux affirmations d'un des responsables du FNL Palipehutu, l'armée a averti le FNL Palipehutu de cette fouille pour éviter des accrochages avec ce mouvement. Au niveau militaire, la coordination s'est bien passée.

De cette fouille de la Kibira est sortie la vérité, aucun combattant du MSD ou de l'UPD n'a été trouvé. Les rumeurs n'avaient de fondement que dans les services qui les avaient organisées.

Décidément le pouvoir ne voit que l'ombre d'Alexis Sinduhije partout. Il est en prison et il est en même temps dans la forêt de  Kibira. Jérémie Ngendakumana, président du CNDD-FDD devait plutôt prendre son temps à organiser son départ ou préparer son départ avec les commissions récoltées pour faire passer des dossiers d'affaires. Les pratiques ont changé, celui qui veut aider le parti en échange des faveurs pour tel ou tel marché doit préparer deux enveloppes, une pour Jérémie Ngendakumana et une autre pour le parti CNDD-FDD.