LES NEGOCIATIONS, QUELLES NEGOCIATIONS ?

 Burundi news, le 07/12/2015

Par Gratien Rukindikiza

L'insécurité burundaise générée par le forcing de Nkurunziza pour un troisième mandat  fait rage au Burundi. Personne n'est épargnée. Même ceux qui sont au pouvoir sont dans la panique totale. Il suffit de voir Bunyoni bloquer des avenues pour qu'il puisse se rendre dans un magasin. La situation est telle que personne ne souhaite une stabilité dans une insécurité. Les négociations s'imposent pour retrouver la paix. Mais quelles négociations? Les négociations sont comme un jeu d'échec. Chacun cache le jeu à son adversaire. Celui qui arrive à anticiper et à bien ruser est souvent le gagnant.

Kampala, le faux pas du CNARED et la bonne carte de Nkurunziza

L'opposition regroupée au sein du CNARED croit dur comme du fer aux négociations prévues à Kampala. Le Président Museveni est occupé avec sa campagne électorale. Il est tenu par plusieurs dossiers liés au Burundi notamment les cahiers ougandais. Selon des sources poches de Bunyoni, le Président ougandais aurait accepté de faire la liste des invités avec le groupe de Nkurunziza y compris la liste de ceux sensés représenter l'opposition. Il va de soi que l'opposition sera représentée par Concilie Nibigira, Mutabazi et la société civile par Kazihise de CSO, une organisation proche du DD-FDD. Quelques individus seront ajoutés pour juste doser. Le CNARED serait surpris s'il n'était pas invité; ce qui est très probable. Nkurunziza pourrait alors dialoguer à Kampala sans aucun enjeu juste pour contenter la communauté internationale.

Il n'est pas exclu que le CNARED soit invité mais en minorité pour qu'il ne pèse pas. Il peut continuer à croire aux bonnes paroles entendues à Kampala lors de la dernière tournée.

Le peuple burundais a beaucoup d'espoir dans ces négociations. Pour négocier il faut se donner les moyens. Le camp Nkurunziza s'active. L'opposition donne l'impression d'avoir gagné lors des négociations. La flamme est retombée. Elle donne l'impression qu'elle est en hibernation. On peut s'activer pour avoir des postes dans des organisations, encore faut-il travailler.

Nkurunziza n'aura pas assez de pression à Kampala. Burundinews l'a déjà dit, Kampala profitera à Nkurunziza. L'opposition aurait dû demander Addis-Abeba.

Des fois, il faut se poser les bonnes questions. Pour bien négocier, il faut connaître les différentes pressions sur l'adversaire qui le poussent à céder. Pourquoi Buyoya a -t-il accepté les négociations d'Arusha? Est-ce que l'opposition actuelle a les atouts pour faire fléchir Nkurunziza?

Le peuple burundais est fatigué

Un ami me demandait la démarche de l'opposition par rapport aux tueries, à part les communiqués. Je n'ai pas eu de réponse. Chaque jour, il y a des dizaines de morts. Les Burundais ont cru que le CNARED avait une solution magique toute faite. De plus en plus, il va de soi que la stratégie du CNARED tient difficilement par rapport à la barbarie de Nkurunziza. Le temps joue contre cette opposition. Pendant les manifestations, c'est la société civile qui organisait les manifestants. Aujourd'hui, pendant l'insécurité, l'opposition est muette. Demain, elle ira demander des voix. Aucun mot d'ordre pour le peuple. Une rébellion naît dans le pays. La répression est aveugle. Le pouvoir s'en prend aux jeunes. Les radios ont été brûlées et leurs dirigeants sont recherchés, une façon de faire taire complètement les médias même à l'étranger. C'est un silence  radio au pays au moment où les cadavres sont ramassés tous les jours. La grande question au Burundi est celle de savoir, qui sauvera les Burundais. La communauté internationale met le paquet mais elle exclut l'envoi d'une force internationale pour faire régner l'ordre.

Les négociations en soi

Quelqu'un disait que dans un pays il y a deux composantes à savoir le peuple et les politiciens. Les politiciens se servent du peuple qu'ils divisent pour défendre les intérêts des manipulateurs. Le peuple s'entretue au lieu de s'unir et d'ignorer les politiciens qui le sollicitent quand leurs intérêts sont menacés.

Souvent, les négociations se font entre les gros poissons. Ils se partagent les postes. On parle des accords d'Arusha. En quoi les accords d'Arusha ont-ils prévu l'amélioration du bien être du paysan de Muyebe? Demain, il y aura des négociations. A part le départ de Nkurunziza et le partage des postes de la transition, est-ce qu'il y aura des négociations sur la mise en place d'une véritable carte d'assurance maladie qui ne met pas en danger les hôpitaux? Sera-t-il question aussi de la mise en place d'un véritable contrôle du mécanisme infaillible contre la corruption? Le soutien à l'agriculture? Je pense que non.

Le Président béninois, mandaté par l'Union africaine, vient de se voir refuser l'autorisation d'atterrir à Bujumbura car Nkurunziza prétexte un manque de temps. Nkurunziza vient de montrer que son arrogance n'a pas de limite. Jusqu'où ira Nkurunziza?