LE JEU TROUBLE  DU PRESIDENT OUGANDAIS DANS LE DOSSIER BURUNDAIS

Burundi news, le 13/11/2015

Le conseil de sécurité de l'ONU vient de voter une résolution sur le Burundi. Le pouvoir de Nkurunziza est sommé de négocier avec l'opposition. Un envoyé spécial sera envoyé au Burundi. Tout sera mis en place pour éviter un génocide y compris l'envoi d'une force internationale. Les sanctions ont été évitées à la suite de l'opposition de la Russie,  de la Chine et le groupe Afrique (Nigéria, Tchad et Angola).

Qu'est-ce qui se passe dans la sous -région? Et le médiateur?

Une force d'intervention qui aurait sauvé Nkurunziza

Beaucoup de Burundais souhaitent une force internationale pour les sauver tout en espérant que les miliciens Imbonerakure soient désarmés et que cette force pousse Nkurunziza à quitter le pouvoir. Il y a des rêves et des réalités.

Quand l'Union Africaine a évoqué un envoi d'une force militaire au Burundi, Nkurunziza a négocié secrètement sa force qui devait intervenir. Il a négocié parmi ses amis. C'est ainsi qu'il a décroché un contingent angolais et un contingent tanzanien. A noter que ce sont deux pays qui le soutiennent le plus en Afrique. En plus, ce sont des pays ennemis au Rwanda. Le fait de négocier l'envoi des militaires angolais et tanzaniens était aussi une façon d'encercler le Rwanda qui est accusé de tous les maux alors que ce pays qui supporte le poids d'une centaine de milliers de réfugiés burundais.

Si Nkurunziza obtenait l'envoi de ces troupes, il aurait eu la garantie de se maintenir au pouvoir. Il pourrait aussi provoquer le Rwanda pour l'entraîner dans une guerre sous régionale car la Tanzanie et l'Angola seraient alors impliqués du côté de Nkurunziza.

La Tanzanie et l'Angola s'apprêtaient à envoyer cette force et ils ont manqué l'aval de l'Union Africaine qui y a vu un piège tendu par Nkurunziza avec la complicité de la Tanzanie et de l'Angola. Les deux pays n'enverront pas de troupes au Burundi. S'il y a envoi de troupes, l'Angola, la Tanzanie et le Rwanda ne pourront pas envoyer des troupes. Il restera l'Ouganda, Kenya et Ethiopie, éventuellement le Malawi aussi.

Museveni dans les draps de Nkurunziza

Nkurunziza a beaucoup d'intérêts avec le Président Museveni. Rappelez-vous des dossiers des cahiers ougandais, de Falcon 50 etc... Il y a la grande main ougandaise dans ces détournements. Comment est-ce que l'opposition burundaise a pu accepter Museveni en tant que médiateur burundais?

Dans les faits, le Président Museveni est devenu un grand ami à Nkurunziza. Un accord entre Nkurunziza et Museveni est déjà scellé. Le Président Museveni s'est convenu avec Nkurunziza de commencer le dialogue interne avec le CNDI, un machin fabriqué par Nkurunziza. Pour maquiller le faux dialogue, Museveni lui a promis l'envoi de son ministre de la défense Kiyonga pour suivre un dialogue en Kirundi entre les membres du CNDD-FDD, les Upronistes de Concilie, les centaines de militants qui restent encore derrière Rwasa. Dans cet accord secret, il est prévu que le groupe désigné par Nkurunziza pour le dialogue interne soit envoyé dans plusieurs pays accompagnés par le ministre ougandais de la défense afin de rencontrer les opposants. Une véritable comédie.

Cet accord sert à saboter les négociations qui doivent être conduites par le même Président Museveni. En réalité, Museveni est en train de scier l'arbre sur lequel il est assis. Le Président Museveni a déjà "tué" les vraies négociations burundaises. A travers le comportement indigne de son ministre de la défense au moment où Sezibera était frappé et empêché d'entrer au Sénat, Museveni a démontré qu'il roule pour Nkurunziza. Le ministre ougandais n'aurait pas accepté la participation à une réunion après cet incident et le refus de la participation du secrétaire général de l'East Africa Community. Quelle solidarité entre les pays de l'East Africa Community?

Impossibilité politique de conduire la médiation

Le Président ougandais entre dans une campagne électorale et devra se consacrer à ses élections. Déjà, la campagne électorale ougandaise ne commence pas dans une bonne ambiance. Les opposants n'ont pas la vie facile en Ouganda. Museveni se présente pour un N è mandat. Il est le moins indiqué dans la sous -région pour conduire une médiation concernant quelqu'un qui s'est arrogé un troisième mandat contre l'avis de son peuple.

La médiation de Museveni peut se bloquer si Museveni perdait les élections par exemple ou s'il trichait les élections. Il n'est pas exclu qu'une guerre civile puisse arriver en Ouganda après les élections. Est-ce que Museveni sera toujours un médiateur en cas de trouble en Ouganda? Ne faut-il pas anticiper et confier les négociations au Président kenyan avec lieu de négociations à Addis- abeba?

Demander de changer de médiateur n'est pas un manque de respect de la part de l'opposition mais une volonté de l'efficacité. Un médiateur n'est pas un juge. Il est proche de la notion d'arbitre dans l'arbitrage judiciaire. Or, un arbitre est accepté par les deux parties. Si une partie a un moindre doute sur l'impartialité de l'arbitre ou même de son indisponibilité ou capacité à mener correctement sa tâche, elle a le droit de le changer.

La médiation du Président Museveni est déjà morte. Rien ne servira de s'accrocher sur un train qui ne quittera pas la gare de départ.

Le général Ndayishimiye, alias Never, autoridiculisé devant le Président nigérian

En attendant, Nkurunziza envoie des émissaires en Afrique pour expliquer sa logique. Le général Never est parti voir le Président Nigérian Buhari. Fier de lui, Never a exposé la théorie du CNDD-FDD. Nkurunziza est un homme bien, disait-il. "Il ne faut pas suivre les médias et cette communauté internationale qui nous salit sous l'influence des anciens colons belges". Le Président Buhari l'a écouté et lui a dit ceci : "Mon frère, je suis plus âgé que toi. Je sais qui fait du bien à son peuple ou pas. Va dire à ton chef que c'est lui le fauteur de trouble. Il est le seul responsable du malheur de son peuple et non vos anciens colons. Je te demande transmettre ce message".

Est-ce que Never a osé transmettre ce message? Bien sûr que non. Le général qui pleure plus que les femmes a pleuré plusieurs fois sans oser entrer voir Nkurunziza pour le lui dire. Bon, courage Never! Ce n'est pas grave, Burundinews joue le rôle et le lecteur assidu de Burundinews en la personne de Nkurunziza aura le message du Président Buhari.