LE GENERAL NIYOYANKANA, EST- IL L’ HOMME DE L’ ANNEE  2004 AU BURUNDI ?

Par Gratien Rukindikiza 

Dans l’histoire, il y a des hommes et des femmes qui accomplissent leurs missions à l’abri des regards mais qui méritent une certaine reconnaissance de la part d’un peuple. Ce sont souvent des hommes et des  femmes  qui ne cherchent pas le pouvoir,  qui accomplissent leurs devoirs en pensant surtout à la nation, au peuple et non à leur ethnie ou région. Certains ne seront jamais connus, d’autres le seront.

Le Burundi a souvent manqué de personnes qu’il fallait,  à la place qu’il fallait et au moment qu’il fallait. Ces hommes ont surtout manqué dans l’armée toute puissante qui avait le pouvoir de faire et défaire des Présidents. Une partie de celle –là  n’a même pas hésité à tuer un Président élu démocratiquement. Qu’on le veuille ou non, l’histoire du Burundi sera faite ou a été faite en partie par l’armée dans le bien et dans le mal jusqu’à la démocratie parfaite.

Le Général Major Niyoyankana a été nommé au poste de chef d’Etat Major par l’ancien Président Buyoya qui voulait calmer la troupe et les officiers au bord de la révolte. Il a voulu guérir le mal par le mal. Niyoyankana était parmi les mécontents de l’Armée burundaise. Il faisait partie des officiers qui trouvaient que l’Armée était dirigée par des incapables, qui n’hésitaient pas à envoyer au Congo des bataillons sans logistique alors qu’ils mettaient plein les poches l’argent de ravitaillement. Niyoyankana en a fait les frais au Congo. Son coup de gueule à la suite d’un incident au Congo lui avait fait piétiner au grade de colonel alors que les autres commandants de région étaient des Généraux. Pour devenir commandant de région, seules ses qualités incontournables de combattant ses atouts. Il était envoyé souvent dans des zones où la guerre faisait rage. Il a échappé de justesse à la mort à Makamba quand sa jeep a sauté sur une mine.

En nommant le colonel Niyoyankana au poste de chef d’Etat major (Il est devenu Général Major après sa nomination), l’ancien Président Buyoya a rendu un grand service au Burundi sans le savoir. Niyoyankana est l’opposé de son prédécesseur Général Major Niyungeko, devenu ministre de la défense. Niyoyankana ne fume pas, il ne boit pas et il est très intègre et populaire dans l’armée. Niyungeko fume,  boit en peu trop et je n’en dirai pas plus, il est aussi partisan du G10 et concentre autour de lui la haine des officiers et des hommes de troupes. Les deux hommes sont opposés sur la gestion même de l’Armée. Le dernier exemple est celui des mutations des officiers faites par le ministre de la défense.

C’est le deuxième chef d’Etat Major intègre qui occupe ce poste après le colonel Ndakazi, mort mystérieusement dans un « accident » d’hélicoptère. Les mauvaises langues disaient qu’il préparait un coup d’Etat contre Buyoya. Il a subi le même sort que l’ancien ministre de la défense « Kagajo ». Même motif, même punition !

Le Général Major Niyoyankana est un homme de guerre. Il a par ailleurs su démonter aussi que c’est un homme de paix et de  cohésion nationale. Il a pu amortir le choc de l’Armée par rapport à la cohabitation avec les anciens rebelles. Sa collaboration sans faille avec le Général de Brigade Nshimirimana, ancien chef d’Etat Major des FDD a démontré que les militaires sont en avance par rapport aux politiciens. Le calme dans l’armée a permis à certains politiciens de ne pas brandir l’Armée pour menacer un autre groupe politique. D’habitude, le Président civil et surtout hutu a peur de cette Armée. Le Président Ndadaye  a payé de sa vie pour avoir sous estimé le pouvoir nocif de l’Armée quand elle est dirigée par des hommes divisionnistes.

Le Général Major Niyoyankana a marqué l’histoire du Burundi. Il a su rassurer les hutu et les tutsi, les officiers du Nord, Sud, Est et Ouest et Centre. Je crois sincèrement que la réconciliation n’est pas à chanter dans les églises seulement, elle se vit sur le terrain.

Cet officier est devenu l’homme de l’année 2004 au Burundi. Si le Burundi décernait des médailles pour patriotisme, il serait injuste de ne pas lui en décerner une.  Il n’est pas dans mes habitudes de glorifier une personnalité politique ou militaire. Toutefois, quand l’estime d’une personne prend le dessus des habitudes, la raison  finit par triompher.  Je ne vois aucun inconvénient de féliciter un homme qui le mérite.

Sa confirmation au poste de chef d’Etat Major des Forces de Défense Nationale (FDN) est aussi une reconnaissance de ses mérites. Si cet officier servait d’exemple aux politiciens, le pays serait sauvé.