ET SI LE LIEUTENANT GENERAL NIYOYANKANA  AVAIT RAISON ?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 04 août 2007

Les traités et les conventions engagent les peuples. Les accords internationaux signés par un gouvernement doivent être respectés par les gouvernements successifs tant qu'ils ne sont pas dénoncés officiellement. Dans le cadre de régler des conflits internes, certains peuples adoptent des pactes de respect mutuel et de partage de pouvoir. Les peuples sont représentés par les dirigeants des partis politiques ou par leurs élus. Ces pactes engagent non seulement le pouvoir en place mais aussi les générations futures. L'accord d'Arusha représente un engagement fort pour le peuple burundais. Cet accord a été le résultat des années de négociations entre les Burundais  sous la supervision de la communauté internationale. Il a été signé en présence de plusieurs chefs d'Etat de la sous-région et du Président américain de ce moment Bill Clinton.

L'accord d'Arusha stipulait que les forces armées seraient rééquilibrées en fonction des composantes ethniques et régionales. Il revenait au pouvoir en place de respecter cet accord. L'intégration des anciens FDD et autres anciens mouvements rebelles  dans l'armée et dans la police s'est faite dans le respect de cet accord en raison de 50% de hutu et de 50% de tutsi. Des militaires des anciens FAB ont été démobilisés pour respecter ces quotas. Ce respect n'a pas soulevé de protestations.

Après avoir formé la nouvelle armée des FDN avec beaucoup de succès, le maintien des quotas surtout au niveau des officiers devient une suite logique de cet accord. L'armée burundaise est aujourd'hui le résultat du processus de réconciliation et même de la démocratie qui a le plus réussi. Au niveau international, la communauté internationale apprécie la cohésion et le comportement républicain de l'armée face à la guéguerre des politiciens. Cette armée est le fruit d'un travail très louable du général Niyoyankana, actuel ministre de la défense et du général Adolphe Nshimirimana, actuel chef de la Documentation Nationale. L'histoire retiendra qu'ils ont réussi là où les autres pays ont échoué.

L'actualité burundaise et les nouvelles dans les bistrots de Bujumbura sont dominées par la récente inscription des candidats officiers à l'ISCAM (Institut supérieur des cadres militaires). Paradoxalement, les gagnants du concours d'entrée venaient en majorité de Bururi et de Mwaro, provinces qui ont beaucoup d'officiers tutsi à l'Armée. Dans le cadre de respect de ces quotas, il y a eu deux autres critères de choix à savoir l'ethnie et les régions. Les hutu ont été privilégiés et les autres régions en dehors de Bururi, Mwaro et Bujumbura rural.

Le ministre de la défense, le Lieutenant général Niyoyankana, a été critiqué en lui imputant le tort de ces critères. Ceux qui critiquent la façon de faire de l'armée dans le recrutement à l'ISCAM n'ont pas levé le petit doigt pour dénoncer les accords d'Arusha. Le ministre de la défense n'était pas à Arusha et les partis politiques présents ne représentaient pas l'armée. Les représentants des partis politiques  ont signé des conventions et ils se retrouvent aujourd'hui à critiquer la mise en application de leurs accords.

Aujourd'hui, le parlement est bloqué en raison du non respect de la constitution par le Président de la République. Le non respect de la constitution par le Président a été dénoncé même par le président du Sénat dans sa lettre adressée au Président de la République. Faut-il alors critiquer celui qui respecte l'accord d'Arusha et aussi la constitution burundaise? Voici les articles de la constitution qui sont à la base, en plus de l'accord d'Arusha. 

Article 257

Les Corps de défense et de sécurité sont ouverts sans discrimination à tous les citoyens burundais désireux d’en faire partie. Leur organisation est basée sur le volontariat et le professionnalisme. 

Pendant une période à déterminer par le Sénat, les Corps de défense et de sécurité ne comptent pas plus de 50 % de membres appartenant à un groupe ethnique particulier, compte tenu de la nécessité d’assurer l’équilibre ethnique et de prévenir les actes de génocide et les coups d’Etat.

Article 258

La correction des déséquilibres au sein des Corps de défense et de sécurité est abordée progressivement dans un esprit de réconciliation et de confiance afin de sécuriser tous les burundais.

Le général Niyoyankana a fait son devoir.  Il n'est pas politicien. Si les politiciens ou les Burundais jugent qu'il faut sortir de l'esprit d'Arusha, il faudra un référendum populaire pour changer les textes. Je suis convaincu que Niyoyankana suivra la nouvelle orientation.

L'armée est aujourd'hui le dernier rempart de la démocratie au Burundi. La démocratie burundaise tient aujourd'hui car elle dispose de deux atouts :  La cohésion de l'Armée et la ténacité de de la société civile.