NKURUNZIZA ET LA DERNIERE TENTATION DE MANIPULATION DU MSD A KAMPALA

 Burundi news, le 21/03/2015

Par Gratien Rukindikiza

En politique, le fait d'être têtu est à la mode en Afrique car quitter le pouvoir est synonyme de  mort politique, voire de mort tout court pour plusieurs chefs d'Etat. Se battre pour rester au pouvoir est l'ultime combat pour eux. Ils préfèrent y laisser leur vie plutôt que de rater le maintien au pouvoir à vie. Un ami me disait qu'il n' y a pas de boulot plus difficile que celui du Président. Comment peut-on s'obstiner à rester au pouvoir même quand on a échoué? Même le général De Gaulle a quitté le pouvoir au lieu de rester sans rien apporter au peuple. L'histoire lui a donné raison car il est revenu au pouvoir. Dommage pour Nkurunziza, il sera vite oublié s'il a la chance d'éviter la chambre voisine de Bagbo.

La visite du Président Kikwete a assommé le patient Nkurunziza

La visite du Président Kikwete était très attendue à Bujumbura. Les partisans du troisième mandat de Nkurunziza attendaient un soutien du Président tanzanien. C'est le seul Président de l'East Africa qui soutenait encore Nkurunziza. Après le niet des autres Présidents de l'East Africa sur le sujet du troisième mandat, le Président Kikwete pouvait apporter le réconfort qui manque à notre cher Président Nkurunziza. Ceci dit en passant, pour ceux qui l'aiment, il faut lui apporter un soutien moral, car il serait dans un état difficile.

Pour les opposants au troisième mandat, le Président Kikwete devait apporter le dernier tir de barrage du mortier 120 mm qui devait bloquer la progression des deux    compagnies  de Nkurunziza qui progressent dont celle du  flanc Est sanguinaire commandé par l'imbonerakure général Adolphe Nshimirimana et celle du flanc Ouest  corrompu commandée par  le général Bunyoni.

Le Président tanzanien était porteur de deux messages, celui  de la France et celui des Etats Unis. Ces messages étaient comme des avertissements personnalisés. Pour les Français, le revirement a été brutal. Depuis une semaine, la France est opposée au troisième mandat. Pire encore pour Nkurunziza, s'il tue des manifestants, la France fera tout pour qu'il soit traduit devant la Cour Pénale Internationale. Le message est clair. Pour les Américains, il s'agissait d'un avertissement clair. Ils ont parrainé les accords d'Arusha. Si Nkurunziza ne veut pas les respecter, il appartiendra au parrain de faire respecter ces accords.

La Tanzanie n'entend pas voir violer  les accords signés sur son territoire. Le Président Nkurunziza a perdu la dernière carte internationale qui lui manquait. Ah, une idée, cher Nkurunziza, pourquoi avez-vous oublié d'aller demander le soutien du  plus grand dictateur africain qui mange la viande de lion et d'éléphant le jour de son anniversaire? J'ai nommé le Président Mugabe et en plus il est le Président en exercice de l'Union africaine. Il pourrait aussi vous donner une idée car il veut imposer aux Zimbabwéens sa femme comme Présidente.

La tentation de Kampala ou la manipulation avortée du MSD pour le soutien du troisième mandat

Acculé par les siens, le Président Nkurunziza ne sait plus par quel saint se vouer pour avoir son troisième mandat. Après la visite du Président Kikwete, le trio a fait une réunion le vendredi passé pour étudier la question de son troisième mandat. Nkurunziza a même évoqué son départ s'il gêne. Il était question d'informer les "sous lieutenants " du trio d'une mission envoyée à Kampala.

Avant de jeter l'éponge, Nkurunziza, Adolphe et Bunyoni ont envoyé à Kampala les derniers caporaux qui restent dans le bataillon à savoir le fameux Gihahe et le sénateur Ndikuriyo Révérien. Une mission : Rencontrer le président du MSD Alexis Sinduhije et lui demander une reconnaissance du droit au 3 è mandat du Président Nkurunziza.

Burundinews a contacté Alexis Sinduhije pour savoir  ce qui était prévu et le non dit de cette mission. Tout d'abord, le président du MSD ne s'est pas rendu au rendez -vous pour plusieurs raisons. Nkurunziza est en fin de mandat et ne peut pas être candidat. En plus il y a un cadre de dialogue des partis politiques, donc le président du MSD ne pouvait pas négocier avec le pouvoir sans un cahier des charges de l'opposition. Deuxio, un président d'un parti rencontre un autre président d'un parti. Il ne peut pas discuter avec des députés ou sénateurs pour la simple raison qu'ils sont des derniers fidèles du Président. Tertio, selon certaines informations, la rencontre pouvait être un piège pour le président du MSD.

Le Président Nkurunziza voulait au président du MSD de ne pas s'opposer au 3 è mandat et en contrepartie, Nkurunziza s'engageait à libérer les prisonniers politiques du MSD et laisser rentrer Alexis Sinduhije. Incompréhensible, personne ne savait que c'est Nkurunziza qui rend les jugements. Cela signifie qu'ils sont en prison pour d'autres raisons que la manifestation. Quant à laisser rentrer Alexis Sinduhije, Nkurunziza a complètement perdu la tête. Aucune personne ne peut empêcher un homme ou une femme de rentrer chez soi.

La rencontre a avorté et elle n'aura jamais lieu. Nkurunziza peut chasser sur d'autres terres.

Que faire?

Ainsi Lénine  titrait son livre avant la révolution russe. Pour Nkurunziza, le dilemme du prisonnier Nkurunziza n'est pas difficile à résoudre. On considère que la  Présidence est une prison et qu'il a perdu les clefs pour sortir. Il est demandé à tut Burundais qui aurait trouvé la clef pour ouvrir la porte de sortie de Nkurunziza de l'apporter.

Entre temps, Nkurunziza ne dort plus et voici les interrogations qui le hantent : Comment puis-je briguer un troisième mandat malgré l'opposition du monde et des Burundais? Comment puis-je m'en sortir de cette prison sans essuyer des plâtres? Comment placer mon homme qui me laissera gouverner dans l'ombre alors que les cadres du parti risque de proposer une autre personne? Dois-je mourir juste après ma déclaration de candidature, lynché par le peuple lors d'une manifestation suivie de putsch ou tout simplement un suicide?

Selon des sources dignes de foi, briguer un troisième mandat est une histoire du passé. Cependant, Nkurunziza ne sait plus comment annoncer son départ.