LE JOURNAL DU CNDD-FDD RECONNAIT LA FAIBLESSE DES PREUVES DU PUTSCH ET L’EXISTENCE D’UNE MILICE

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 21 novembre 2006

Comme une épée de Damoclès, ce faux putsch est une véritable échine dans le pied du  pouvoir. Tout a commencé comme un jeu d’enfants. Les preuves étaient « disponibles » pour que la justice condamne ces faux putschistes.

De Bruxelles, Radjabu, président du CNDD-FDD, avait rassuré les hauts cadres de ce parti qu’il détenait des preuves tangibles. Rassurés, les cadres de ce parti soutenaient l’hypothèse d’un putsch. Au fur et à mesure que le temps passait les preuves faisaient défaut. Pour calmer les sceptiques, les cadres du parti au pouvoir ont écouté une cassette de la fameuse conversation entre le commandant Rudadi et Mugabarabona. Ceux qui l’avaient écoutée m’avaient assuré que les voix sont bien reconnues de Rudadi et Mugabarabona.

Les différents émissaires de la communauté internationale venus pour s’informer sur l’existence des preuves n’ont pas été satisfaits. Le pouvoir était gêné et est devenu otage des faux putschistes. Pour s’en sortir, toutes les voies ont été explorées mais il a manqué des cerveaux. La manipulation du commandant Rudadi n’a pas donné grand-chose d’autant plus qu’il a blanchi au cours de sa conférence de presse à l’ISCAM les faux putschistes. Ndayishimiye, alias Maconco a révélé à ses codétenus qu’il a eu une promesse de 100 millions de francs bu pour accuser Kadege.

Au sein du CNDD-FDD, c’est la panique. Certains se demandent si ils n’ont pas été manipulés par Radjabu qui n’a pas encore produit les fameuses preuves.

Le procès est prévu pour ce vendredi 24 novembre 2006. Les preuves remises aux avocats des accusés font sourire. Elles ne tiendront pas à la défense. Le procès semble perdu d’avance pour le procureur général de la République. Le site du CNDD-FDD a déjà anticipé l’issue en préparant les esprits. Jean charles Nkanganyi reconnaît l’absence de preuves solides. Voici ce qu’il écrit : « Si le FNL signait la paix et s’y conformait, je suis personnellement de ceux qui apprécieraient une amnistie pour tous et aussi, si possible, une Grâce Présidentielle, y compris pour les présumés putschistes (M. Ndayizeye, M. Kadege, M. Cimpaye, M. Nyangoma, etc.), surtout si les preuves du putsch ne sont pas solides. » 

Il n’aurait pas utilisé ce langage s’il n’était sûr que les preuves ne tiennent pas debout. La justice a la mission de condamner à tout prix pour que le Président de la République gracie

les accusés. Je ne suis pas sûr que les accusés accepteront d’être graciés alors qu’ils sont innocents. Ils feront sans aucun doute appel.

Le sujet préoccupe Nkanganyi et il insiste. Ainsi, il termine son texte par cette même  phrase qui rappelle que les preuves ne sont pas solides, le si ne fait qu’amortir le choc de ses écrits. Il fait un exercice difficile mais certes militant. Il devra expliquer comment les preuves solides sont devenues moins solides avec le temps.

Nkanganyi n’a pas changé de service mais il reconnaît de plus en plus certaines vérités. J’avais écrit ceci dans un article qui dénonçait l’existence de milice : « La milice est organisée par colline et par commune avec les anciens FDD, démobilisés. Ils sont considérés officiellement comme des agents de renseignement et disposent des armes légères. Ils imposent la loi sur les collines y compris dans les cellules du parti. Tout propagandiste d’un autre parti qui ternit l’image du CNDD-FDD est dans le collimateur. »

Voici ce qu’écrit Nkanganyi dans le site du parti au pouvoir : « Au mois de Septembre 2005, la Ligue Iteka annonça au public (voici le link de l’article) qu’il y a des dizaines d’assassinats commis par le FNL contre les membres démobilisés du CNDD-FDD qui étaient pourchassés et assassinés à Bubanza. La suite des événements était prédictible : la riposte ne pouvait venir que du Service National de Renseignement pour arrêter le meurtre des civils et bien entendu les démobilisés ciblés par le FNL allaient probablement devenir des recrues potentielles, motivées et armées comme agents du SNR pour survivre dans les collines et combattre l’implantation du FNL. »

Il continue avec des propos étranges. « Si le FNL et ses alliés, qui résident parfois à Kiriri et envoient de l’argent aux FNL (vous comprenez l’animosité politique quand un politicien civil résidant à Kiriri envoie l’argent à une rébellion qui assassine les militants civils d’un autre parti politique), s’ils choisissaient de torpiller les accords de Dar-Es-Salaam, c’est évident que le SNR devra continuer son travail, recruter et armer des milliers d’agents supplémentaires sur les collines, jusqu’ à la défaite totale du FNL et de ses alliés. Le climat politique serait alors mauvais pour tout le monde et les coups bas continueraient à pleuvoir de tous les cotés ».

Le FNL et ses alliés qui  résident à Kiriri ! Depuis quand ? Je me demande s’il ne confond pas le CNDD-FDD et le FNL. Ce sont les responsables de son parti qui résident à Kiriri. Le prétexte est bon ! Ces riches de Kiriri qui envoient de l’argent au FNL sont à l’origine de l’organisation d’une milice ayant la casquette de la Documentation ! On aura tout  lu ! Pourquoi le CNDD-FDD fait-il subir au FNL ce qu’il n’a pas subi ? Ses militants étaient connus du temps de Buyoya III. Pourtant, ils n’ont pas été tués. On se rappelle que Joseph Ntakarutimana l’avait reconnu et n’était pas inquiété. Aujourd’hui, des cadavres des FNL jonchent dans Rusizi et Ruvubu.