INCROYABLE MAIS VRAI, LE PRESIDENT BURUNDAIS NE SERA PAS A

L’ ENTERREMENT DE SON MINISTRE DE L’ INTERIEUR

 

Par Gratien Rukindikiza

 

Burundi news, le 25 /03/2005

Le Burundi vient de perdre un sage, un homme d’Etat, intègre parmi les intègres. Son honnêteté le poussait même à avertir son parti CNDD-FDD en cas de violation de loi. C’est notamment l’avertissement concernant les meetings de son parti. Siméon  Nyandwi est mort le 22 mars 2005 comme nous l’avons annoncé. Le Mzee nous a quitté et le peuple pleure encore sa mort. Les messages de condoléances sont à la hauteur de la perte du pays. Le FPR a envoyé un message touchant à Pierre Nkurunziza, président du parti CNDD-FDD. La Chine a transmis aussi un message de sympathie et de condoléance.

Depuis le  22 mars 2005, le Président Ndayizeye est  en mission en Belgique. Ce voyage suscite des interrogations. Certains observateurs burundais affirment qu’il a rencontré l’ancien Président Buyoya qui a séjourné à Bruxelles au même moment. La teneur de leur entretien est un secret. Le procès de Kassy Malan ou la stratégie à adopter pour garder le pouvoir ?

Dans l’histoire des pays, jamais un Président n’avait continué son voyage à la mort de son ministre. Jamais un ministre n’avait été enterré sans la présence du Président de la République sauf en cas de maladie grave. Le Président Ndayizeye a jugé bon de continuer sa visite en Belgique où il encaisse les remarques du gouvernement belge sur son organisation calamiteuse des élections. La mort du ministre de l’intérieur est un non- événement pour le Président. Les burundais sont en deuil, sauf le Président. C’est un véritable scandale. Le Burundi est devenu la risée du monde entier. Le Président Tanzanien vient d’écourter sa visite à la suite de la mort de l’ancien ministre des affaires étrangères de la Tanzanie Hassan Diriya.

J’avais déjà écrit sur certains dirigeants qui aiment leurs poches plus que le peuple. Tout le monde sait que les frais de mission sont une source d’enrichissement personnel. Pourquoi ne pas penser que le mobile de ce refus d’écourter la visite n’est pas lié à ces frais de mission. C’est une véritable honte !

Dans les pays démocratiques, le Président Ndayizeye devrait démissionner. Il ternit l’image du Burundi à l’étranger au moment où le Burundi doit redorer son blason. Il est difficilement concevable de parler de  la réconciliation, de  la cohésion nationale au moment où un ministre est enterré en l’absence du Président de la République.

Le peuple avait besoin de la présence du Président. Personne ne peut expliquer que les intérêts et l’honneur du pays étaient en Belgique le jour de l’enterrement du ministre de l’intérieur. Comment pouvons-nous demander aux autres nations de respecter le Burundi au moment où on ne se fait pas respecter par les actes ?

La cerise sur la gâteau ou je dirai même sous le gâteau, le Président du Parlement Minani, président du Frodebu va quitter le Burundi pour un voyage  à l’étranger avant l’enterrement. Il n’assistera pas alors à l’enterrement du ministre de l’intérieur. En général, en cas de décès dans une famille, tous les rendez-vous à l’extérieur ou loin du domicile sont annulés. Or, les déplacements de deux personnalités les plus importantes du pays ne tiennent pas compte de la gravité de l’événement. Le ministre des affaires étrangères est en visite à Cuba, donc un troisième absent à l’enterrement du ministre de l’intérieur.

L’ambassadeur du Burundi en Belgique demande aux burundais de Benelux de venir rencontrer le Président Ndayizeye ce samedi à 15 heures. Je pense que les burundais sont dans une période de recueillement pendant ce moment difficile. Est-il le moment de polémiquer sur la politique ?

Espérons tout simplement que les élections se fassent rapidement afin que la nation burundaise ait son chef élu, responsable devant le peuple qui l’aura mandaté.

Je termine cet article en adressant mes condoléances les plus attristées à la famille du défunt, mon  soutien aussi à ses camarades de lutte et à tous ses amis. Simon Nyandwi, son nom sera marqué dans l’histoire du pays.